Grèce : l'extrême droite quitte la coalition et fait craquer le front politique grec

Par latribune.fr avec l'Echo, l'AFP et Reuters  |   |  905  mots
Georges Karatzaféris, chef du LAOS, avait déjà annoncé qu'il ne pouvait soutenir les mesures d'austérité - Photo Reuters.
Ce vendredi, les ministres du parti Laos, d'extrême droite, ont annoncé leur démission du gouvernement en de coalition en Grèce. Mais la véritable épreuve sociale doit se jouer dimanche, quand les contestataires de tous bords sont appelés à affluer devant le parlement avant le vote nocturne

Les ministres du LAOS, parti d'extrême droite, ont présenté leur démission du gouvernement de coalition en Grèce, a rapporté vendredi l'agence de presse d'Athènes (ANA). Il revient désormais au Premier ministre Lucas Papadémos d'accepter ou non cette démission, ajoute ANA, sans citer de source. Georges Karatzaféris, chef du LAOS, avait déjà annoncé qu'il ne pouvait soutenir les nouvelles mesures d'austérité entérinées par le gouvernement sous la pression des bailleurs de fonds internationaux de la Grèce.

Le gouvernement de Lucas Papadémos a été formé en novembre avec le soutien des deux principales formations du pays, les socialistes du Pasok et les conservateurs de Nouvelle Démocratie, auxquelles s'est joint le LAOS, qui compte quatre ministres.

En marge d'une manifestation réunissant quelque 7.000 personnes sur la place Syntagma au centre d'Athènes pour protester contre les mesures d'austérité contenues dans le plan, un groupe a lancé des pierres et des cocktails Molotov contre la police, qui a riposté en tirant des gaz lacrymogènes.
Les incidents devant le Parlement sont monnaie courante en Grèce, où le quotidien est rythmé depuis deux ans par la contestation des hausses d'impôts et réductions d'acquis sociaux imposés par les plans d'assainissement des bailleurs de fonds du pays, en échange de leur soutien financier.

Vendredi, une autre manifestation réunissant quelque 10.000 militants communistes du Front des travailleurs Pame a eu lieu à Athènes, dans le calme et la discipline, celle-là.
Des dizaines d'employés du ministère des Finances ont aussi proclamé une "occupation" des locaux, situés sur la place.
Dans cette ambiance lourde, le chef du parti d'extrême-droite, Laos, Georges Karatzaferis, a annoncé qu'il ne voterait pas le nouveau train de mesures qui vont être présentées au parlement, où le Laos dispose de 16 députés sur la majorité de 252 sur laquelle pouvait s'appuyer jusqu'à présent le gouvernement de coalition.

Tout en réaffirmant son soutien à Lucas Papademos, désigné en novembre à la tête d'un exécutif rassemblant aussi socialistes et conservateurs, M. Karatzaferis l'a laissé juge de décider du maintien ou non à leurs postes des quatre cadres du Laos participant au gouvernement.
Comme en juin et en octobre 2011, marqués par des manifestations spectaculaires contre le renforcement de l'austérité, le centre d'Athènes était également paralysé par les débrayages dans les transports en commun et le fonctionnement au ralenti des services publics. Quelque 3.000 policiers étaient déployés. Quelque 2.000 ouvriers des chantiers navals et dockers ont manifesté aussi au port du Pirée, où la grève bloquait les bateaux à quai.

La riposte syndicale a été lancée dès l'annonce jeudi d'un accord des trois partis gouvernementaux sur le train de mesures exigé par les bailleurs de fonds de la Grèce en échange d'un nouveau plan de sauvetage combinant désendettement et renflouement.

Ce plan, qui comprend une réduction de 22% du salaire minimum dans le cadre d'une déréglementation du marché du travail, la suppression dans l'année de 15.000 emplois publics et des coupes sur certaines pensions de retraite, "sera le tombeau de la société grecque", ont dénoncé les syndicats, déniant au gouvernement toute "légitimité pour les imposer". "On est en train de faire de nous la Chine de l'Europe. Le seul résultat des nouvelles mesures ne sera pas de sauver la Grèce mais de sauver les banques", pestait à Syntagma Andréas Elmazoglou, qui termine à 24 ans des études d'ingénieur. "Le peuple doit prendre les choses en mains (...) si ces mesures passent, la Grèce sera sous occupation", jugeait pour sa part Constantinos Amonas, ouvrier dans une usine de plasturgie.

Mais la véritable épreuve sociale doit se jouer dimanche, quand les contestataires de tous bords sont appelés à affluer devant le parlement avant le vote nocturne.
La zone euro a prévenu jeudi soir qu'elle attendait cet aval avant d'envisager de verser la première tranche d'un deuxième prêt à la Grèce de 130 milliards censé éviter au pays de se retrouver en défaut de paiement le 20 mars.

Avec ou sans les ministres du Laos, M. Papademos devait présider un conseil des ministres dans l'après-midi pour mettre au point le texte exact sur lequel devront trancher les députés, alors que l'austérité accroît les dissensions au sein du Pasok socialiste et de la Nouvelle-Démocratie (ND) conservatrice. Ces réticences, exprimées notamment à maintes reprises par le dirigeant de la ND Antonis Samaras, accusé par les socialistes et soupçonné par les Européens de vouloir renier ses engagements à la première occasion, ont porté à leur comble la défiance de la zone euro, où certains n'excluent plus d'abandonner le pays à son sort.

D'autant que, comme l'a prouvé le coup d'éclat de M. Karatzaféris, "l'accord général" des partenaires gouvernementaux dont s'était prévalu jeudi le Premier ministre est tout relatif. Et ce alors que le pays s'avance vers des élections anticipées au printemps, encore réclamées jeudi par M. Samaras, qui part favori.
"Comme l'a montré la réunion de l'Eurogroupe, nous n'avons parcouru que la moitié du chemin. Le moment est crucial et impose responsabilité, et seulement responsabilité", a résumé dans la nuit le porte-parole du gouvernement, Pantelis Kapsis.

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