82,3 milliards d'euros de profits pour les entreprises du CAC 40 en 2010

Par latribune.fr  |   |  771  mots
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L'exercice 2010 s'est révélé de très belle facture pour les entreprises du CAC 40. Le millésime 2011 s'annonce plus difficile.

La période de publication des résultats 2010 des entreprises qui composent l'indice CAC 40 s'est clôturée ce mercredi avec EADS et les bénéfices annoncés ont pratiquement doublé par rapport à 2009, pour terminer à un niveau proche d'avant la crise. Le niveau record de profits établi en 2007 pourrait être dépassé cette année avec l'accélération de la croissance mondiale, mais la hausse du coût des matières premières pourrait menacer ce pronostic.

"On est quasiment revenu au plus haut d'avant la crise (...) Ce sont des chiffres spectaculaires mais il ne faut pas oublier que la progression est calculée sur une base très favorable qu'est 2009", note Yves Maillot, directeur des investissements et de la gestion actions chez Robeco. "Globalement le bilan est très satisfaisant. Il n'y a pas vraiment eu de franches mauvaises surprises (...) Ce sont de bons résultats, une confirmation de la reprise et le retour d'une très bonne profitabilité".

Les groupes du CAC 40 ont dégagé un bénéfice net part du groupe total de 82,3 milliards d'euros, contre 44,7 milliards en 2009, et 88 milliards d'euros en 2007. En excluant Alstom et Pernod Ricard dont les exercices fiscaux sont décalés par rapport au calendrier, les profits du CAC 40 ressortent en hausse de 89%, à 80,4 milliards d'euros. De nombreuses entreprises avaient toutefois volontairement annoncé des prévisions timides, relèvent plusieurs gérants, les
entreprises préférant se montrer prudentes jusqu'au dernier moment malgré la croissance des marchés émergents, qui a notamment soutenu l'activité du secteur du luxe.

Plus généralement, les sociétés tournées vers les émergents, mais aussi vers les Etats-Unis, qui "montrent de vrais signes dereprise", sont celles qui ont enregistré de bonnes performances, souligne Eric Turjeman, responsable des expertises actions chez Amundi, jugeant plutôt bonnes les prévisions des entreprises et ne relevant aucune révision à la baisse. "La hausse des matières premières sera le point à surveiller pour l'année 2011. L'augmentation des prix des matières premières agricoles et la hausse du pétrole impacteront clairement les coûts des entreprises, ce qui affectera les marges opérationnelles", prévient cependant Joffrey Ouafqa, analyste-gérant chez Convictions AM.

"Cela pourrait être le point de déception des prochaines publications. Le secteur le plus touché sur ce point pourrait être l'alimentation, notamment Danone, (...) Les constructeurs automobiles devraient aussi souffrir." En revanche, les pétrolières intégrées devraient bien se comporter en 2011 du fait de la hausse des cours du baril, qu'elles répercutent facilement et rapidement, et d'un dividende important avec un rendement d'environ 5%, juge Joffrey Ouafqa.

Sur le plan sectoriel, les gérants saluent particulièrement le redressement en 2010 des constructeurs automobiles, en perte en 2009 (-4,3 milliards d'euros) mais bénéficiaires l'an dernier (+4,6 milliards d'euros). "Le secteur automobile (...) renaît de ses cendres. Il y adeux ans les constructeurs étaient pratiquement en état de faillite et aujourd'hui on a vu un retour des marges et une amélioration de leurs déséquilibres bilanciels", note Pascal Heurtault, directeur des investissements Aviva Investor France, soulignant le rôle des pays émergents. Le secteur bancaire a de son côté rassuré le marché après trois années difficiles, avec des profits plus que doublés à près de 15 milliards d'euros en 2010. "En Bourse, les valeurs bancaires ont tiré l'indice depuis le début de l'année mais on peut se demander dans quelle mesure ces résultats sont déjà intégrés dans les cours et s'interroger sur ce qu'il se passera en 2011", note toutefois Yves Maillot.

S'agissant des dividendes, ceux-ci ont suivi la remontée des bénéfices mais le taux de distribution n'est pas remonté pour autant, déclare Gilles Guibout, gérant chez Axa Framlington. "Les dirigeants, dans une perspective de croissance, ont le choix entre: verser des dividendes, investir pour maintenir ou développer leur part de marché ou réaliser des acquisitions. Il y a depuis le début de l'année un regain des opérations financières et beaucoup d'intérêt pour la thématique des fusions-acquisitions (M&A)", ajoute-t-il.

"Cela va finir par des OPA et 2011 devrait marquer la reprise du M&A. Tout est fait pour ça (du cash dans les entreprises, le désendettement, des taux d'intérêt bas) et les cours des actions ne sont pas trop chers. Les opérations de M&A devraient plutôt se faire en direction des Mid Cap plus simples à réaliser que les grosses acquisitions", avance de son côté Eric Turjeman.