Polémiques autour d'un éventuel front républicain contre le FN

Par latribune.fr, avec Reuters  |   |  593  mots
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La posture à adopter face à la percée du Front national agite les états-majors des partis politiques avant le deuxième tour des élections cantonales de dimanche, avec une certaine confusion dans les rangs de l'UMP et davantage de clarté du côté du PS. François Fillon a demandé lundi soir aux électeurs de "voter contre le Front National".

L'UMP, créditée de 17% et talonnée par le Front national (15%) après le premier tour d'un scrutin qui confirme sa réputation de vote sanction, a défini sa stratégie dès dimanche soir par la voix de son secrétaire général, Jean-François Copé : "ni alliance avec le FN, ni front républicain."

Cette prise de position a fait grincer des dents au sein de la majorité, notamment chez les centristes, le MoDem la jugeant de son côté "irresponsable".

Le patron de l'UMP, qui mène depuis des semaines le débat dans la majorité sur la riposte à apporter à la montée du FN dans l'opinion, a tenté ce lundi de clarifier sa position. "Nous ne voterons jamais pour le Front national", a dit Jean-François Copé sur RTL. "De la même manière, pas question de préconiser un vote pour un front républicain car c'est un vote pour le PS". "La gauche et la droite, ce n'est pas pareil (...) Je ne vois pas pourquoi on appellerait à voter de façon systématique pour le PS".

Certains à l'UMP ne partagent pas ce point de vue, notamment Valérie Pécresse, ministre de l'Enseignement supérieur, qui a dit qu'elle voterait pour le candidat de gauche en cas de duel au second tour face au FN. "Elle a dit cela à titre personnel", a réagi Jean-François Copé en expliquant qu'il n'avait jamais "interdit de voter pour le PS" et qu'il laissait simplement le choix aux électeurs de droite.

Fillon invite les électeurs à votre contre le Front National

François Fillon a cherché à clore cette polémique en prenant ouvertement position sur le sujet à l'Assemblée nationale : "Il ne faut pas tomber dans tous les pièges que l'on nous tend. D'ici à dimanche, nous devons d'abord mobiliser les abstentionnistes. Et là où il y a un duel entre le PS et le FN, nous devons d'abord rappeler nos valeurs et rappeler que nos valeurs ne sont pas celles du Front national" a expliqué le Premier ministre avant de préciser sa pensée : "Nous devons appeler nos électeurs à faire le choix de la responsabilité dans la gestion des affaires locales. Et tout ceci conduit à voter contre le Front national"

La gauche plus claire à l'exception de Besancenot

A gauche, les choses sont plus claires. Le premier secrétaire du PS, Martine Aubry, dont le parti distance nettement l'UMP avec 25% des suffrages, a lancé dimanche soir un mot d'ordre sans équivoque. Il faut absolument empêcher le FN d'avoir des élus, a-t-elle insisté lors d'une conférence de presse commune avec Pierre Laurent (PCF) et Cécile Duflot (Europe écologie-Les Verts) sur une péniche parisienne.

Le porte-parole du PS, Benoît Hamon, a été encore plus explicite ce lundi matin. "Nous appelons à faire barrage au Front national et à utiliser le bulletin de vote adéquat", a-t-il précisé sur France Inter. "Si c'est un bulletin de vote UMP, utilisez-le pour éviter que le Front national ne l'emporte". "Oui, comme en mai 2002", a-t-il ajouté, en référence au second tour de la présidentielle cette année-là, qui avait vu Jacques Chirac étriller Jean-Marie Le Pen avec plus de 82% des voix grâce à un apport massif de voix de gauche.

Le nouveau parti anticapitaliste (NPA) d'Oliver Besancenot appelle lui "à voter pour le candidat de gauche lorsqu'il reste en lice contre le Front national" mais il "n'est pas pour la constitution d'un Front républicain et n'appelle pas à voter pour un candidat UMP contre le FN".