Espionnage : Berlin et Washington jouent la carte de l'apaisement

Par latribune.fr  |   |  534  mots
Barack Obama a réitéré, hier, son désir d’apaisement avec l’Allemagne, lors d’un entretien téléphonique avec Angela Merkel, après un nouvel épisode dans l’affaire d’espionnage mené par la NSA et la CIA, qui a malmené les relations entre les Etats-Unis et l’Allemagne.

L'heure est à l'apaisement. Barack Obama et Angela Merkel se sont entretenus hier au téléphone et ont ouvert la voie à la conciliation suite à leurs démêlés dans l'affaire d'espionnage de la NSA et de la CIA. Barack Obama s'est engagé à veiller à l'amélioration de la coopération  des services de renseignement allemands et américains. Quelques jours auparavant, Angela Merkel, mettant de côté son intransigeance affichée, a insisté sur les intérêts de taille que l'Allemagne possède à l'égard des Etats-Unis.

Bref rappel des faits :

  • 2 juillet 2014 : Arrestation d'un des agents des services de renseignement allemand (BND)
  • 6 juillet 2014 : Confirmation que cet agent a agi pour le compte des Etats-Unis
  • 10 juillet 2014 : Expulsion du chef des services secrets américains d'Allemagne par le gouvernement allemand

Refonder un travail d'équipe

Lors de cet entretien, Barack Obama s'est engagé à instaurer une meilleure coopération entre les services de renseignement américains et allemands.

"Le président et la chancelière (...) ont échangé leurs points de vue sur la coopération entre services de renseignement américains et allemands et le président a dit se tenir informé des moyens d'améliorer la coopération", indique la Maison blanche dans un communiqué.

Angela Merkel avait auparavant pointé les grandes divergences quant au rôle alloué aux services de renseignement de part et d'autre. A la veille de leur entretien, Angela Merkel, avait été, par ailleurs, exhortée de toutes parts, de sévir devant le comportement  des Etats-Unis.

Intérêts diplomatiques...

Au-delà de son intransigeance face aux manœuvres d'espionnage, Angela Merkel a toutefois laissé supposer qu'elle ne souhaitait pas sacrifier sa relation avec les Etats-Unis. Elle semble plutôt vouloir favoriser la sauvegarde et l'enrichissement des liens diplomatiques avec les Etats-Unis, qui demeurent très fructueux.

Malgré leurs dissensions, les Etats-Unis restent un partenaire indispensable pour l'Allemagne. Leur entretien d'hier a ré-affirmé leur harmonie de vues sur les récents événements internationaux.  Ils ont ainsi évoqué les négociations sur le programme nucléaire iranien et le conflit ukrainien.

La Maison Blanche a notamment fait valoir que l'Allemagne était en accord avec sa demande aux Russes d'inverser la donne dans le conflit ukrainien. Washington souhaite en effet que Moscou incite les séparatistes pro-russes à déposer les armes.

"A cette date, ni les Etats-Unis ni l'Allemagne n'ont vu la Russie prendre de telles mesures"

... et économiques

Depuis les révélations d'espionnage de la première semaine de juillet, Angela Merkel a signalé qu'elle souhaitait isoler toutes retombées graves de l'affaire.

"Pour le moment, nous avons des vues divergentes quant aux pratiques des agences de renseignement" a-t-elle déclaré dans une interview avec la chaine ZDF le 12 juillet dernier. "Mais pour ce qui est des autres domaines, comme l'accord de libre-échange, ceux-ci demeurent des intérêts de taille."

De fait, l'Allemagne et les Etats-Unis  représentent à eux deux un total de 223 milliards de dollars d'échanges bilatéraux, d'opérations militaires conjointes, et de coopération entre les services de renseignements. L'Allemagne constitue également une figure de proue pour les Etats-Unis dans la mise en marche du "Grand marché transatlantique" (TTIP) avec l'Europe, à partir de 2015.