Eolien en mer : General Electric coupe sévèrement dans les effectifs de son usine de Loire-Atlantique, les syndicats inquiets

Par latribune.fr  |   |  771  mots
« Aucun CDI n'est menacé, nous dit la direction, mais ne pas s'inquiéter serait irresponsable », souligne Jonathan Géraud, délégué CGT. (Crédits : DADO RUVIC)
Ce site français de fabrication de nacelles pour éoliennes en mer va voir la moitié de son effectif poussé vers la sortie. Les syndicats sont inquiets.

Coup dur pour les salariés d'une usine General Electric de Loire-Atlantique, spécialisée dans les équipements d'éoliennes off-shore. L'industriel américain prévoit de diviser par deux ses effectifs dans son usine de Montoir-de-Bretagne, a appris vendredi soir l'AFP, de source syndicale. D'après cette dernière, un plan doit être présenté mardi prochain par la direction aux syndicats.

Sur les 939 personnes actuellement employées par le groupe américain dans cette usine, où sont fabriquées des nacelles d'éoliennes, seules 489 y travailleront toujours en juillet prochain, dont 429 CDI, d'après la CGT, confirmant une information de la radio France Bleu Loire Océan.

« Aucun CDI n'est menacé, nous dit la direction, mais ne pas s'inquiéter serait irresponsable », souligne Jonathan Géraud, délégué CGT. Sollicitée par l'AFP, General Electric a confirmé « des ajustements » sur les effectifs de ses sous-traitants.

« Nous procédons à des ajustements de la taille de l'effectif de nos sous-traitants sur notre site de Montoir-de-Bretagne afin de nous adapter aux défis actuels du secteur de l'éolien en mer », a indiqué un porte-parole de GE Vernova (entité regroupant les actifs énergie de General Electric). « Nous avons communiqué directement avec les personnes concernées et nous continuerons à les accompagner dans les prochaines étapes », ajoute-t-il.

En cause, un retard de livraison qui a ralenti la production

D'après la CGT, l'acheminement des nacelles, notamment en mer du Nord, a pris du retard, obligeant le site de Montoir-de-Bretagne à les stocker sur place. « Le parking de General Electric est rempli parce qu'ils auraient dû installer une cinquantaine de machines et qu'ils n'en ont installé que quinze », selon le représentant de la CGT, Jonathan Géraud.

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Le député LFI Matthias Tavel a indiqué à une correspondante de l'AFP avoir été « alerté » sur « des difficultés qui seraient liées à un problème chez un client : un navire d'installation en panne qui obligerait à stocker et donc à ralentir la production ».

Construite en 2014 par l'industriel français Alstom, puis reprise par GE, cette usine proche de la ville portuaire de Saint-Nazaire, patît du retard du chantier de Dogger-Bank, au Royaume-Uni. Parmi ses principaux clients, la construction de ce parc éolien aurait pris deux ans  de retard.

Un autre site français de GE sous tension sociale

Le site GE de Loire-Atlantique n'est pas le seul en France à connaitre des tensions sociales. Vendredi, l'intersyndicale CFE-CGC et Sud a dénoncé le « pillage » des savoir-faire du site de General Electric de Belfort, alors que la direction du géant industriel américain prévoit un nouveau transfert de technologie vers le groupe indien BHEL.

Les représentants syndicaux indiquent, dans un tract distribué au personnel, avoir été informés le 15 février dernier par la direction de GE EPF (l'entité de production des turbines à gaz), de « la signature d'un accord de transfert de technologie avec BHEL, constructeur de turbines à gaz indien ».

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L'intersyndicale voit dans ce nouveau transfert de technologie au Bharat Heavy Electricals Limited (BHEL), constructeur de centrales électriques fondé en 1964 par le gouvernement indien, « une menace réelle et sérieuse » pour l'entité turbines à gaz de GE implantée à Belfort.

De son côté, la direction du site de Belfort a indiqué qu'« en raison de la confidentialité entourant tout contrat commercial », elle n'était pas « en mesure de fournir davantage de commentaires ou de détails ». Et d'ajouter qu'elle s'engageait « à protéger les informations confidentielles et à préserver ses sites industriels ».

L'éolien en mer reprend des couleurs en Europe

Selon un rapport de WindEurope, association professionnelle du secteur éolien, l'Europe a installé 4,2 gigawatts de champs éoliens offshore en 2023, un niveau de puissance record, en hausse de 40% par rapport à une année 2022 difficile.

D'après WindEurope, les nouvelles installations 2023 ont essentiellement vu le jour aux Pays-Bas (avec le site « Hollandse Kust Zuid » d'1,5 GW, le plus grand du monde), en Grande-Bretagne, en France. L'année dernière, environ 30 milliards d'euros de projets ont été confirmés en Europe. Un niveau record.

Une bonne nouvelle après une année 2022 qui avait vu les investissements chuter fortement, à 400 millions d'euros, face aux incertitudes juridiques et de marché, dans un contexte de forts taux d'intérêt et de renchérissement des matériaux. Pour rappel, les objectifs de l'UE en matière d'énergie éolienne est de 111 GW en 2030, contre moins de 20 GW installés à fin 2023.

(Avec AFP)