Pourquoi les actions ont de nouveau la cote

Par Pascale Besses-Boumard  |   |  689  mots
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Nombre de spécialistes s'éloignent aujourd'hui des obligations, jugées trop chères. Sans parler encore de bulle, ils privilégient les actions, largement massacrées depuis quatre ans et susceptibles de profiter à plein de la croissance des pays émergents.

L?idée commence à se répandre largement parmi les professionnels de la finance : les beaux jours des obligations sont derrière nous et il est grand temps de se repositionner sur les actions. C?est en tout cas clairement le message que font passer les équipes de Bank of America Merrill Lynch. Cette conclusion s'appuie sur deux paramètres : il faut effectivement s?éloigner des obligations car elles sont devenue trop chères et n?offrent plus de potentiel de rendement satisfaisant. Hormis peut-être les obligations à haut rendement (« high yield ») qui supposent une prise de risque plus élevée car émises par des signatures moins sûres que celles en « investment grade ». « L?excès d?optimisme, les niveaux surachetés et la faiblesse des revenus sur les marchés de taux semblent se conjuguer pour marquer la fin du marché haussier des obligations », soutient ainsi Thierry Cottet.

Très nette supériorité des actions

Ensuite, les spécialistes de l?établissement financier estiment que les actions présentent aujourd?hui une série d?avantages leur conférant une très nette supériorité sur les obligations, contrairement à ce que l?on a pu connaitre ces deux dernières années. « La valorisation des actions n?a jamais été aussi attrayante depuis plus de deux décennies par rapport aux obligations d?entreprises bien notées », affirme ainsi Michael Hartnett, directeur de la stratégie. Et d?énumérer ces avantages : tout d?abord un niveau de valorisation particulièrement attractif après quatre années de massacre boursier; la liquidité est là depuis l?action quasiment concomitante des banques centrales américaine et européenne permettant un meilleur flux des capitaux; enfin le contexte, qui redevient porteur pour les entreprises, surtout celles qui ont réussi à naviguer dans la crise et réalisent une large part de leur chiffre d?affaires avec les pays émergents. Grâce aux restructurations déjà opérées, leurs coûts de production diminuent. De même les coûts du capital sont-ils en repli en raison du niveau historiquement bas des taux d?intérêt. Sans parler d?une probable évolution à la baisse des prix des matières premières, compte tenu des nouveaux modes d?extraction du pétrole et du gaz de schiste. Nouveaux modes dont se sont emparés les Etats-Unis et qui pourraient leur permettre, à terme, d?être auto-suffisants en matière pétrolière.

L'Europe dispose de 350 millions de consommateurs dotés d'un fort pouvoir d'achat

Parmi les zones géographiques privilégiées par BofA Merrill Lynch pour entreprises, l?Europe, plus particulièrement pénalisées ces dernière années, est en bonne place. Et même si elle est en panne de croissance, ses 350 millions de consommateurs conservent un pouvoir d?achat sans commune mesure avec celui des pays émergents. « En 2013, on devrait connaître une normalisation des marchés qui vont davantage s?intéresser à la croissance de l?économie et des entreprises qu?aux éléments politiques », soutient Thierry Cottet.
Un signal positif pour les indices mondiaux ? C?est ce qu?augurent en tout cas, les équipes de la banque avec notamment un indice S & P 500 en progrès de 10 à 12% à la fin de l?année pour un niveau de PE (price earning ratio ou ratio de capitalisation) de 15.
Reste maintenant à convaincre les investisseurs de ces bonnes nouvelles en perspective. Pour l?heure, ils semblent toujours aussi frileux si l?on en juge par l?évolution du CAC 40 qui ne bouge guère depuis deux semaines. A l?opposé de ce que l?on peut constater sur les places italienne et espagnole en hausse respectivement de 7,4% et 5,2% depuis le début de l?année. Après avoir, certes, été nettement plus attaquées que leurs homologues européennes l?an passé. Nombre d?intervenants semblent effectivement aborder un discours plus optimiste depuis le dernier trimestre 2012. Pour autant, ils ont encore du mal à passer à l?acte et se repositionner franchement sur les actions.
 

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