Climat : des objectifs ambitieux… mais quels moyens et quelle méthode ?

Par Florence Autret  |   |  503  mots
Florence Autret, correspondante à Bruxelles pour La Tribune.
Finalement, ils sont donc tombés d'accord. Cela n'aura pas été facile mais après une longue longue soirée, les dirigeants européens ont décidé de continuer à mener la course contre le changement climatique

Réduction de 40% des émissions de gaz à effet de serre d'ici 2020 par rapport à 1990, part des renouvelables portée à 27% alors qu'elle n'est que de 14% en Europe en moyenne et dans les principales économies de l'Union comme la France, l'Allemagne ou l'Italie, et enfin une amélioration de l'efficacité énergétique de 30% toujours d'ici 2030. Donc acte.

Des engagements qui soulèvent beaucoup de questions

D'abord qui va piloter ce programme à l'avenir à Bruxelles ? Là c'est intéressant car la Commission Juncker marque une rupture. Nous avions jusqu'à présent un commissaire à l'energie, allemand, et une commissaire au changement climatique, danoise, qui incarnaient l'opposition entre les impératifs économique et écologique.

A partir du 1er novembre, c'est l'Espagnol Miguel Arias Canete, un conservateur espagnol, qui sera en charge à la fois de l'énergie et du climat, avec au-dessus de lui un vice-président pour l'union de l'énergie, Maros Sefcovic, social démocrate slovaque. Des deux ce ne sera pas forcément le plus titré qui sera le plus fort car à la Commission européenne c'est celui qui dirige les services, qui contrôle les directions générales, qui a réellement le pouvoir.

Comment seront financés les investissements ?

Les Vingt-Huit ont décidé d'aider les pays qui étaient à la fois les plus dépendants des énergies fossiles et les moins riches... en utilisant les moyens générés par la vente des quotas de CO2.

Ici les Européens buttent toutefois sur une des défaillances de leur stratégie : le dysfonctionnement du marché du carbone dont le prix à la tonne devrait être autour de 30 euros pour réellement inciter les industriels à faire les investissements nécessaires à la réduction des émissions. Or la tonne est autour de 6 euros. Autant dire que cela ne fonctionne pas.... Or l'Europe prévoit que la moitié de la réduction des émissions de CO2 provienne justement de ce mécanisme. Il va donc falloir créer de la rareté sur ce marché, pour faire remonter les prix. Et cela promet d'être une négociation difficile car bien sûr il en va de la compétitivité des industries les plus émettrices.

Pour l'autre moitié de la réduction, comme les transports, l'agriculture ou le logement, chaque Etat membre devra remplir l'objectif de réduction. Et là les choses promettent d'être compliquées car certains pays sont très très loin du compte.

Que vont obtenir les Européens de leurs partenaires?

Deux rendez-vous importants : la conférence COP 20 de Lima en décembre et la COP 21 en 2015 qui aura lieu en France. Pour l'instant, nous n'avons aucune assurance que la Chine et les Etats-Unis qui émettent 40% du CO2 (contre 10% pour les Européens) prennent des engagements fermes.

La stratégie actée hier est donc à la fois courageuse et risquée. La commission Juncker aura beaucoup à faire pour mettre au point ses instruments. Mais comme l'a dit la chancelière Angela Merkel après les discussions : d'ici 2030, beaucoup de choses peuvent se passer.