L'opposition exige la démission de Michèle Alliot-Marie

Par latribune.fr  |   |  658  mots
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Mise sous pression par le PS lors des questions à l'Assemblée, MAM a refusé de donner sa démission. La ministre des Affaires étrangères a reconnu avoir voyagé dans un jet privé mis à sa disposition par un homme d'affaires tunisien pendant les fêtes pour se rendre sur son lieu de villégiature, mais elle nie que ce dernier soit un proche du président déchu Ben Ali.

Le Parti socialiste a réclamé mercredi la démission de la ministre française des Affaires étrangères à la suite de révélations sur ses rapports avec l'ancien régime tunisien, qui ont semé le trouble à droite. Michèle Alliot-Marie, qui a exclu de démissionner, a été également sommée de s'expliquer ou de partir, lors des questions d'actualité à l'Assemblée nationale.

"Très amicalement, je vous le dis, madame, partez !", a ainsi lancé le député écologiste de Paris Yves Cochet dans une ambiance houleuse. La socialiste Marylise Lebranchu a ensuite douté que les réponses de la ministre et de son compagnon Patrick Ollier contribuent "à la construction d'une République irréprochable."

Michèle Alliot-Marie avait auparavant confirmé avoir voyagé avec son compagnon, le ministre des Relations avec le Parlement, dans le jet privé d'un homme d'affaires tunisien entre Tunis et la station balnéaire de Tabarka fin 2010, en pleine révolte populaire en Tunisie.

"Des assertions fausses"

L'homme d'affaires Aziz Miled, "nous a proposé de faire le vol avec lui plutôt que de faire (...) deux heures de voiture", a-t-elle dit sa sortie du conseil des ministres. "Il n'a pas mis son avion à disposition", a-t-elle ajouté en précisant qu'elle avait "toujours payé (ses) vacances".

Selon Michèle Alliot-Marie, Aziz Miled n'était pas un proche du président déchu Zine ben Ali, comme l'affirme Le Canard enchaîné, qui publie l'information mercredi. "Ce Monsieur est surtout une victime du clan Ben Ali", a-t-elle dit en refusant catégoriquement d'envisager de démissionner. "Pour des choses qui sont fausses, pour des assertions qui sont fausses ? Non, pas du tout."

Aziz Miled a cosigné l'an passé une tribune appelant le président Ben Ali à se présenter à l'élection de 2014, a fait partie de ses comités de campagne électorale et figure sur la liste des personnes dont la Suisse a gelé les avoirs après la fuite de Ben Ali sous la pression de la rue, le 14 janvier.

Selon la ministre, l'homme d'affaires a été spolié par Belhassen Trabelsi - beau-frère de Ben Ali - qui lui aurait pris 20% de sa compagnie aérienne, qu'il possédait totalement. Aziz Miled, aujourd'hui en exil au Canada, a retrouvé, après le départ du président tunisien, la présidence de l'entreprise qu'il avait cédée à Belhassen Trabelsi, signe selon la ministre qu'il n'était pas proche de l'ancien régime.

Des critiques venues aussi des rangs de la majorité

Michèle Alliot-Marie avait déjà été vivement critiquée pour avoir proposé l'aide de la France à la police tunisienne au moment où celle-ci réprimait des manifestations et validé l'envoi de grenades lacrymogènes en Tunisie deux jours avant la fuite de Ben Ali.

Le chef de file des députés socialistes, Jean-Marc Ayrault, a demandé sa démission. "La ministre des Affaires étrangères est aujourd'hui totalement disqualifiée pour représenter la France. Elle n'a plus sa place au gouvernement et doit donc démissionner", a-t-il dit aux agences de presse.

Une partie de la droite a également demandé des comptes. "Vous n'aurez pas (...) de réaction de ma part tant que je ne l'aurai pas entendue s'exprimer", a déclaré lors d'un point de presse le secrétaire général de l'UMP, Jean-François Copé, ajoutant: "On va voir ce qu'il y a dans cette affaire." Le chef de file des sénateurs UMP, Gérard Longuet, a jugé que "la ministre des Affaires étrangères aurait pu passer ses vacances en France".

Mais le gouvernement soutient Michèle Alliot-Marie. "Il y a quelque chose de dérisoire à voir le Parti socialiste demander la tête d'un ministre chaque semaine pour mieux marquer, en creux, son absence de contre-proposition sur le fond de la politique que nous menons", a déclaré son porte-parole, François Baroin, lors du compte rendu du conseil des ministres.