La face noire de la crise de la zone euro, le chômage des jeunes

Par Robert Jules  |   |  448  mots
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Les dernières statistiques publiées sur le chômage des jeunes dans la zone euro montrent une aggravation en décembre due à l'effet de la récession économique, en particulier en Grèce et en Espagne.

L'une des conséquences dramatiques de la crise de la zone euro est la montée rapide du chômage chez les jeunes (16-24 ans). Ainsi, selon les statistiques publiées mardi par l'office européen, Eurostat, si le taux de chômage dans la zone euro atteignait 10,4% en décembre, un niveau stable par rapport à novembre, en revanche, celui des jeunes atteint 21,3% contre 20,6% en novembre. Désormais sur 16,469 millions de personnes qui cherchaient un emploi en décembre, 3,29 millions étaient des jeunes, dont un grand nombre n'ayant encore jamais travaillé.

Les pays du sud de l'Europe ou les ex-républiques du bloc de l'Est sont les plus touchés : Espagne (48,7%), Grèce (47,2%), Slovaquie (35,6%), Portugal (26,9%). A contrario, les pays où les jeunes trouvent le plus de travail sont ceux qui bénéficient d'une solide activité économique et où le chômage est bas :  l'Allemagne (7,8%), l'Autriche (8,2%) ou encore les Pays-Bas (8,6%).

Au-delà de l'anonymat des statistiques, ce taux élevé structurel du chômage chez les jeunes pourrait à plus ou moins long terme avoir de tragiques conséquences dans nombre de pays. Ainsi dans une étude publiée en septembre dernier par la fondation allemande Friedrich-Ebert-Stiftung, intitulée "Les jeunes grecs et la crise, le danger d'une génération perdue", le journaliste Nick Malkoutzis indiquait que "6 jeunes Grecs sur 10 envisagent d'aller travailler dans un autre pays européen", principalement en Allemagne et au Royaume Uni. Les Etats-Unis, le Canada et l'Australie, où se trouvent d'importantes diasporas grecques, font aussi partie des destinations prisées pour construire un meilleur avenir.  "A moins que des politiques soient adoptées pour répondre à ce problème, la Grèce pourrait voir un grand nombre des plus brillants esprits parmi ses jeunes quitter le pays", indique Nick Malkoutzis. La Grèce est le pays où le taux de chômage des jeunes a augmenté le plus rapidement passant de 25% en 2009, au début de la crise, à plus de 47% à la fin de l'année dernière.

Le dernier conseil européen qui s'est tenu en début de semaine à Bruxelles a souligné l'urgence de prendre rapidement des décisions pour lutter contre ce fléau. "Chaque État membre a convenu d'élaborer un plan national pour l'emploi. Celui-ci comprendra des mesures visant à réorienter la charge fiscale pesant sur le travail et à réduire la segmentation du marché du travail, afin d'améliorer les perspectives d'emploi des jeunes et des travailleurs peu qualifiés", indique la commission dans un communiqué, ajoutant qu'elle "formera des groupes de travail avec les huit pays (Espagne, Grèce, Irlande, Italie, Lettonie, Lituanie, Portugal et Slovaquie) qui enregistrent un taux de chômage des jeunes supérieur à la moyenne."