2012 : Sarkozy peut-il convaincre Villepin de ne pas entrer dans la course ?

Par latribune.fr  |   |  637  mots
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Le branle-bas de combat dans la majorité présidentielle, après la parution ce week end d'un sondage donnant Marine Le Pen en tête du premier tour, laisse à pense que le petit-déjeuner de ce lundi entre Nicolas Sarkozy et Dominique de Villepin a été largement consacré à l'élection présidentielle.

Deux tête-à-tête en moins de 15 jours ! Mais qu'ont-ils donc de si important à négocier ? Officiellement, Nicolas Sarkozy recevait à nouveau ce lundi, pour un copieux petit déjeuner, Dominique de Villepin pour préparer le Conseil européen de vendredi consacré à la situation en Libye et en Afrique du Nord. Ce sujet tient, de fait, à c?ur à l'ex-Premier ministre de Jacques Chirac qui l'avait déjà abordé lors le 24 février dernier avec le chef de L'Etat. Mais personne ne peut croire que les deux rivaux potentiels de la prochaine élection présidentielle n'aient pas abordé le sondage qui, ce week-end, a ébranlé les états-majors, à droite, comme à gauche.

A sa sortie de l'Elysée, Dominique de Villepin, d'habitude très prolixe devant les caméras et les micros, s'est d'ailleurs abstenu de toute déclaration. Mais à en croire les entretiens qu'il a accordé en amont de rendez-vous, tout laisse à penser que la question de son éventuelle entrée dans la course présidentielle a bien été abordée entre les deux hommes : "Qui peut croire que taire les différences fera reculer l'extrémisme ? Pourquoi ceux qui, comme moi, ont tiré depuis quatre ans la sonnette d'alarme devraient-ils s'effacer ?"se demande-t-il dans un entretien au Parisien de préciser le sens de son engagement : "S'engager, cela ne relève pas du désir personnel ou de l'ambition, c'est à mon sens un devoir de responsabilité (...) Cela ne saurait interdire, au contraire, d'aider mon pays face à d'aussi graves défis sur le plan extérieur ou intérieur".

"Le débat sur l'Islam alimente la progression du FN"

Même son de cloche dans le résumé du rendez-vous politique du dimanche soir de France Inter et iTélé que publie ce lundi le quotidien Le Monde, partenaire de cette émission : "Je le dis depuis des semaines : le débat sur l'islam fait le jeu des peurs, il alimente la progression du FN, qui se nourrit des peurs. C'est une faute qui résulte de la conviction qu'ont certains qu'on peut faire de la politique à travers les sondages." insiste Dominique de Villepin. Sur sa critique de la stratégie élyséenne, l'ancien Premier ministre maintient de toute évidence le cap. Mais quand on lui demande s'il pourrait se présenter à la présidentielle contre le chef de l'Etat ou en substitution de lui, sa réponse laisse planer le doute quant à ses intentions : "Si j'étais contre Nicolas Sarkozy, je n'accepterais pas les invitations qu'il m'adresse. Je suis très heureux lorsque les propositions que je fais sont reprises, qu'il s'agisse de la politique intérieure ou de la politique étrangère".

7% des voix qui peuvent faire la différence

Dominique de Villepin est-il sortir de son entretien avec Nicolas Sarkozy avec un autre état d'esprit ? Est-il prêt à accepter un compromis qui éviterait à la majorité présidentielle une trop grande dissémination des voix au premier tour ? Les résultats de l'enquête Harris Interactive, le créditent de 7% d'intentions de vote. Un score suffisamment important pour espérer se voir rembourser ses frais de campagne. Mais un score potentiel qui lui permettrait de négocier au prix fort son éventuel ralliement à la cause du Président sortant. En tout cas, dans le camp des ex-chiraquiens, de plus en plus de voix se font entendre pour éviter que le scénario du pire devienne réalité. "Dominique de Villepin a toute sa place dans la majorité. S'il peut la retrouver le plus vite possible, ce sera aussi un élément de réponse à M. Louis Harris" a ainsi estimé ce lundi sur Europe 1, François Baroin. Et le ministre du Budget et porte-parole du gouvernement de préciser son point de vue quant à l'éventuelle candidature de Villepin à la présidentielle : "Je ne la souhaite pas".