Nouveau pied de nez de la Suède à la crise européenne

Par Romain Renier  |   |  404  mots
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Alors que tous les pays européens se demandent comment remplir leurs caisses, la Suède, elle, annonce qu'elle va se priver de recettes fiscales en abaissant son taux d'imposition sur les sociétés. Un pied de nez à l'Europe et une mesure bienvenue pour le centre droit au pouvoir, dont le bilan sur l'emploi reste moyen et qui voit se profiler la perspective des prochaines élections 2014.

En Europe, un petit royaume du nord résiste encore et toujours à la crise. Alors que les impôts augmentent et que l'on cherche à réduire les dépenses dans la plupart des pays européens, le gouvernement suédois vient d'annoncer qu'il souhaite abaisser son taux d'imposition des sociétés de 4,3 points d'un coup. C'est à dire, de le ramener à 22%, en dessous de la moyenne de 23,5% dans l'Union des vingt-sept (Eurostat).

Renforcer le climat pour les investisseurs

En "renforçant le climat pour les investisseurs", Anders Borg, l'iconoclaste ministre des Finances suédois de centre-droit espère "améliorer les perspectives de nouveaux emplois et d'investissements." Et celui qui a été élu meilleur ministre des Finances en 2011 par le Financial Times l'assure, "grâce à une politique prudente qui assure une base solide et stable à son économie, la Suède peut faire des investissements importants pour l'avenir", dans un contexte où presque tous les autres pays européens sont confrontés à des hausses d'impôts et des réductions des prestations sociales.

La Suède peut se le permettre

Et ce qui donne tant d'assurance à Anders Borg, ce sont les performances impresionnantes qu'affiche l'économie du royaume des Bernadotte. Alors que l'ombre de la récession plane sur l'Europe, la Suède a relevé son estimation de croissance du produit intérieur brut de 1,1% à 1,6% pour l'année 2012. Anders Borg s'est même permis le luxe de reporter un retour à l'excédent budgétaire de 2013 à 2014, afin de mettre en place un budget 2013 "plus offensif."

Répondre à la montée du chômage... en vue des élections ?

Il ne faut toutefois pas perdre de vue l'intérêt électoral des manoeuvres d'Anders Borg. Car le budget 2013, qui vise clairement à relancer l'emploi, est prévu pour avoir des effets en 2014, année des prochaines élections générales suédoises. Or, malgré toutes ces bonnes nouvelles, l'emploi ne suit pas.  Le Bureau central de statistiques a d'ailleurs annoncé ce jeudi un chômage en hausse de 6,6% en juillet à 7,2% au mois d'août en données brutes. Et, signe que la question inquiète, Anders Borg a participé la semaine dernière à une conférence bi-partite dont le thème était "Relance de l'emploi et croissance stable" en compagnie de son homologue allemand Wolfgang Schäuble.

 --> Pour aller plus loin, vous pouvez revoir ici la conférence entre Anders Borg et Wolfgang Schäuble (en anglais)