Les taux français n'ont jamais été aussi bas

Par Christine Lejoux  |   |  299  mots
Ce n'est pas la qualité du "papier français" qui attire les investisseurs, mais une rémunération supérieure à celle de l'obligation d'Etat allemande / Copyright Reuters
Le taux à 10 ans est tombé jeudi à 2,351%, son plus bas niveau historique, la dette française bénéficiant d'arbitrages défavorables au Bund allemand.

Les investisseurs font à nouveau montre d'appétit pour la dette de la France. En apparence, du moins. Le taux français à 10 ans est tombé jeudi matin à son plus bas niveau historique, à 2,351%, signe d'une forte demande pour les obligations d'Etat, dont les cours évoluent en sens inverse de leur rendement. Mais qu'on ne s'y trompe pas : ce n'est pas la qualité du « papier » français qui attire les investisseurs. Pas plus tard qu'hier, la Commission européenne a en effet émis des doutes sur la capacité de la France à ramener son déficit public de 5,2% du Produit intérieur brut (PIB) fin 2011 à 3% fin 2013.

C'est par défaut, tout simplement, que les investisseurs se rabattent sur la dette française. En effet, à force de jouer le rôle de valeur refuge dans une Europe en butte à la crise des dettes souveraines, le Bund allemand a vu son rendement fléchir à 1,269% mercredi, son plus bas niveau depuis la création de la zone euro, il y a treize ans.

La recherche de rémunérations plus attractives

Les investisseurs se mettent donc en quête de rémunérations plus attractives. Or la France représente une sorte de juste milieu entre la dette allemande, qui ne rapporte presque plus rien, et les obligations d'Etat espagnole et italienne, qui offrent certes des rendements élevés, à 6,506% et 5,835% respectivement, mais qui présentent un risque de taille, compte tenu des difficultés financières de ces deux pays.

De la même façon, les rendements néerlandais et autrichien sont tombés à des niveaux record, jeudi, les Pays-Bas et l'Autriche étant eux aussi considérés comme de bons compromis en termes de sécurité et de rémunération. Le taux à 10 ans des Pays-Bas n'excédait pas 1,644% jeudi, et celui de l'Autriche, 2,16%.