Pour sortir de la crise, la France doit profiter des bonnes perspectives américaines

Par Sébastien Laye  |   |  614  mots
Le marché de l'emploi américain reprend des couleurs... et pour longtemps. (c) Reuters
Pour notre contributeur à New-York, Sébastien Laye, les États-Unis sont loin d'avoir perdu leur leadership économique mondial. Et la France pourrait bien en profiter...

Si la vulgate keynésienne a coutume de nous marteler son crédo bien connu, "à long terme nous serons tous morts", c'est bien à l'aune de cet horizon de 10-20 ans que se juge la richesse des nations. A cet égard, de toutes les puissances économiques actuelles, les États-Unis disposent du réservoir de croissance le plus conséquent. Loin de laisser le leadership mondial  à la Chine, nous prédisons que la prévalence économique américaine sera plus marquée en 2025 qu'en 2013… Et par le truchement de l'attendu TTIP (accord transatlantique de libre-échange), la France a une chance historique de profiter de cette nouvelle manne.

Comme l'a récemment analysé le consultant financier Gary Shilling, les États-Unis disposent d'un premier atout dans le combat pour la croissance future, qui est celui de la démographie : en vivant aux États-Unis, force est de constater l'afflux constant de nouveaux immigrés et leur forte vitalité démographique, qui est l'alpha et l'oméga du marché immobilier résidentiel mais  fournit aussi une main d'œuvre à bas coûts pour les emplois peu qualifiés ( à l'autre bout du spectre d'emplois, l'immigration abreuve en cerveaux scientifiques l'université et le monde de l'entreprise technologique). Cet afflux migratoire permet aussi de financer le système des retraites.

Modération salariale

Nous ajouterions au constat de Shilling, la permanence depuis 2009 d'une main d'œuvre locale marquée par un désir de retour à l'emploi, et donc avec des revendications salariales différentes de ce qu'on peut trouver en France. La crise a fait son œuvre et l'ajustement s'est fait par la modération salariale, qui a par exemple sauvé l'industrie automobile.  Le troisième atout américain (qu'on ne retrouve pas à la même échelle dans d'autre pays) est la permanence d'un esprit entrepreneurial, suscité par une pensée universitaire qui encourage l'indépendance de pensée et la prise de risque pour le bien de la communauté. A rebours, l'économie chinoise demeure très bureaucratique, lardée d'entreprises d'État inefficaces.

Un point peu souvent mentionné par les analyses sur les États-Unis en France - et là encore, une conséquence de la crise - est la hausse tendancielle du taux d'épargne des ménages américains : la génération actuelle de trentenaires s'achemine vers un taux d'épargne de 10%, ce qui signifie que le financement de l'économie américaine va devenir à nouveau domestique, soutenant également un dollar à un niveau actuel que d'aucuns jugent survalorisé, et par ce truchement consacrant - malgré les critiques - le dollar comme la monnaie des échanges internationaux pour des décennies supplémentaires.

Une aubaine pour la France

Le lecteur français peut s'irriter ou se féliciter de cet avenir en rose pour l'économie américaine : il va pourtant, si les négociations aboutissent, en profiter par le biais de l'accord de libre-échange transatlantique TTIP. Les États-Unis et l'Europe constituent un marché transatlantique naturel, pourtant entravé par de nombreuses barrières règlementaires. La zone transatlantique représente un tiers du commerce mondial et la moitié du PIB mondial. Treize millions d'emplois actuels sont dus à des flux physiques ou de capitaux entre les États-Unis et l'Europe ! L'élimination des barrières non tarifaires, dans le respect des normes environnementales et du principe de précaution, est un enjeu majeur, et encore plus crucial pour la France que les États-Unis : nous devons faire feu de tout bois pour augmenter notre croissance potentielle, en commençant par consolider et fortifier le marché naturel de nos entreprises, et leur offrir la chance de capturer une part de la future croissance américaine pour créer des emplois en France.