Bruxelles ne veut pas d'une zone euro à deux vitesses

Par latribune.fr avec AFP  |   |  555  mots
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La Commission européenne et Jean-Claude Juncker ont rejeté catégoriquement, ce lundi, toute option qui aboutirait à "fragmenter" la zone euro en plusieurs groupes, des informations de presse ayant fait état de projets en ce sens en Allemagne et en France.

"Le but c'est de préserver l'unité de la zone euro", a déclaré son porte-parole pour les affaires économiques et monétaires, Amadeu Altafaj, lors d'une conférence de presse. "Il va de soi que la fragmentation ne sert pas cet objectif", a-t-il ajouté.

La presse allemande a fait état durant le week-end d'un projet de pacte de stabilité renforcé pour seulement quelques pays de l'Union monétaire ainsi que d'une option visant à créer des euro-obligations limitées aux seuls pays bénéficiant de la meilleure notation (triple A). Ce dernier projet a été démenti lundi par le gouvernement allemand.

Le porte-parole de la Commission a aussi assuré privilégier la "méthode communautaire", qui place au centre du processus de décision les institutions représentant l'Union européenne dans son ensemble, comme la Commission ou le Parlement, et non un groupe d'Etats.

Une manière indirecte de répondre à un projet franco-allemand d'en passer par un accord intergouvernemental des seuls pays de la zone euro pour renforcer par exemple la discipline budgétaire, si une réforme du traité de l'UE, requérant l'unanimité des 27 pays de l'UE, s'avère trop compliquée et trop lourde à mener.

Berlin, Paris mais aussi Rome n'excluent pas en effet d'en passer par un accord intergouvernemental du type de celui qui a donné le jour à l'espace Schengen sans passeport, car il s'agirait d'une procédure plus facile à mettre en oeuvre, selon des diplomates.

"L'Option A c'est que tout est fait à 27 pays, l'option B c'est qu'on le fait au niveau de la zone euro", a indiqué lundi un diplomate de haut rang. Si la procédure est trop incertaine avec les vingt-sept pays de l'UE, "on peut imaginer des réformes décidées par les 27 pour exclusivement les 17 de la zone euro", a-t-il dit, en rappelant qu'un tel mécanisme était prévu par le traité actuel.

Juncker : "Ne pas diviser artificiellement l'Europe"

Le chef de file des ministres des Finances de la zone euro, Jean-Claude Juncker en a également rajouté une couche, rejettant les options visant à "diviser artificiellement l'UE". "Il n'est pas bon de diviser artificiellement l'UE en deux groupes. Il est important de ne pas creuser les différences entres les 27 et les 17" membres de la zone euro, a-t-il soutenu lors d'un point de presse avec son homologue danoise Helle Thorming Schmidt, dont le pays va prendre la présidence semestrielle des réunions ministérielles de l'UE le 1er janvier 2012.

Jean-Claude Juncker a également insisté sur la nécessité de procéder à 27 pour tout changement du traité européen. "Les changements du traité doivent se faire pour l'ensemble de l'Union européenne, et pas seulement pour la zone euro. Les modifications du traité ne vont pas seulement affecter les membres de la zone euro, mais tous les autres pays également", a-t-il expliqué.

Le président de l'Eurogroupe s'est enfin opposé à l'idée d'émission d'obligations communes aux pays AAA. "Je ne crois pas que nous serions bien conseillés de chercher des instruments au niveau de la zone euro. Ou bien nous aurons des arrangements au niveau de tous les 27, ce qui est toujours la meilleure solution, ou bien nous trouvons des arrangements spécifiques entre les Etats, mais toujours au niveau des 27", a déclaré le premier ministre luxembourgois.