Fed : Janet Yellen évoque un possible relèvement des taux plus tôt que prévu

Par latribune.fr  |   |  682  mots
Janet Yellen a prôné une politique "pragmatique" à la Fed, estimant que le marché de l'emploi devait être examiné de manière plus qualitative. Mais une hausse des taux plus tôt que prévu pourrait intervenir si les conditions le permettent.
La présidente de la Réserve fédérale américaine (Fed) Janet Yellen a estimé vendredi que le marché de l'emploi américain n'était pas "encore totalement remis" tout en avertissant que si les progrès s'accéléraient, une hausse des taux plus rapide interviendrait.

C'était le moment fort du symposium annuel de la Fed à Jackson Hole au x États-Unis : le discours de Janet Yellen. Lors de son allocution devant un parterre de banquiers centraux du monde réunis pour l'occasion, elle a répondu aux attentes des marchés en clarifiant la direction de la politique monétaire menée par la banque centrale américaine.

"Considérable incertitude"

Elle a tout d'abord estimé que le marché de l'emploi n'était pas "encore totalement remis" et a pointé un contexte de "considérable incertitude". Tout en évoquant une possible hausse des taux "plus tôt que prévu" si la situation de l'emploi s'améliore plus rapidement qu'attendu.

Comme a son habitude, elle a par ailleurs remis en cause les critères qui permettent d'évaluer la situation du marché de l'emploi. Selon elle, le taux de chômage, redescendu à 6,2% aux États-Unis, contre 7,3% il y a un an, "surestime" la situation réelle.

La réponse à la question de savoir si le pays est proche du plein emploi est "compliquée par des transformations en cours de la structure du marché de l'emploi et par la possibilité que la sévère récession ait provoqué des modifications durables du fonctionnement du marché du travail", a-t-elle expliqué.

Ainsi a-t-elle pointé du doigt la moindre fluidité du marché de l'emploi qu'auparavant. En ce sens, elle a plaidé une nouvelle fois pour la prise en compte de nombreux différents indicateurs allant du taux d'abandon des emplois à celui des postes à temps partiel, pour évaluer la santé du marché du travail.

Divergences au sein du FOMC

Mais Janet Yellen a aussi assuré garder un œil sur l'inflation, l'autre critère qui permet de décider de la politique monétaire, qui pourrait selon ses dire se réveiller plus rapidement que prévu.

Dans un discours un peu moins "colombe", c'est à dire qui privilégie le critère de l'emploi sur celui de l'inflation et de l'instabilité financière, qu'à son habitude, elle a ainsi répondu aux membres du comité de politique monétaire (FOMC) qui militent pour un relèvement des taux le plus tôt possible. Elle a d'ailleurs reconnu sur ce point l'existence de divergences au sein du FOMC.

La présidente de la Fed a en outre souligné "les difficultés" et "la complexité à évaluer la relation entre la marge des ressources inutilisées du marché de l'emploi et le déclenchement des tensions inflationnistes".

"Si les progrès du marché de l'emploi se poursuivent plus rapidement et que l'inflation progresse aussi plus vite (...), alors des hausses sur des taux sur les fonds fédéraux pourraient intervenir plus rapidement, et continuer plus rapidement aussi," a-t-elle conclu.

Pour l'heure, la hausse des prix est toutefois bien en dessous de l'objectif à moyen terme de 2% de la Fed (1,6%, selon l'indice PCE). Elle a par ailleurs confirmé que la sortie totale de la troisième vague d'assouplissement quantitatif (QE3) interviendrait en octobre.

Pour les marchés, la hausse est proche

Les traders ont surtout retenu les déclarations de la présidente de la Fed mettant l'accent sur la possibilité qu'une amélioration plus rapide que prévu du marché de l'emploi conduise à une accélération du calendrier de la hausse des taux de la Fed.

C'est pourquoi le dollar a gagné du terrain après l'allocution de Janet Yellen, l'euro tombant à un plus bas de quatre mois face au billet vert, sous 1,3230 dollar, tandis qu'à New York et en Europe, les Bourses réagissaient de façon globalement négative.

"Elle a passé beaucoup de temps à parler de la façon dont les choses se sont améliorées plus vite que prévu et du fait qu'il restait beaucoup d'incertitudes, mais elle a conclu en disant: 'nous allons relever (les taux) plus rapidement qu'attendu si la situation continue de s'améliorer plus rapidement qu'attendu'. Pour moi, elle ne pouvait pas dire plus clairement que nous étions un peu en trop prudents", a expliqué Brad McMillan, responsable de l'investissement chez Commonwealth Financial, à l'agence Reuters.