Sondage : pour deux Français sur trois, l'information économique est incompréhensible

Par Philippe Mabille, à Lyon  |   |  450  mots
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Selon le sondage TNS Sofres réalisé par la Banque de France pour les JECO 2012, les Français sont assez lucides sur leur faible niveau de connaissance en économie. Et seuls un sur trois juge l'information économique "compréhensible". Dans leur sagesse, ils estiment à 82% que le niveau de la dette est inquiétant et pour relancer l'économie, réclament une hausse des petits salaires, plus de recherche et d'innovation et une baisse des impôts.

Nuls en économie, les Français ? En tout cas, ils sont 59% à reconnaître avoir un niveau de connaissance moyen, 22% assez faible et 10% très faible, selon le nouveau sondage TNS Sofres réalisé par la Banque de France pour l'ouverture des journées de l'Economie 2012 à Lyon. Une autoévaluation qui confirme ce que l'on savait déjà : en 2011, une étude du Codice, le comité pour le développement de l'information économique à qui Bercy a depuis coupé les vivres, faute de résultat tangibles sans doute, les Français avaient obtenu une note de 8,3 sur 20 à un test d'evaluation composé de questions basiques sur leurs connaissances en la matière.

L'économie, cela reste donc encore très compliqué pour une majorité de Français et c'est doute lié à la manière dont elle est enseignée ou pas enseignée dans la plupart des cas.
Autre référence stable dans le temps, 6 Français sur 10 porte un jugement sévère sur l'information économique qui leur est donnée et seulement 37% la juge "compréhensible". La complexité de la crise, de ses causes et de ses conséquences, et des réponses multiformes à y apportée continue de creuser un fossé entre la majorité des citoyens et les élites censées le lui expliquer. Journalistes et économistes, venus en nombre participer cette année encore aux Jeco à Lyon, ont encore du pain sur la planche. Ces résultats expliquent cependant certainement le succès de cette manifestation populaire et ouverte à tous et dont l'ambition est de démocratiser l'Economie.

Le sondage de la Banque de France apporte quelques autres enseignements intéressants. D'abord la grande sagesse des Français qui se disent à 82% inquiets du niveau des déficits et de la dette publique. Ils ressentent durement la crise economique puisqu'un tiers des sondés disent rencontrer des difficultés actuellement. Et si on leur donnaient le pouvoir, ils estiment que les mesures les plus efficaces pour relancer la croissance serait dans l'ordre : d'augmenter les petits salaires (55%), de stimuler l'innovation et la recherche et baisser les impôts. Sans surprise, le renforcement de l'intégration européenne comme tente de le faire le gouvernement Hollande pour mettre fin à la crise de l'euro ne séduit que 13% d'entre eux... Mais, ce qui est cohérent avec l'angoisse sur la dette, seuls 3% croient que la solution consiste à augmenter la dépense publique.
Le sondage converge donc assez bien avec la politique économique du gouvernement, à la question de la hausse des salaires près. Il faut dire que les Français ont aussi tendance à surestimer l'inflation avec un ressenti majoritaire d'une hausse des prix supérieure à 3% alors qu'elle n'est en réalité que de 2% !