Problème de visa pour vos employés ? Délocalisez votre entreprise sur un bateau !

Par Stanislas Jourdan  |   |  734  mots
Copyright Reuters
Une "start up" américaine envisage de lancer un incubateur sur un navire stationné dans les eaux internationales au large de San Francisco. Objectif ? Elle ne s'en cache pas : contourner les contraintes législatives sur les travailleurs étrangers aux États-Unis.

Il n'y a pas qu'en France où la réglementation sur les travailleurs étrangers agace l'opinion publique. Dans la Silicon Valley, cela fait quelque temps déjà que les entrepreneurs du web et des industries technologiques se plaignent des difficultés à obtenir un visa de travail, distribué au compte-gouttes à cause des différents quotas mis en place.

Le problème prend une telle dimension qu'une "start up" a décidé de prendre le problème à bras le corps en proposant une solution radicale : le lancement d'un incubateur sur un bateau, qui stationnerait dans les eaux internationales au large des côtes californiennes !

Emploi offshore

BlueSeed, la société qui porte ce projet ambitieux ne le cache pas : elle a délibérément l'intention de trouver une parade à la législation américaine. L'entreprise explique sur son site : "à cause des lois américaines actuelles sur l'immigration, d'audacieux et créatifs entrepreneurs du monde entier n'ont pas la chance de venir à la Silicon Valley et développer les technologies qui pourrait créer des emplois et propulser l'économie en avant. Blueseed a pour mission de résoudre ce problème."

Et pour cause : en jetant l'ancre en territoire international, les occupants de l'incubateur n'auront besoin que d'un visa B-1 Business voire même d'un simple visa de tourisme, dont les formalités sont moins lourdes que pour un visa de travail classique.

Mais le contournement législatif n'est pas le seul "avantage" proposé par Bluseed. Situé à 12 miles de la terre ferme, l'incubateur compte offrir tout l'équipement nécessaire aux entrepreneurs pour qu'ils développent sereinement leurs activités et vivent confortablement à bord : chambres, salles de réunion, une connexion Internet bien sûr, mais aussi un service de soins, des lieux de vie et de détente, un restaurant, ainsi qu'un service régulier de navette pour se rendre à San Francisco afin de rencontrer leurs clients, investisseurs ou partenaires. Et puis surtout, les "startupers" seront intégrés dans une communauté active d'autres entreprises innovantes, et pourront ainsi se concentrer sur la réussite de leur projet.

De plus, le prix d'un tel service n'est pas si élevé qu'on pourrait l'imaginer. Blueseed envisage sur son site de facturer 1.200 dollars par mois et par personne, pour l'accès aux infrastructures de base. Un coût qui reste moins onéreux qu'un bureau dans la Silicon Valley, qui avoisine en moyenne les 1.700 dollars.

Un havre de paix pour du business sans foi ni loi ?

Max Marty, l'homme derrière ce projet fou, se targue de garder une "exigence morale". "Nous n'autoriserons pas les jeux d'argent à bord, appliquerons strictement les lois contre les substances illicites", nous affirme le fondateur du projet, qui précise que tous ceux qui monteront à bord du navire seront fouillés. De plus, Marty nous confie que les critères de sélection des projets incubés par Blueseed seront "largement déterminés par ce qui sera vu favorablement ou non par nos clients, investisseurs, et voisins californiens". Une manière pour Blueseed de faire valoir sa bonne volonté face à l'administration américaine, qui ne doit pas voir d'un bon oeil cette initiative...

La concrétisation de l'idée n'est toutefois probablement pas pour demain, car le projet est complexe ! En plus d'un bateau, Blueseed estime qu'il aura besoin d'un équipage d'au moins 200 à 300 personnes réunissant des compétences très variées afin de subvenirs à tous les besoins de la communauté. Autant dire que le budget du projet va être élevé, et que de longs mois vont passer avant que Max Marty et son équipage ne jettent l'ancre.

Un soutien de poids : le co-fondateur de Paypal !

Ils peuvent tout de même compter sur le soutien de la Silicon Valley, qui s'est beaucoup enthousiasmée du projet, et sur l'appui inattendu de Peter Thiel, co-fondateur de Paypal, qui a proposé à Blueseed de s'organiser un premier tour de table avec des investisseurs. Il faut dire que le projet ne peut que plaire à Peter Thiel, illustre libertarien, qui ambitionne lui-même de créer un Etat-nation sur... une île flottante !

Et vous ? Comment jugez-vous de cette initiative ? Donnez votre avis dans l'espace "Commentaires" ci-dessous

Lire aussi...

Les dix "start up" américaines qui seront peut-être les "success stories" de demain

Grandes écoles : les jeunes diplômés étrangers interdits de travail

L'immigration peut être une aubaine pour les pays industrialisés