Benoît Charasy, consultant associé chez MacAnders, explique :
"La qualité est incluse dans le quotidien, avec la particularité d'être très décentralisée dans les activités de production de l'entreprise, en revanche, les aspects hygiène sécurité environnement (HSE), développement durable, sont un peu moins pris en compte au quotidien"
Un sujet facteur de dynamique positive en interne
Sujet qui concerne tous les salariés, le développement durable est un levier de motivation, d'engagement, de fidélisation, un atout pour la marque employeur des entreprises qui souhaitent mettre en œuvre une dynamique positive en interne. Dans ce type d'entreprises, un projet de développement durable est géré par un comité de pilotage et présidé par une direction générale. Romain Doutre poursuit :
" Il y a plusieurs personnes autour de la table, on mesure donc l'enjeu. Il s'agit de travailler sur des points touchant aussi bien l'environnement, le sociétal que le business en lui-même."
Ce comité chiffre des objectifs et décide ; à la suite de ses décisions, des moyens sont donnés pour créer une cellule développement durable constituée d'ingénieurs. Benoît Charasy observe que le sujet prend de l'importance dans plusieurs secteurs inattendus :
"Les domaines où l'on pourrait estimer que cet aspect n'est pas prépondérant, les services par exemple, être engagé dans une démarche de développement durable, de responsabilité sociétale, devient décisif dans les réponses à appel d'offres"
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Des profils capables d'influencer
Si à l'origine la casquette développement durable était attribuée "au militant, à l'écolo de service, voire à un placardisé qui ne risquait pas de nuire à cette place-là", poursuit M. Charasy, en 2013, ces fonctions sont pleinement professionnalisées. Des formations existent depuis une dizaine d'années dans les écoles d'ingénieurs, soit sous forme de modules en écoles généralistes, soit sous forme de formations dédiées comme c'est par exemple le cas à l'école des Mines de Nantes et à l'ENSAM de Chambéry et de plus en plus de masters 1 et 2 en université y sont consacrés.
Deux types de profils interviennent dans ce domaine : des ingénieurs qui travaillent déjà sur des questions hygiène, sécurité, environnement et les auditeurs, pas forcément des ingénieurs, issus des grands cabinets d'audit (Deloitte, KPMG, Ernst & Young, PricewaterhouseCoopers), dont les missions les mettaient en contact avec des groupes du CAC40, car l'audit de développement durable est obligatoire dans ce type d'entreprise.
Mais attention, beaucoup de candidats à ces postes rares et "sexy", qui mixent professionnel et convictions personnelles, et peu d'élus, comment se démarquer ? Avant quatre ou cinq ans d'expérience, il est vain d'envisager un poste au siège.
Romain Doutre prévient :
"Il ne faut pas prétendre à ce type de poste en sortant de l'école . Mieux vaut viser d'abord un poste opérationnel en HSE, en usine, cela donne de la crédibilité".
L'écueil des convictions personnelles
Sujet intrinsèque à l'entreprise, il touche tous ses services. Un chargé de mission développement durable travaille avec les RH, la R&D, le marketing, la communication, la finance, etc.
"C'est un poste en lien avec les décideurs, il faut donc être éloquent, avoir du coffre, du charisme, le terrain aide à en acquérir "
Suivre cette voie par conviction personnelle est un écueil dans lequel ne pas tomber, "il vaut mieux se centrer sur la mission du poste, c'est un vrai travail d'ingénieur".
Benoît Charasy pointe pour sa part un gros problème sur l'intitulé de ces fonctions :
"C'est comme si on appelait trésorier un directeur général, c'est le signe que l'on n'a pas encore mesuré à quel point elles sont des leviers de performance" .
Tout le challenge est de leur trouver une utilité... durable car pas mal de PME ou de grands groupes ne se sont pas encore posé la question de la raison profonde de leur démarche. Bien souvent en effet, soumises à la pression réglementaire, les entreprises collent encore des patchs, au risque de passer à côté de l'intérêt de la fonction.
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