Athènes cède du terrain face à la troïka

Par Romaric Godin  |   |  475  mots
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le nouveau ministre grec des finances a reconnu jeudi qu'il était difficile de demander des concessions à la troïka compte tenu du retard de la Grèce dans le programme prévu.

Le nouveau gouvernement grec en est déjà à dire adieu à ses promesses électorales. Certes, à l?issue de la première rencontre entre le premier ministre Antonis Samaras et les représentants de l?UE, de la BCE et du FMI, la fameuse « troïka », la position du gouvernement restait la même : obtenir des « modifications nécessaires » du protocole d?accord signé en mars sur le nombre de fonctionnaires et les salaires de la fonction publique en échange d?une accélération des privatisations. Mais ces rodomontades semblent loin du réel rapport de force.

Retards dans le programme de réduction des déficits

C?est sans doute le nouveau ministre grec des Finances Yannis Stournaras qui a le mieux résumé la réalité de la situation après sa propre rencontre jeudi avec la troïka. « Nous sommes en dehors des clous prévus par le programme et nous ne pouvons rien demander de plus avant d?y être revenu », a-t-il résumé. Selon des sources citées par le quotidien hellénique Kathimerini, le budget grec afficherait déjà un déficit de 1,5 à 2 milliards d?euros plus élevé que ce que prévoyait le « mémorandum », notamment en raison de faibles rentrées fiscales et de dépenses excessives en termes de sécurité sociale. Rien d?étonnant donc à ce que la troïka soit restée jeudi très ferme sur ses positions.

Prochaines journées difficiles

Pour Yannis Stournaras, qui doit revoir la troïka ce week-end, les prochains jours s?annoncent délicats. Lundi, il doit se rendre à une réunion de l?Eurogroupe où l?on lui signifiera sans doute une nouvelle fois l?obligation pour Athènes de remplir ses engagements. Tout se passe donc comme si, progressivement, le gouvernement grec tentait d?habituer l?opinion à un assouplissement a minima du mémorandum.

Chantage à l'élection ?

Le problème reste l?équation politique hellénique. Si le Pasok et la gauche démocratique (Dimar) soutiennent l?équipe Samaras, c?est à la seule condition de respecter certaines promesses de campagne : pas de licenciements de fonctionnaires et le report de deux ans des objectifs du mémorandum. Les deux partis de centre-gauche n?ont pas de représentants au gouvernement : ils ont donc toute liberté pour retirer leur soutien à tout moment. Si la Dimar n?est pas indispensable, le retrait du soutien du Pasok, très affaibli désormais, conduirait à de nouvelles élections, cauchemar des Européens. C?est sans doute ce scénario qui est la dernière chance d?Antonis Samaras qui pourra mettre dans la balance le retour du risque électorale contre quelques assouplissements. Mais la troïka sait qu?aucun des partis au pouvoir à Athènes n?a intérêt à un nouveau scrutin. La guerre des nerfs ne fait donc que commencer.