"La Grèce doit continuer sur le chemin des réformes"

Par Propos recueillis par Romaric Godin  |   |  763  mots
Olga Kefaloyianni, ministre grecque du tourisme
Olga Kefaloyianni, ministre hellénique du tourisme, dresse un bilan de l'année 2014 pour le tourisme grec et s'exprime sur la situation politique du pays.

 La Tribune. L'année 2014 a été excellente pour le tourisme grec. Quel bilan en tirez-vous ?

Olga Kefaloyianni. Comme en 2013, 2014 sera une année de records pour le tourisme grec. Nous avions prévu de recevoir 20 millions de touristes, mais, à la fin de l'année, le résultat devrait être meilleur et nous tablons sur 21,5 millions de visiteurs. Et c'est sans prendre en compte les deux millions de touristes venant dans le pays dans le cadre de croisières... Ceci représente 13,5 milliards d'euros de recettes pour l'économie grecque.

Les Français ont-ils été nombreux ?

Oui, nous avons reçu plus de 1,4 million de Français, ce qui représente une progression de 17 % par rapport à 2013. La France est un marché très important pour la Grèce, car les touristes français ne se contentent pas de suivre généralement les circuits organisés, ils voyagent de façon indépendante et traversent plusieurs régions, ce qui est essentiel pour nous, car nous voulons développer le tourisme dans les régions où il est peu répandu.

Comment expliquez-vous ces succès ?

La stabilité économique et politique du pays, le sentiment de sécurité et l'hospitalité grecque ont contribué à cette bonne année. Nous avions également beaucoup travaillé sur Internet et sur les médias sociaux pour redonner une image très positive du pays. Il faut aussi souligner que les touristes qui viennent en Grèce y reviennent très souvent.

2015 s'annonce-t-elle également comme une bonne année ?

Oui, les éléments de pré-réservation dont nous disposons nous permettent d'être très optimistes. Nous pensons pouvoir tabler sur une croissance de 7 % du nombre de visiteurs. Dans un cadre de stabilité, bien sûr...

Ceci signifie qu'une éventuelle élection législative anticipée pourrait influer sur la saison touristique ? Une défaite de la coalition actuelle pourrait-elle être négative sur ce secteur ?

La Grèce sera toujours appréciée, quelle que soit la situation politique. Mais les élections peuvent jouer négativement sur les investissements dans le tourisme. Or, nous avons de nombreux projets d'investissement, notamment pour développer le tourisme haut de gamme.  Le succès du tourisme en Grèce est cependant le succès de tout le pays et, indépendamment de qui sera au gouvernement,  j'espère que le bon travail que nous avons commencé se poursuivra.

Jugez-vous possible aujourd'hui l'élection d'un Président de la République par le parlement, ce qui permettrait d'éviter de nouvelles élections ?

Incontestablement, il n'est pas facile aujourd'hui de parvenir à l'élection d'un nouveau Président.  Mais il y a un discours qui monte en Grèce pour parvenir à trouver un chef de l'Etat. J'espère  que les députés sauront prendre en compte cette volonté, car nous sommes tous responsables  devant notre pays, pas seulement devant notre parti.

La perspectives d'élections anticipées vous inquiète-t-elle ?

Il est impossible de prévoir le résultat de ces élections. Je pense que la Grèce a tout intérêt à  suivre le chemin sur lequel elle s'est engagé. Le peuple grec a consenti et consent encore  d'immenses sacrifices, il ne doit pas mettre en danger les résultats qu'il a obtenu, par  exemple, le retour à la croissance ou l'excédent budgétaire primaire.

Néanmoins, beaucoup de Grecs souffrent encore et sont mécontents de la situation actuelle. Or, la troïka réclame de nouveaux efforts. Comprenez-vous l'agacement de certains de vos compatriotes ?

Pour nous, il est hors de question de réaliser de nouvelles coupes budgétaires. Le peuple grec  ne pourra pas les supporter. Nous devons cependant poursuivre les réformes structurelles - et peut-être les amplifier - pour devenir une économie compétitive.

Dans le cadre du tourisme, quelles réformes avez-vous adoptées ?

Nous sommes souvent allés au-delà des exigences de la troïka en mettant en place un soutien à l'investissement pour réduire la bureaucratie. Nous avons beaucoup travaillé sur le cadre institutionnel, sur l'éducation et la formation. Nous avons aussi réduit la TVA sur la restauration de 23 % à 13 % et le marché a réagi positivement.

Quelles sont vos priorités aujourd'hui ?

C'est clairement d'élargir l'offre touristique, pour que la Grèce ne soit pas seulement le pays  de la plage et du soleil. Nous visons ainsi à développer une offre plus haut de gamme, mais aussi l'agrotourisme, le tourisme religieux, médical, nautique, culturel ou de conférence. La Grèce doit pouvoir offrir toutes les possibilités aux voyageurs.