L'ONU appelle la coalition internationale à éliminer Daesh

Par latribune.fr  |   |  1084  mots
Les 15 membres du Conseil de l'ONU insistent sur le fait que Daesh "doit être défait" et que "l'intolérance, la violence et la haine qu'il incarne doivent être éliminées".
Le Conseil de sécurité des Nations unies a appelé à une intensification et à un élargissement des frappes aériennes des Etats-Unis et des leurs alliés contre Daech.

Le Conseil de sécurité des Nations unies a appelé vendredi à une intensification et à un élargissement des frappes aériennes des Etats-Unis et des leurs alliés contre les djihadistes de l'Etat islamique en Irak et au Levant. "Les membres du Conseil de sécurité appellent la communauté internationale, dans le respect des lois internationales, à renforcer et à étendre son soutien au gouvernement irakien, dont les forces de sécurité irakiennes, dans sa lutte contre (l'EI) et les groupes armés qui lui sont liés", disent-ils dans un communiqué.

Les 15 membres du Conseil insistent sur le fait que l'EI "doit être défait" et que "l'intolérance, la violence et la haine qu'il incarne doivent être éliminées". Ils n'évoquent cependant pas la situation en Syrie, où des raids visent également l'EI, notamment près de la ville kurde de Kobani, mais où la Russie, un des cinq membres permanents du Conseil, soutient le régime de Bachar al Assad et s'oppose à toute intervention occidentale.

Kobané, symbole de la lutte contre les Djihadistes

Sur le terrain, la coalition internationale continue de frapper les djihadistes de l'EI à Kobané en Syrie. L'aviation américaine a mené six raids aériens contre EI près de la ville kurde syrienne, près de la frontière turque, a annoncé vendredi le Commandement central (CentCom) américain. En Irak, près de Baïdji, des avions de plusieurs pays de la coalition ont également frappé des objectifs appartenant à L'EI. Près de Kobani, les raids ont visé des positions de combat, des véhicules et des bâtiments occupés par les djihadistes. Une frappe a également touché des équipements servant à stocker le pétrole près de la ville de Chadadi, dans le nord-est de la Syrie.

Devenue le symbole de la lutte contre l'EI, la cité kurde de Kobané a de nouveau été vendredi le théâtre de combats acharnés entre les forces kurdes et le groupe extrémiste sunnite. Le général Lloyd Austin, chef du Commandement militaire américain chargé de la région (Centcom), qui supervise la campagne de frappes aériennes en Irak et en Syrie, a évoqué "des signes encourageants" après la centaine de raids menée depuis fin septembre autour de cette ville située à la frontière turque.

"Nous voyons les Kurdes se battre et regagner du terrain", s'est-il félicité, tout en tempérant tout excès d'optimisme car il est encore tout à fait possible, selon lui, que la ville tombe aux mains des djihadistes. D'après un responsable sur place, Anwar Moslem, la coalition, qui a mené de nouveaux raids vendredi, "a détruit beaucoup de véhicules et des pièces d'artillerie de l'EI. On voit les corps des combattants (de l'EI) dans les rues". "Nos forces renforcent de leur côté leurs positions défensives (...) mais le danger est encore là".

L'EI disposerait de trois avions

 Dans la journée, les djihadistes, qui contrôlent la moitié de la ville, ont lancé des attaques dans l'est et près du centre de Kobané tandis que la principale milice kurde, les YPG (Unités de protection du peuple), a mené des assauts dans le sud-ouest, a indiqué l'Observatoire syrien des droits de l'Homme (OSDH). Les combats à Kobané ont fait en un mois près de 700 morts et poussé à la fuite des centaines de milliers d'habitants de la région, selon l'ONG, qui s'appuie sur un large réseau d'informateurs et de militants sur le terrain.

En raison des tireurs embusqués de l'EI, les forces kurdes n'arrivent pas à évacuer les civils bloqués à l'intérieur de la cité, selon Anwar Moslem. Mais d'après l'OSDH, un grand nombre refuse de toute façon de partir, "préférant mourir dans leur ville plutôt que de s'exiler". Prendre Kobané permettrait à l'EI, qui multiplie les exactions dans les zones sous son contrôle en Syrie et en Irak, de renforcer son emprise sur une longue bande continue de frontière syro-turque.

L'EI, qui a pris trois aéroports militaires depuis le début de l'année en Syrie, a fait voler trois avions saisis à l'armée du régime, grâce à l'aide de pilotes de l'ex-armée irakienne, d'après l'OSDH. L'ONG a par ailleurs indiqué qu'au moins 15 personnes avaient été tuées dans des raids aériens du régime syrien contre la ville rebelle de Douma, près de Damas.

l'Irak priorité de Washington

Malgré l'engagement des Etats-Unis contre l'EI en Syrie, le général Lloyd Austin a souligné que l'Irak, où les forces de sécurité ont lancé vendredi deux offensives, était la "priorité" de Washington et devait "le rester""Ce que nous faisons en ce moment en Syrie est fait avant tout pour améliorer les choses en Irak", a-t-il dit, évoquant la volonté de perturber ainsi les lignes d'approvisionnement de l'ennemi.

Appuyées par des frappes aériennes de la coalition, les forces irakiennes sont passées vendredi à l'offensive pour "libérer des zones au nord de Tikrit", une ville à 160 km au nord de Bagdad tenue par les djihadistes depuis plus de quatre mois, selon un responsable local. Les forces de sécurité ont par ailleurs attaqué les djihadistes dans trois secteurs de Ramadi, ville à l'ouest de Bagdad qu'elles contrôlent partiellement, et ont repoussé un assaut dans le nord de la cité, selon un responsable provincial. Ramadi est le chef-lieu d'une province, celle d'Al-Anbar (ouest), qui est désormais à 85 % aux mains de l'EI.

Les Etats-Unis ont exclu l'envoi de troupes au sol pour combattre les jihadistes et cherchent à renforcer l'armée et les forces kurdes en Irak, ainsi que la rébellion et les Kurdes en Syrie. Mais selon le général Austin, il faudra un certain temps avant que l'armée irakienne ne soit en mesure de mener d'importantes offensives pour reprendre le terrain perdu depuis le début de l'année.

Bagdad hors de portée de l'EI

Si la capitale irakienne est encore hors de portée des jihadistes, selon Washington, elle a néanmoins encore été frappée vendredi par trois attentats à la voiture piégée, qui ont fait 23 morts. Les 15 membres du Conseil de sécurité de l'ONU ont condamné unanimement le "cercle vicieux" des attaques perpétrées par l'EI à Bagdad et dans ses environs.

Le Canada a fait savoir que ses six avions de chasse engagés contre l'EI en Irak seraient opérationnels début novembre.