La génération alpha est déjà là !

Par Philippe Cahen  |   |  448  mots
Reuters
Nous sommes passés de l’Anthropocène au Robotcène : plusieurs signaux faibles étaye cette thèse. L’un des signaux les plus évidents est le changement de génération.

Dans le billet Nous sommes en Robotcène, j'expliquais comment nous sommes passés de l'ère où l'homme a dominé la nature à l'ère où la machine est dans la complémentarité intime de l'homme.

Une génération regroupe des individus ayant vécu autour de leurs 20 ans des événements fédérateurs. On parle de la génération « Libération », née entre 1920 et 1930 ayant eu environ 20 ans à la Libération, en 1944. Ils vivent alors un événement fédérateur. Les générations d'après-guerre ont un âge plus tardif (25 ans) et sont plus longues.

La génération baby-boomer est née entre 1945 et 1955, élargie à 1960-1965, elle vit le début des Trente Glorieuses et l'emploi pour tous. Ce sont les « soixantehuitards » qui se caractérisent aujourd'hui par leur entrée en retraite.

Puis il y a eu la génération « crise », la génération X (1960-1965/1975-1980), la première génération confrontée au chômage de masse, coincée entre la génération des « boomers » et la génération Y, qui la bouscule.

La génération Y ou génération Erasmus (1975-1980/1990-2000) est le plus grand choc générationnel de l'humanité : pour la première fois, les enfants apprennent à leurs parents à se servir de leurs outils quotidiens, téléphones puis smartphones, ordinateurs puis tablettes.

En entrant sur le marché du travail, cette génération impose aux entreprises le BYOD (« Bring your own device » pour « apportez vos appareils personnels »), car elle a dans sa poche des outils plus perfectionnés que ceux que l'entreprise propose. Pour la première fois, les salariés imposent des outils aux entreprises.

La génération qui suit, née après 2000, est celle des alphas. Cette génération naît avec le smartphone et la tablette. Selon Common Sense Media (société californienne), 10% des moins de 2 ans ont utilisé un smartphone en 2011, 38% en 2013 !

Cette génération parle le « Google ». Leur prothèse de lien (avec les amis, l'information, le commerce) est en main, la connaissance est à portée de clic.

L'enseignement s'inverse : apprendre à la maison, faire les exercices avec les enseignants en classe. L'école 42 de Xavier Niel en est un prototype.

La génération alpha est une rupture avec… le lycée napoléonien. L'anthropocène est révolu. Le savoir est un acquis, place à la création, à l'imagination, à l'intuition. La génération alpha est le début d'un temps nouveau.

Je repars en plongée.

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L'ouvrage le plus récent de Philippe Cahen :
Les Secrets de la prospective par les signaux faibles, Éditions Kawa, 2013.