En zone euro, le "fardeau" des créances douteuses inquiète le FMI

Par latribune.fr  |   |  452  mots
Face à l'endettement croissant des entreprises et à une dégradation de la qualité des créances, le FMI tire la sonnette d'alarme.
Le Fonds monétaire international (FMI) estime à 800 milliards de dollars les créances douteuses détenues par les banques de la zone euro. Un montant qui a doublé depuis 2009 et continue à croître, rappelle l'institution.

Un "fardeau". C'est ainsi que le FMI qualifie, sans détour, les plus de 800 milliards de dollars de créances douteuses qu'ont accumulées les banques des pays en difficulté de la zone euro, dans son dernier rapport sur la stabilité financière mondiale publié mercredi. Des créances qui ne cessent de croître, s'inquiète l'institution, alors même que le secteur financier européen s'apprête à être soumis à un examen de santé.

 Assainir le bilan des banques et entreprises

"Les banques dans les pays en difficulté de la zone euro restent plombées par un stock important et grandissant de créances douteuses, résultant du poids de la dette au sein des entreprises et du ralentissement économique", écrit le Fonds.

Un stock qui a doublé depuis 2009, affirme l'institution, qui se penche plus particulièrement sur les pays européens en difficulté financière (Chypre, Grèce, Irlande, Italie, Espagne, Portugal et Slovénie).

Tout en saluant "l'amélioration" de l'image de ces pays auprès des marchés, elle assure que ce "fardeau" des créances douteuses fait peser une menace sur la solvabilité de ces banques, limite leur "rentabilité" et restreint leur capacité à soutenir l'activité économique.

"Les dirigeants de la zone euro font face au difficile défi d'accélérer l'assainissement des banques et des bilans des entreprises sans compromettre le retour de la confiance des marchés", écrit le Fonds.

Bientôt les tests de résistance

Sous la supervision de la Banque centrale européenne (BCE), les banques de la zone euro sont actuellement soumises à une revue de leurs actifs afin d'identifier de possibles besoins de recapitalisation. Des tests de résistance doivent par ailleurs être menés à compter de mai sur 124 banques réparties dans 22 pays européens. Les résultats de ces évaluations sont attendus en octobre.

"La BCE doit parvenir à un (examen) crédible, fiable et transparent et doit aussi s'assurer que des actions de secours soient prévues une fois les failles identifiées", assure le Fonds.

Attention à la "course aux profits" outre-atlantique

Se tournant de l'autre côté de l'Atlantique, le FMI s'inquiète de la "course au profit" qui s'accélère sur les marchés financiers américains, portés par la politique de "l'argent facile" fourni par la Réserve fédérale (Fed). Selon le Fonds, cette tendance se traduit par un endettement "croissant" du secteur privé et s'accompagne d'un "affaiblissement" de la qualité des créances sur certaines poches du marché du crédit.

"La stabilité financière mondiale s'améliore (...) mais il est trop tôt pour crier victoire", résume José Vinals, directeur du département des marchés financiers du FMI.