Ukraine : Arseni Iatseniouk dirigera un "gouvernement de kamikazes"

Par latribune.fr  |   |  563  mots
Le Fonds monétaire international (FMI) a reçu jeudi une demande d'aide officielle de l'Ukraine après la désignation du nouveau chef de gouvernement.
L'ancien ministre pro-européen à la tête un gouvernement de transition compte mettre en place des "mesures extraordinairement impopulaires". Le pays qui risque sécession et faillite a demandé une aide du FMI.

Le Parlement ukrainien a désigné jeudi à l'unanimité le pro-européen Arseni Iatseniouk comme Premier ministre du gouvernement de transition. L'ancien ministre de l'Economie prend ainsi la tête d'un gouvernement d'union nationale dans l'attente de l'élection présidentielle anticipée, prévue le 25 mai.

Mercredi déjà, il avait été "proposé" à la foule comme Premier ministre et acclamé sur la place Maïdan, l'épicentre de la révolution.

Le FMI prêt à répondre à la demande ukrainienne

Dans son discours de candidature devant le Parlement, Arseni Iatseniouk n'a rien dissimulé de l'ampleur de la tâche qui l'attend alors que le pays est au bord de la banqueroute.

Le Fonds monétaire international (FMI) a indiqué avoir reçu ce même jeudi, suite au vote du Parlement, une demande d'aide officielle de l'Ukraine. "Nous sommes prêts à y répondre", a déclaré sa directrice générale Christine Lagarde.

Un "gouvernement de kamikazes"

Évoquant la nécessité d'un "gouvernement de kamikazes", capable de "prendre des mesures extraordinairement impopulaires", le nouveau chef de gouvernement a annoncé des réductions drastiques des dépenses.

"Les comptes publics sont vides, tout a été volé. Je ne promets pas d'amélioration, ni aujourd'hui ni demain. Notre objectif principal est de stabiliser la situation. La dette publique est de 75 milliards de dollars maintenant. En 2010, quand Ianoukovitch est arrivé au pouvoir, elle était deux fois moins importante", a-t-il expliqué aux députés.

Selon lui, le gouvernement de Viktor Ianoukovitch serait coupable d'avoir détourné des milliards de dollars. Au cours des trois dernières années, 70 milliards de dollars auraient ainsi été sortis du système financier de l'Ukraine pour être mis sur des comptes off-shore. "Le trésor national a été pillé", accuse Arseni Iatseniouk. En Suisse, les avoir de l'ancien président en fuite ont été gelés.

Plus bas historique pour la hryvnia

La nomination de ce gouvernement par intérim n'enraye cependant pas la chute de la hryvnia, la devise ukrainienne, qui est tombée ce même jour à un nouveau plus bas historique : 11 pour un dollar selon Reuters.

Face aux troubles politiques à l'issue toujours incertaine, les investisseurs continuent à rester à l'écart de l'Ukraine, d'autant que la faiblesse des réserves de change ne permet pas à la banque centrale d'intervenir. Celle-ci, résignée à une dévaluation inévitable, a d'ailleurs clairement signifié qu'elle ne chercherait pas à soutenir sa devise dans les prochains jours.

Amorcée depuis plusieurs semaines, la chute de la devise ukrainienne s'est accélérée depuis la destitution du président Viktor Ianoukovitch et "pourra aller jusqu'à 16 pour un dollar", estime Tatyana Orlova, stratégiste chez RBS.

Ancien vice-président de la Banque nationale d'Ukraine (2003-2005) et ancien ministre des Affaires économiques (2005-2007), Arseni Iatseniouk dispose d'une expérience qui pourrait s'avérer précieuse.

L'Ukraine, "membre de l'Union européenne" avant tout

Durant son discours, le nouveau Premier ministre a par ailleurs évoqué la situation en Crimée, péninsule du sud de l'Ukraine, où un commando pro-russe a pris d'assaut le Parlement.

"L'intégrité territoriale est menacée, on assiste à des manifestations de séparatisme en Crimée (...) Je dis aux Russes: 'ne nous affrontez pas, nous sommes des amis et des partenaires' ", a-t-il déclaré, avant de marteler que l'Ukraine voyait "son futur en tant que membre de l'Union européenne".