Erdogan, un "sultan moderne" à la tête de la Turquie ?

Par latribune.fr  |   |  401  mots
Ses détracteurs voient en Erdogan un "sultan moderne", réfractaire à la critique et issu de l'islam politique. Ils redoutent que son accession à la présidence n'éloigne un peu plus encore la Turquie, membre de l'Otan et candidate à l'entrée dans l'Union européenne, de l'idéal laïque de son père fondateur.
Le Premier ministre turc Recep Tayyip Erdogan est entré dans l'histoire dimanche en devenant dès le premier tour et avec près de 52% des suffrages le premier président de la République élu au suffrage universel direct.

Le Premier ministre turc Recep Tayyip Erdogan est entré dans l'histoire dimanche en devenant dès le premier tour et avec près de 52% des suffrages le premier président de la République élu au suffrage universel direct. Les résultats complets seront annoncé ce lundi, mais le président du Haut Conseil électoral a confirmé cette victoire dès le premier tour.

Le président "des 77 millions de Turcs"

A 60 ans, Recep Tayyip Erdogan, qui dirige le gouvernement islamo-conservateur depuis 2003, a promis que la Turquie allait "renaître de ses cendres". Mais celui que ses adversaires accusent de dérive autoritaire a aussi promis d'oeuvrer à la réconciliation sociale.

Un an après le mouvement de contestation de la place Taksim, et alors que des responsables de son parti et des proches ont été impliqués dans un vaste scandale de corruption, le nouvel élu, qui prêtera serment le 28 août, a promis qu'il serait "le président des 77 millions de Turcs et pas seulement de ceux qui ont voté pour (lui)".

Un "sultan moderne"

En un peu plus d'une décennie de croissance économique, Erdogan a aussi transformé la société turque et les piliers de la république laïque fondée en 1923 par Mustafa Kemal Atatürk sur les ruines de l'empire ottoman.

Ses détracteurs voient en Erdogan un "sultan moderne", réfractaire à la critique et issu de l'islam politique. Ils redoutent que son accession à la présidence n'éloigne un peu plus encore la Turquie, membre de l'Otan et candidate à l'entrée dans l'Union européenne, de l'idéal laïque de son père fondateur.

Deux mandats au moins

Erdogan, qui ne doutait pas de sa victoire, a déjà exprimé le souhait de rester à la présidence pendant deux mandats, soit au moins jusqu'en 2023, année du centième anniversaire de la république kémaliste, une date symbolique pour celui qui fait souvent référence dans ses discours à l'Empire ottoman.

Ses partisans, qui mettent notamment en avant ses réalisations économiques pour expliquer leur soutien, ont vu dans son élection annoncée le parachèvement de la campagne qu'il mène depuis son arrivée au pouvoir pour remodeler la Turquie aux dépens des élites laïques qui dominent le pays depuis la proclamation de la république.

Pour aller plus loin, lire aussi: le rêve d'Erdogan