Coronavirus : le gendarme boursier restreint la vente à découvert pour stopper l'hémorragie

L'Autorité des marchés financiers a décidé d'interdire, ce mardi 17 mars et sur une centaine de titres cotés à la Bourse de Paris, la vente à découvert, mécanisme par lequel les investisseurs spéculent à la baisse.

La nouvelle chute vertigineuse enregistrée par les marchés lundi a poussé le gendarme français de la Bourse à réagir. Ce mardi 17 mars, la vente à découvert sera temporairement interdite sur 92 valeurs, a annoncé dans un communiqué l'Autorité des marchés financiers (AMF), quelques minutes avant l'ouverture de la Bourse de Paris.

"Tenant compte des baisses de cours significatives survenues ces derniers jours sur les marchés financiers, l'Autorité des marchés financiers a décidé de prendre une mesure d'urgence sur le fondement du règlement européen sur les ventes à découvert. En conséquence, 92 valeurs seront interdites à la vente à découvert lors de la séance du 17 mars 2020", détaille le régulateur.

Parier sur la baisse d'un titre

La vente à découvert consiste à vendre un titre que l'on ne détient pas, mais dont on suppose que le cours va baisser afin de réaliser une plus-value, par un mécanisme de vente, d'emprunt puis de rachat.

Très concrètement, il s'agit pour un investisseur de vendre des actions qu'il ne possède pas. En revanche, il doit les livrer sous trois jours. Pour pouvoir respecter cette obligation de livraison, il devra alors emprunter les titres en question. A l'échéance de son emprunt, il rachète les titres en pariant que le cours aura baissé et en espérant ainsi que la plus-value réalisée soit supérieure à son coût d'emprunt. Le gain correspond alors au prix de vente - le prix d'achat - le coût de l'emprunt.

Stopper l'effondrement

La vente à découvert présente certains avantages pour les marchés. Elle permet aux acteurs économiques de prendre des positions sur des titres sans être contraints de les posséder. Cela augmente donc la liquidité. Mais en cas de crise, elle peut se transformer en véritable "bête noire" pour les régulateurs car elle permet de spéculer à la baisse. De telles positions ont un effet mécanique sur le cours des actions qui baisse, et précipitent l'effondrement du cours du titre. C'est ce que souhaite enrayer l'AMF.

Pour tenter de stopper l'hémorragie, le gendarme de la Bourse s'appuie sur l'article 23 du règlement européen sur les ventes à découvert. Celui-ci "permet, en effet, à une autorité, lorsqu'un instrument financier a enregistré, au cours d'une seule journée de négociation, une baisse significative de restreindre temporairement la vente à découvert", rappelle l'AMF. "Par baisse significative, le dispositif européen impose une baisse de plus de 10% pour les valeurs liquides", précise l'autorité.

Par le passé, le gendarme boursier avait été amené à décider de mesures sur certaines valeurs financières, à l'été 2011 notamment et donc avant l'application du règlement européen.

"C'est une bonne décision et une décision nécessaire", a affirmé le ministre français des Finances Bruno Le Maire lors d'une conférence de presse téléphonique. "Nous sommes prêts à aller plus loin et nous sommes prêts à aller jusqu'à l'interdiction d'un mois des ventes à découvert", a-t-il ajouté, souhaitant que cette décision soit prise au niveau européen.

Les valeurs bancaires concernées

Comme les autres grandes places mondiales, la Bourse de Paris a connu, le 16 mars, un lundi noir, après avoir déjà dégringolé la semaine précédente (-20%), face à l'aggravation des craintes sur le conséquences économiques de la pandémie de maladie liée au coronavirus.

Alors que la Bourse rebondit un peu mardi, l'interdiction de l'AMF concerne plusieurs grands noms du CAC 40, en particulier dans la banque et l'assurance: Axa, BNP Paribas, Crédit Agricole et Société Générale.

Au sein de l'indice vedette, le secteur industriel est aussi concerné avec Saint-Gobain, Safran dans l'aéronautique et Renault dans l'automobile. S'y ajoutent Vinci dans le BTP, et Capgemini ainsi que Dassault Systèmes dans les technologies.

(avec AFP)

Sujets les + lus

|

Sujets les + commentés

Commentaires 5
à écrit le 17/03/2020 à 12:44
Signaler
La Vad , c'est du pari, ce n'est pas de l'investissement. Cela relève plus de la Française des jeux et devrait être supprimé et interdit tout court.

à écrit le 17/03/2020 à 12:30
Signaler
Le debut d'un etat totalitaire et le fin d'un pseudo-democratie.

le 17/03/2020 à 14:35
Signaler
Les Etats totalitaires se nourrissent plutôt de l'abaissement du niveau de culture général et de perte du sens critique de leurs citoyens... cela vous dit quelque chose (orthographe, syntaxe, ...) ? Après est-ce normal de pouvoir spéculer à la baiss...

à écrit le 17/03/2020 à 12:07
Signaler
Les carabiniers d'Offenbach n'aurait pas fait mieux...

à écrit le 17/03/2020 à 10:54
Signaler
Tout à fait nécessaire pour éviter la spéculation à la baisse.

Votre email ne sera pas affiché publiquement.
Tous les champs sont obligatoires.

-

Merci pour votre commentaire. Il sera visible prochainement sous réserve de validation.