L'état de grâce de Mario Monti est bien fini

Par Robert Lavéran, à Rome  |   |  639  mots
Mario Monti /Copyright aFP
A l'intérieur des formations qui soutiennent le président du Conseil italien, de plus en plus de voix s'élèvent pour demander des élections anticipées. Le mandat de Mario Monti court jusqu'au printemps 2013, mais les projets de réformes ont de plus en plus de mal à être adoptés.

Au début de l'année, Mario Monti estimait qu'il faudrait des années pour réformer en profondeur le l'Italie. L'ennui pour l'ancien commissaire européen, c'est que son temps est compté. Arrivé au pouvoir dans l'urgence, fin novembre dernier, pour prendre la succession à la présidence du Conseil de Silvio Berlusconi, son mandat arrive en principe à expiration au printemps 2013 c'est-à-dire au terme normal de la Législature.

Mario Monti a plusieurs fois affirmé qu'il ne se présentera pas aux élections à l'issue de ce mandat extraordinaire, dicté par les circonstances et la nécessité de sauver la péninsule face à l'attaque des marchés. Mais même cette échéance du printemps prochain n'est plus garantie aujourd'hui.

Du Peuple de la Liberté aux Démocrates en passant par les centristes

Au sein des forces politiques qui forment une majorité hétéroclite et exceptionnelle en regroupant le parti du Peuple de la Liberté de Sivlio Berlusconi jusqu'aux Démocrates de Pier Luigi Bersani en passant par les centristes de Pieferdinand Casini, des voix se font entendre pour réclamer des législatives anticipées.

A commencer par celle du responsable des questions économiques du Parti démocrate (Pd), Stefano Fassina. "Dans le contexte actuel et avec ce parlement, Monti n'a pas la force de faire approuver d'autres réformes (après celle des retraites notamment adoptée en décembre dernier, ndlr)", a-t-il récemment estimé avec comme conclusion: "Nous devrions considérer la possibilité d'anticiper la loi budgétaire pour 2013 et retourner devant les électeurs à l'automne (...) En mars ou avril 2013, après une nouvelle récession et une ultérieure augmentation du chômage la situation politique et économique sera sûrement pire".

Critiques de la réforme du marché du travail

Au sein de l'aile gauche du Parti démocrate, qui digère mal la politique d'austérité du gouvernement et certaines mesures jugées anti-sociales comme la réforme du marché du travail, on juge notamment qu'il est préférable de retourner au plus vite devant les électeurs pour bénéficier de l'avance substantielle dans les sondages. Le Pd est en effet crédité de 25% des intentions de vote soit 7 points devant le parti de Silvio Berlusconi.

Les dernières élections municipales marquées en autres, il y a quinze jours, par le succès du mouvement protestataire « 5 étoiles » de l'humoriste Beppe grillo qui a remporté la mairie de Parme ont fait apparaître que le parti de centre-gauche était la seule formation traditionnelle à résister à la désaffection politique. Dans un climat marqué par les scandales à répétition, moins de 4% des Italiens déclarent faire confiance aux partis politiques, et, selon les derniers sondages, le camp des abstentionnistes et des indécis apparaît comme le plus consistant avec près de 48%.

Le pays ne peut pas se permettre de connaître l'instabilité politique

En réaction aux propos de son collaborateur Stefano Fassina, le secrétaire du Parti Démocrate Pierluigi Bersani a néanmoins réaffirmé son soutien à Mario Monti jusqu'à 2013, estimant que le pays ne pouvait aujourd'hui se permettre de connaître une instabilité politique. Il fait ainsi le pari que ce sens des responsabilités sera compris par les électeurs. A droite, Silvio Berlusconi a également fait savoir qu'il soutenait le président du Conseil. Néanmoins, comme le Pdl est en chute libre dans les sondages, certains de ses conseillers jugent qu'il est urgent de lâcher Mario Monti avant d'être complètement abandonné par les électeurs.

Faute d'alternative politique crédible, l'actuel locataire du Palais Chigi bénéficie toujours d'un taux de popularité de 41%. Mais tiraillé entre les différentes composantes de sa majorité, il lui est chaque jour plus difficile de faire adopter au Parlement ses projets de réformes.