Le gendarme de la Bourse prend des mesures fortes pour limiter le stress des marchés

Par Latribune.fr avec AFP  |   |  607  mots
(Crédits : Banque de France)
L'Autorité des marchés financiers interdit, à compter de ce mercredi 18 mars, toutes les positions courtes en Bourse, et donc toutes les ventes à découvert, pendant un mois. Elle envisage également de modifier les coupe-circuits pour que la suspension temporaire de la cotation d'un titre dure plus longtemps. Objectif : que les acteurs aient plus de temps pour reprendre leurs esprits.

L'Autorité des marchés financiers (AMF) prend des mesures plus fortes pour tenter de limiter l'hémorragie des marchés boursiers provoquée par la crise sanitaire du coronavirus. Après avoir interdit, mardi 17 mars et pour 24 heures, la vente à découvert sur 92 valeurs françaises, le gendarme de la Bourse a décidé d'interdire, à compter de ce mercredi 18 mars, toutes les positions courtes en Bourse, et donc toutes les ventes à découvert, pendant un mois.

L'AMF indique avoir "décidé d'interdire avec effet immédiat toute nouvelle création de position courte nette et toute augmentation d'une position existante", dans un court communiqué. L'interdiction "s'applique à compter du 18 mars 2020 à 0 heure jusqu'au 16 avril 2020 à minuit", précise le texte.

La vente à découvert, un mécanisme spéculatif décrié

La vente à découvert consiste à vendre un titre que l'on ne détient pas, mais dont on suppose que le cours va baisser afin de réaliser une plus-value, par un mécanisme de vente, d'emprunt puis de rachat.

Très concrètement, il s'agit pour un investisseur de vendre des actions qu'il ne possède pas. En revanche, il doit les livrer sous trois jours. Pour pouvoir respecter cette obligation de livraison, il devra alors emprunter les titres en question. A l'échéance de son emprunt, il rachète les titres en pariant que le cours aura baissé et en espérant ainsi que la plus-value réalisée soit supérieure à son coût d'emprunt. Le gain correspond alors au prix de vente - le prix d'achat - le coût de l'emprunt.

Une position courte consiste, elle, à être vendeur car on s'attend à une baisse de prix dans le futur. Elle s'oppose à une position longue qui correspond à une position d'acheteur, car on mise sur l'appréciation de la valeur du titre.

Mesure similaire en Espagne

La vente à découvert est un mécanisme particulièrement décrié en temps de crise car elle permet de spéculer à la baisse. De telles positions ont un effet mécanique sur le cours des actions qui baisse, et précipitent l'effondrement du cours du titre. C'est ce que souhaite enrayer l'AMF.

Hier, lorsqu'elle a interdit temporairement les ventes à découvert sur 92 valeurs, notamment dans les secteurs de la banque et de l'assurance, le ministre de l'Economie et des Finances Bruno Le Maire a salué cette décision.

"C'est une bonne décision et une décision nécessaire", avait-il affirmé lors d'une conférence de presse téléphonique. "Nous sommes prêts à aller plus loin et nous sommes prêts à aller jusqu'à l'interdiction d'un mois des ventes à découvert", avait-il ajouté.

Un pas qu'avaient déjà franchi nos voisins espagnols en interdisant cette pratique dès mardi, et pour une durée d'un mois.

Les coupe-circuits modifiés ?

Outre les positions courtes, le gendarme français de la Bourse pourrait prendre d'autres dispositions. Dans une interview accordée à nos confrères des Echos, Robert Ophèle, le patron de l'Autorité des marchés financiers, a indiqué que la durée actuelle des suspensions de cotation pourrait être allongée.

"Pour le CAC 40, la cotation de chaque valeur est momentanément suspendue à partir de 8% de recul. La durée de la suspension est de 3 minutes lorsque ce seuil est touché une première fois, puis de 10 minutes s'il est touché de nouveau après la reprise. Demain, ce temps de 10 minutes pourrait être allongé. Il faut que les acteurs aient plus de temps pour reprendre leurs esprits. Il ne faut cependant pas que cette suspension dure trop longtemps. Il faut trouver la durée adéquate", a-t-il détaillé.