Bol d'air pour l'Espagne... mais attention à l'asphyxie

Par latribune.fr (Source AFP)  |   |  450  mots
Jan Kees de Jager (ministre néerlandais des Finances), observe son homologue espagnol, Luis de Guindos et le Premier ministre luxembourgeois Jean-Claude Juncker - Copyright AFP
L'Espagne, après avoir obtenu un objectif de déficit plus souple pour cette année de la part de la zone euro, se retrouve face au défi de tenir le cap pour 2013. Un exercice d'équilibriste qui imposera une nouvelle cure de rigueur dans une économie en récession et un contexte social tendu.

La photo du chef de file des ministres des Finances de la zone euro, Jean-Claude Juncker, serrant des deux mains le cou du ministre espagnol de l'Economie Luis de Guindos était en Une des journaux espagnols (par exemple El Pais) ce mardi, symbole de l'asphyxie qui menace l'Espagne. En cause: le nouveau tour de vis attendu cette année, qui reste sévère même après le bol d'air accordé à l'Espagne lors de la réunion de l'Eurogroupe lundi.

Objectif pour l'Espagne : le retour du déficit public à 5,3 % du PIB en 2012

Le nouveau gouvernement de droite doit ainsi ramener le déficit public à 5,3% du PIB, contre 4,4% prévu à l'origine, après 8,51% en 2011.

Le nouveau chiffre implique un effort supplémentaire de cinq milliards d'euros par rapport à l'objectif de 5,8% qu'avait tenté de faire passer en force le chef du gouvernement Mariano Rajoy, le 2 mars.

Grogne sociale

Le pays est en outre frappé par un taux de chômage de 22,85%, qui devrait toucher près d'un quart des actifs (24,3%) cette année avec 630.000 emplois détruits, selon le gouvernement.

Dans ce contexte, l'Espagne dispose d'une marge de manoeuvre très étroite, confrontée à une grogne sociale grandissante qui s'exprimera dans la rue lors d'une grève générale convoquée par les syndicats le 29 mars.

L'austérité, remède "nécéssaire et efficace", mais attention à l'overdose

Le nouveau cap "reste très ambitieux en pleine récession", souligne Jésus Castillo, spécialiste chez Natixis de l'Europe du Sud, interrogé par l'AFP. "Avec pourtant un peu de croissance en 2011, l'Espagne est à peine parvenue à réduire son déficit", par rapport à celui de 2010, alors de 9,3% du PIB, souligne Jésus Castillo. Même si, reconnaît-il, les grandes échéances électorales de 2011, régionales en mai puis législatives en novembre, avaient alors pu freiner l'adoption de "mesures impopulaires".

Certes titanesque, le nouvel effort attendu de l'Espagne par ses partenaires européens "devrait être faisable", estime cependant Holger Schmieding, économiste chez Berenberg Bank."L'austérité est un remède nécessaire et très efficace. Mais une overdose peut tuer le patient, comme il l'a fait dans le cas de la Grèce", souligne ce dernier.

Après avoir péniblement atteint une croissance de 0,7% en 2011, l'économie espagnole replongera cette année, le gouvernement lui-même prévoyant un recul de la production de 1,7%, avec une récession durant les deux premiers trimestres, au moins.

Une "modeste reprise" attendue en 2013

La Banque d'Espagne, quant à elle, n'espère qu'une "modeste reprise" en 2013. Au total, l'Espagne devra dégager autour de 35 milliards d'économies cette année, puis encore environ 23 milliards en 2013 pour revenir à un déficit de 3% du PIB.