Jouez à "Super Mario" sur le site de la BCE !

Par Stanislas Jourdan  |   |  586  mots
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Sur son site, la Banque centrale européenne (BCE) vous propose de jouer à une simulation. Votre rôle ? Incarner Mario Draghi, aux commandes de la zone euro. Latribune.fr a testé. Bilan : pas facile d'être banquier central.

A l'heure où le rôle de la BCE est au coeur des débats, un outil mis au point par la Banque centrale Européenne sur son site donne à réfléchir. Quel est l'impact de la politique monétaire de Francfort ? Commment sont prises les décisions, sur quels critères ?

Objectif : maîtriser l'inflation, rien que l'inflation !

Le jeu, baptisé "?conomia", vous le fait bien comprendre : l'objectif absolu, c'est de maintenir l'inflation en dessous de la barre des 2%. Et quand bien même les indicateurs tels que le PIB et le chômage sont également dans le tableau de bord, inutile de s'acharner à préserver la santé de ces indicateurs si vous ne voulez pas sacrifier votre objectif principal. La phobie de l'inflation, inculquée par Jean-Claude Trichet, se ressent donc jusque dans le jeu...

Pas facile d'être banquier central

Mais après quelques minutes dans la peau d'un banquier central, on se trouve rapidement tiraillé par plusieurs objectifs contradictoires : la volonté de faire de la croissance en maintenant des taux d'intérêts modérés, et l'inquiétude inflationniste, qui pousse à freiner l'expansion du crédit dans l'économie, par une hausse préventive des taux. S'il suffisait d'actionner un levier pour résoudre tous les problèmes...

Ce n'est pas tout. Là où l'affaire se corse, c'est que, dans la pratique, le marché ne réagit pas comme on le voudrait. Ainsi, des baisses de taux ne se répercutent pas nécessairement par une augmentation de la masse monétaire. Autrement dit, les banques ne réagissent pas toujours à la baisse des taux directeurs, censées pourtant stimuler l'offre de crédit dans l'économie, et donc la croissance.

A l'inverse, en période inflationniste des hausses de taux successives ne se repercutent pas nécessairement. Il aura par exemple fallu six trimestres d'augmentation des taux successives (de 1 à 5,75%) pour venir à bout  d'une augmentation frénétique de la masse monétaire allant jusque 8% et de la poussée inflationniste l'accompagnant.

Comment venir à bout d'une crise immobilière ?

Le jeu introduit également des événements imprévus telles que des chocs pétroliers, l'invention de la voiture sans pétrole, ou une crise immobilière. Dans ce dernier cas,une bonne baisse de taux de quelques points ramènera rapidement le calme sur les marchés et permet en général de s'en sortir à court terme sans trop de casse. Mais c'est apparemment la remontée progressive des taux qui semble plus difficile à effectuer. Il faut alors affronter les caprices des marchés qui ne veulent pas réinvestir, entraînant ainsi l'économie dans une grave récession. Ou, au contraire, un emballement trop prononcé des marchés qui se traduit de nouveau par une spirale inflationniste. Il semble d'ailleurs qu'une hausse brutable des taux puisse avoir un effet plus positif qu'un accompagnement progressif de la reprise économique. Tout du moins dans le jeu. Pas sûr que Mario Draghi soit prêt à prendre le risque...

Quel pouvoir réel pour une banque centrale ?

En définitive, si le jeu est ludique et permet de mieux comprendre les mécanismes et les leviers d'actions de la BCE, il laisse une étrange impression d'impuissance de la politique monétaire face aux caprices des marchés et aux effets d'emballement. Pas si éloigné que ça de la réalité finalement...

Pour tester ce jeu, cliquez ici. Et n'hésitez pas à partager vos retours d'expérience dans l'espace "Commentaires" ci-dessous.