L'UMP resserre les rangs autour de Sarkozy "seul contre tous" en 2012

Par Hélène Fontanaud  |   |  607  mots
Copyright Reuters
Face à la poussée de Marine Le Pen, l'UMP fait bloc autour de Nicolas Sarkozy. Mais François Fillon et Jean-François Copé divergent sur la manière de répondre au Front national.

Assailli de toutes parts. C'est ainsi que les ténors de la majorité -François Fillon mardi soir et Jean-François Copé mercredi matin- voient Nicolas Sarkozy en 2012. Le Premier ministre, qui a prononcé un discours à la tonalité plutôt sombre devant les parlementaires de la majorité conviés à Matignon, a décrit "le front étendu" des adversaires du chef de l'Etat. "De l'extrême gauche à l'extrême droite, ils seront tous contre nous et tous contre le président de la République (...) Il faudra être à l'offensive sur toutes les lignes et former un bloc autour du chef de l'Etat", a-t-il dit, en raillant par ailleurs une opposition socialiste "qui ne sait toujours pas s'il faut s'afficher avec l'extrême gauche ou faire appel au directeur général du FMI" (Dominique Strauss-Kahn, ndr). 

Mercredi matin, lors de son point de presse hebdomadaire à l'UMP, Jean-François Copé a souligné que le parti sarkozyste allait consacrer une bonne part de l'année 2011 à une réflexion sur "la stratégie à adopter face à nos deux principaux adversaires, le Parti socialiste et le Front national". Marc-Philippe Daubresse, qui mènera les travaux, a souligné qu'il connaissait "bien la situation dans le Nord-Pas-de-Calais, avec Marine et Martine..." Ce proche de Jean-Louis Borloo a affirmé vouloir "reprendre les fondamentaux" de la droite "face à l'outrance du Front national et au laxisme du PS, à l'extrémisme de l'un et l'archaïsme de l'autre". 

Jean-François Copé estime lui aussi que la droite doit retrouver les "valeurs" captées par le FN depuis l'élection présidentielle de 2007, où Nicolas Sarkozy avait réussi à assécher le vivier électoral de l'extrême droite. Aujoud'hui, Marine Le Pen est à 27% d'opinions favorables dans les sondages. Le tout nouveau secrétaire général de l'UMP a notamment indiqué sa volonté de rouvrir le débat "sur l'identité nationale", malgré l'échec de l'initiative d'Eric Besson, passé de l'Immigration et de l'Identité nationale à l'Industrie à la faveur du remaniement du 14 novembre.

François Fillon a semblé se démarquer de cette stratégie mardi soir en déclarant aux élus de la majorité que le Front national "ne mérite pas de complaisance". Et cela "non seulement parce que son projet est dangereux et inconsistant sur le plan économique et social mais aussi parce que la droite républicaine et le Centre sont les cibles principales du Front national," a martelé le chef du gouvernement. "Nous devons être fermes sur le fond et en même temps ne pas être dédaigneux à l'égard des Français qui cherchent dans des solutions radicales une issue aux problèmes qu'ils rencontrent et il n'est pas nécessaire non plus de tomber tête baissée dans toutes les provocations car c'est exactement ce que recherche l'extrême droite", a poursuivi le Premier ministre, avant d'ajouter : "Il ne faut pas jouer avec les vieilles allumettes qui ont si souvent et si inutilement consumé la droite".

L'UMP, et avant elle le RPR, ont toujours été divisées sur la stratégie à adopter face à l'extrême droite. Certains plaident pour un "cordon sanitaire" autour du Front national, théorisé dans les années 80 par Jacques Chirac. D'autres soulignent la nécessité d'une évolution "à l'italienne" qui verrait un FN "dédiabolisé" s'allier, sous conditions, à la droite classique. Selon un sondage Ifop paru fin octobre, 32% des sympathisants de l'UMP seraient favorables à des accords avec le FN lors des élections locales. Et un sondage Ifop publié mercredi dans France Soir montre que 54% des sympathisants UMP approuvent les propos de Marine Le Pen comparant les prières de rue pratiquées par certains musulmans comme une "occupation".