Le gouvernement islandais veut abandonner sa monnaie

Par Romaric Godin  |   |  504  mots
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Le Premier ministre islandais a indiqué que ses concitoyens avaient le choix entre l'adoption d'une monnaie étrangère ou bien l'entrée dans l'euro. Un ultimatum très politique.

L'Islande ne veut plus de sa propre monnaie. Dans un discours prononcé devant les délégués de son parti, l'Alliance sociale-démocrate, le Premier ministre de l'île nordique, Johanna Sigurdardottir, a indiqué que les jours de la couronne, la monnaie nationale, était comptée. "Le choix se situe entre "l'abandon de la souveraineté du pays en matière de politique monétaire en adoptant unilatéralement la monnaie d'un autre pays ou devenir un membre de l'Union européenne." Mais pour le chef du gouvernement islandais, "la situation ne peux pas rester en l'état".

Crise de 2008
Petite économie d'une dizaine de milliards d'euros de PIB pour quelques 380.000 habitants, l'Islande a été l'une des premières victimes de la crise de 2008. Ses banques démesurées au regard de la richesse nationale se sont effondrées dans la foulée de la crise financière internationale. Leurs engagements en devises les ont largement dépassées et elles ont dû faire appel au gouvernement qui a fait appel à la planche à billets. Le déficit public a atteint 12 % du PIB en 2009 et évolue encore aux alentours de 7 %. Consulté par référendum, les Islandais ont refusé de payer les créanciers d'Icesave, banque active aux Pays-Bas et au Royaume-Uni qui avait fait faillite en 2008.

Difficile stabilité monétaire
Depuis, la Sedlabanki, la banque centrale islandaise, tente de sauvegarder la stabilité de la monnaie, souvent en vain. Vendredi, elle a acheté 12 millions d'euros pour soutenir la couronne. Pour une économie aussi ouverte et petite que l'Islande, les variations monétaires sont très néfastes. Plusieurs petites économies ont du reste adopté des monnaies étrangères dans le passé  : le Luxembourg utilisait ainsi le franc belge, le Liechtenstein utilise le franc suisse, la couronne danoise est attachée de près à l'euro...

Négociations avec l'UE

C'est du moins l'analyse de Johanna Sigurdardottir, arrivée au pouvoir le 1er février 2009, et qui s'est engagé à l'été 2010 dans une démarche d'adhésion à l'Union européenne (UE). Pour le moment, les négociations patinent autour de la question de la pêche qui reste un secteur vital pour l'île. Or, l'ouverture des eaux nationales et les restrictions posées par l'UE ne plaisent guère aux Islandais. Surtout, la crise de l'euro a rendu bien peu attrayante la monnaie unique européenne. Selon les sondages, 56,2 % des Islandais ne souhaitent pas entrer dans l'UE, contre 26,3 % qui le souhaitent.

Raisons politiques
Le Premier ministre entend donc montrer à ses concitoyens qu'ils n'ont guère le choix. Pour stabiliser son économie, l'Islande ne peut selon elle choisir qu'entre la dollarisation ou l'euro. Et d'avancer : l'avantage de ce dernier réside dans le fait que Reykjavik aura alors son mot à dire. Sinon, elle devra subir les choix étranger sans rien dire. Les déclarations de Johanna Sigurdardottir sont donc avant tout politiques, elles visent à faire pencher à nouveau la balance populaire en faveur de l'UE. Son but est toujours de faire entrer l'Islande dans la zone euro en 2015.