Elections régionales : le taux de participation en forte baisse

Par Alain Baron  |   |  716  mots
A 17 heures, le taux de participation au premier tour des élections régionales s'élève à 39,29% contre 49,66% au premier tour des régionales de 2004. Depuis 1958, le désintérêt des électeurs ne fait que croître, même si la participation résiste dans les scrutins très locaux.

Les Français iront-ils nombreux aux urnes ce dimanche et le suivant ? Rien n'est moins sûr si l'on en croit les premières estimations qui tombent ce dimanche, jour du scrutin des élections régionales. Selon les données fournies par le ministère de l'Intérieur, le taux de participation au premier tour s'élève à 39,29% à 17 heures, soit dix points de moins qu'au premier tour des régionales de 2004 à la même heure (49,66%).

En Ile-de-France, où les bureaux de vote ferment à 20 heures, la participation s'affiche à 31,82 % à 17 heures contre 43,68 % il y a six ans. La baisse était de près de six points dans les Hauts-de-Seine (33,56%) de douze points à Paris (31,38%) s'accentuant jusqu'à -18 points en Seine-et-Marne (30,80%).

En Midi-Pyrénées la participation recule à 46% contre 58,31% au premier tour de 2004 à la même heure, en Paca à 38,27% contre 50,92%, en Languedoc-Roussillon à 40,77% contre 53,99 %, en Picardi à 38,59% contre 51,91%. La baisse est de plus de dix points également en Lorraine (37,16% contre 47,51%) et en Limousin (44,6 % contre 57,6%).

Le recul est un peu plus limité en Corse (57,3% contre 64,3%) et en Poitou-Charentes (46,18% contre 55,01%). Dans les départements les plus peuplés de Rhône-Alpes, la participation a faibli aussi (Rhône 36,99% contre 45,83% en 2004, Isère 37,70% contre 45%). Dans le Nord le taux s'affichait à 39,69% contre 45,26%.

A 17heures locales à La Réunion (14 heures à Paris) la participation s'affiche à 34,25 % contre 55 % au premier tour de 2004. Enfin en Guyane vers midi (16 heures à Paris), la participation n'est que de 17,92 %. Au niveau national (sans outre-mer) la participation s'élevait à midi à 16,07% contre 18,48%.

Record d'abstention?

Une tendance à un fort absentéisme qui confirme les observations des sondages. Le dernier sondage CSA pour Le Parisien publié vendredi table ainsi sur 50% d'abstention (c'est-à-dire le pourcentage de gens, inscrits sur les listes électorales, et qui ne votent pour aucun candidat). Si cette anticipation se confirmait, elle constituerait un record pour ce type de scrutin. 

En 1998, les régionales, qui avaient enregistré une poussée de la gauche, avaient donné lieu à 44,9% d'abstention. Pour les dernières régionales de 2004, que la gauche avait gagnées, l'abstention était de 37,88% au premier tour et de 34,32% au second.

Si le premier scrutin régional de 1986 avait mobilisé les électeurs, avec seulement 25,2% d'abstention - nouveauté oblige, sans doute - depuis, le désintérêt des citoyens n'a fait qu'augmenter.

Globalement, la tendance est à la hausse de l'abstention en France depuis plusieurs décennies. Mais l'on remarque que plus le scrutin est local (cantonales, municipales), plus la participation des électeurs est forte (un peu plus de 30% d'abstention pour ces scrutins locaux). A contrario, les dernières élections européennes de 2009, gagnées par l'UMP, ont enregistré un taux d'abstention de 59,37%, après 57,21% en 2004, 53,24% en 1999, 47,29% en 1994 ou 51,2% en 1989.

Pour les élections présidentielles, l'intérêt des électeurs reste vif. En 2007, l'abstention n'a atteint que 16,22% au premier tour et 16,03% au second. En revanche, en 2002, elle avait dépassé 28% au premier tour, ce qui fut fatal à Lionel Jospin, et 20% au second, où pourtant le suspense était mince tant le duel Chirac-Le Pen semblait joué d'avance. Le record d'abstention pour une présidentielle revient à celle de 1969, avec un taux de 31,1%, à l'occasion de la confrontation de Georges Pompidou et Alain Poher. Il est ensuite retombé à 12,7% en 1974, quand Valéry Giscard d'Estaing a battu sur le fil François Mitterrand.

Les référendum boudés par les Français

Pour les législatives, les Français se mobilisent assez, même si l'on observe là aussi une poussée générale de l'abstention. En 2007, l'UMP a remporté une nette majorité à l'Assemblée nationale, dans la foulée de l'élection de Nicolas Sarkozy, avec un taux d'abstention de 39,6% au premier tour et 40% au second. Depuis 1958, année de naissance de la Vème république, le taux d'abstention oscille entre 15% en 1978 (scrutin gagné par la droite) et 40% en 2007.

Mais c'est sans doute les référendums qui captivent le moins les foules. Les sommets de l'abstention ont été atteints en 2000 (69,8%) pour l'adoption du quinquennat, et en 1988 (63%) pour le statut de la Nouvelle-Calédonie. En revanche, l'approbation de la Constitution de 1958 a passionné les électeurs, l'abstention atteignant seulement 15,1%.

Pour ces régionales, quelque 44,2 millions d'électeurs doivent désigner 1.880 conseillers régionaux dans vingt-six régions. Au deuxième tour, seules les listes ayant obtenu 10% des voix pourront se maintenir. Avec 5%, elles pourront fusionner avec une liste qui se maintient.