Le déclin de l'Europe selon Davos et... le patron de Total

Par latribune.fr  |   |  626  mots
(Crédits : MEDEF)
"L'Europe devrait être considérée comme un pays émergent", a affirmé Christophe de Margerie devant la presse à l'ouverture du Forum de Davos. Signal d'alarme...

Christophe de Margerie, le dirigeant du groupe pétrolier français Total, n'a pas l'habitude de mâcher ses mots. A l'ouverture du Forum économique mondial de Davos, mercredi 24 janvier, il a estimé devant la presse que "l'Europe devrait être reconsidérée comme un pays émergent" et non "comme une économie avancée au même titre que les Etats-Unis ou le Japon". Christophe de Margerie dont le groupe organise vendredi un dîner à Davos sur le futur de l'Europe, frappe fort, disant tout haut ce que beaucoup de participants pensent tout bas.

Le patron de Total estime que l'Europe, dont l'économie se débat dans une croissance molle, un chômage élevé et une inflation très faible, doit "refonder son modèle économique". "Reshaping the world" est d'ailleurs le thème de Davos cette année. Sans doute Christophe de Margerie l'a-t-il bien mieux compris que Pierre Moscovici, le ministre de l'Economie et des Finances, qui viendra passer deux jours à Davos cette année pour assurer... du contraire !

"Un nouveau départ"

"Aujourd'hui nous essayons juste de combattre ceux (les pays émergents qui exportent beaucoup) qui parfois fabriquent le même produit (que nous Européens), moins cher", a-t-il dit, appelant à développer de nouvelles compétences et à rétablir la compétitivité.

"Franchement, nous avons besoin d'un nouveau départ. Arrêtons de penser que nous pouvons redémarrer à partir de choses qui ne peuvent plus être sources de développement ou de croissance pour nos pays".

Il estime également qu'il faut "cesser de faire une différence entre le sud et le nord de l'Europe, car dans ce cas, l'Europe est morte".

"L'Europe n'est pas de retour" 

Un diagnostic assez largement partagé sur le fond par les "davosiens". Au cours d'une table ronde consacrée à l'Europe organisée par le Forum mercredi matin, les patrons de grandes entreprises se sont montrés plutôt pessimistes sur les perspectives à long terme du Vieux continent, malgré de maigres signes de reprise économique qui se profilent.

"Les choses semblent meilleures, elles semblent mieux qu'elles ne le sont vraiment, mais l'Europe n'est pas de retour", a déclaré Axel Weber, président du conseil d'administration de la banque suisse UBS et ancien patron de la banque centrale allemande.

Les économies européennes doivent, selon lui, mettre l'accent sur la technologie et l'innovation, notamment face à la montée en puissance de la Chine qui menace la compétitivité européenne.

"Une région qui ne prend pas soin de son avenir"

Le Fonds monétaire international (FMI) a relevé mardi sa prévision de croissance économique mondiale en 2014, estimant notamment que la zone euro était en train de "tourner le dos" à la récession, avec une croissance attendue à 1%.

Mais ce niveau reste insuffisant pour donner une impulsion durable, a souligné le Français Pierre Nanterme, qui pilote le groupe de conseil informatique américain Accenture et a appelé à "briser la malédiction" de la croissance morne. L'Europe, si elle n'engage pas davantage de réformes, risque de se trouver confronter à 20 à 25 ans de croissance sans relief, a-t-il mis en garde, évoquant un scénario à la japonaise qui se débat depuis 15 ans avec la déflation.

"L'Europe est une région qui ne prend pas soin de son avenir", a jugé kenneth Rogoff, professeur d'économie à l'université de Harvard, jugeant que le Vieux continent risquait de perdre toute une génération.

Ces experts ont mis une fois encore l'accent sur la nécessité de réduire les déficits, d'assouplir le marché du travail et de lutter en particulier contre le chômage des jeunes.

A suivre, avec l'arrivée à Davos du Dr Doom de l'économie mondiale et européenne en particulier, Nouriel Roubini...