L'échec de Trump sur l'Obamacare provoque une ruée sur la dette de la zone euro

Par latribune.fr  |   |  634  mots
Donald Trump peut grimacer. Le 45e président américain a été incapable, vendredi, de faire "whiper" le vote de sa majorité sur l'Obamacare.
La Bourse de New York ouvre dans le rouge, celle de Paris aussi, et l'indice VIX bondit de près de 13%. L'incapacité du président américain à faire adopter un texte majeur par un Congrès rétif et divisé sème le doute sur ses autres réformes emblématiques, et les investisseurs se replient sur les valeurs refuges.

[ Article publié le lundi 27 mars 2017 à 15h, mis à jour à 16h ]

Vendredi soir, Donald Trump a jeté l'éponge. Incapable de réunir les modérés et les ultras de son propre camp autour de son projet d'abrogation de la loi sur l'assurance-maladie de son prédécesseur Barack Obama, le bouillant milliardaire et actuel président des Etats-Unis a préféré ajourner le vote du Congrès qui avait déjà été reporté jeudi soir pour les mêmes raisons.

Mais lundi, ce revers politique cinglant profitait aux obligations d'Etat des pays de la zone euro, lesquelles obligations jouent leur rôle de valeur refuge auprès d'investisseurs qui commencent à douter de la capacité du président américain à mettre en oeuvre son programme économique.

    >Lire : Wall Street trop optimiste sur les promesses de Trump, selon des économistes

Ainsi, les rendements des obligations allemandes et françaises à 10 ans ont perdu chacun autour de 4 points de base, tombant à des creux de trois semaines, à respectivement 0,36% et 0,96%, avant de se redresser un peu.

Le resserrement monétaire de la BCE un peu moins probable

Ceux des obligations d'autres Etats de la zone euro ont perdu de 5 à 6 points de base tandis que les rendements des Treasuries américains à 10 ans tombaient à un creux d'un mois, autour de 2,35%.

Les doutes sur la politique économique de Donald Trump conduisent en outre les analystes à revoir à la baisse la probabilité d'un resserrement monétaire de la part de la Banque centrale européenne (BCE).

"Les doutes concernant les mesures de Trump en faveur de la croissance conduisent les investisseurs à réévaluer l'avenir. Cela signifie également que les paris sur un resserrement de la part de la BCE, avec certains investisseurs qui misaient sur un relèvement de son taux de dépôt, sont en train d'être revus", explique Martin van Vliet, en charge de la stratégie de taux chez ING.

Ruée sur les valeurs refuges : emprunts d'Etat, yen, franc suisse, or...

Christian Lenk (DZ Bank) replace pour sa part l'engouement pour les taux fixes dans leur contexte, avec de bonnes performances pour les Treasuries sur fond de repli des marchés actions et du dollar.

Lundi, Wall Street est attendue dans le rouge et le dollar se déprécie après l'échec du projet de réforme de l'assurance santé voulu par Donald Trump, l'incapacité du président américain à faire adopter un texte majeur par un Congrès rétif et divisé semant le doute sur ses autres réformes emblématiques. De fait, les investisseurs ont tendance à se replier sur les valeurs refuges comme les emprunts d'Etat, le yen, le franc suisse et l'or.

Les bancaires chahutées en avant-Bourse

Déjà, jeudi, la Bourse de New York avait basculé dans le rouge jeudi en fin de séance à l'annonce du report du vote de la chambre basse du Congrès après l'absence de majorité républicaine pour le même vote.

Et ce lundi, les banques de Wall Street, qui avaient largement profité des promesses de relance de Donald Trump, souffrent maintenant des doutes sur sa capacité à les tenir et reculent en avant-Bourse, notamment Bank of America (-1,8%), Citigroup (-1,5%), JPMorgan (-1,4%) et Goldman Sachs (-1,5%)

Wall Street ouvre en baisse

Quelques minutes après le début des échanges, l'indice Dow Jones perd 139,29 points, soit 0,68%, à 20.457,43. Le Standard & Poor's 500, plus large, recule de 0,75% à 2.326,33, son plus bas niveau depuis le 14 février, et le Nasdaq Composite cède 0,8% à 5.782,05.

Au moment de l'ouverture de Wall Street, les places européennes étaient elles aussi orientées à la baisse: l'indice Stoxx 600 abandonnait 0,76%, la Bourse de Paris 0,43% , Londres 0,93% et Francfort 1,05%.

L'indice de volatilité VIX bondit de près de 13% et a passé le seuil des 15 pour la première fois depuis la mi-novembre.

(Avec Reuters)