Climat : une pause réglementaire comme le veut Emmanuel Macron ? « On n'a pas le luxe d'en faire », répond Bruxelles

Par latribune.fr  |   |  459  mots
(Crédits : Reuters)
« On n'a pas le luxe de faire des pauses » en matière environnementale : ces propos sont ceux du vice-président de la Commission européenne, Frans Timmermans. Une réponse à Emmanuel Macron qui la semaine dernière plaidait pour une mise sur arrêt. La Commission européenne souligne l'importance de la loi restauration de la nature, alors même que ce texte suscite des réticences en Europe.

« On n'a pas le choix. On n'a pas le luxe de pauses, ni dans la politique climatique, ni dans la protection de notre biodiversité », c'est ainsi que s'est exprimé Frans Timmermans, le vice-président de la Commission européenne, à l'occasion de la conférence Jacques Delors 2023, qui se tenait à Paris.

Et l'élu européen d'ajouter : « La crise climatique s'accélère, tandis que 60 % même plus des terres européennes sont en mauvaise conditions, on perd nos abeilles, on est en train de créer des sécheresses qui abiment la production agricoles de surfaces énormes... » .Pour Frans Timmermans, sans protection de la nature, « le Green deal fera faillite. Et l'Europe et le monde ne seront pas protégés contre la crise climatique.  »

La sortie d'Emmanuel Macron soutenu par les Belges

Des inquiétudes qui sonnent comme une réponse cinglante aux propos d'Emmanuel Macron. Il y a une semaine, le chef de l'Etat avait, en effet, fustigé les normes environnementales qui pénalisent notre l'économie, et plaidé pour une mise à l'arrêt temporaire. « Appliquons le Pacte vert, mais n'en rajoutons plus », avait assuré Emmanuel Macron, qui souhaitait, en la matière, « une stabilité ».

Des propos très vite temporisés par Elisabeth Borne, la première ministre quelques jours plus tard. La cheffe du gouvernement avait en effet assuré « qu'il n'y avait pas de pause dans l'ambition climatique de la France. » Et réaffirmé l'objectif d'atteindre la neutralité carbone en 2050.

La prise de position controversée du Président français, en tout cas, n'avait pas manqué de créer de l'émoi au sein des écologistes européens. Et de susciter des interrogations chez les parlementaires européens.

Surtout qu'il n'était pas le seul à tenir cette ligne. Le Premier ministre Belge, Alexander De Croo avait, à cette occasion, lui aussi réclamé une pause, notamment sur des textes du pacte vers, encore en négociation.

Bataille  tendue autour du Pacte vert

Ces échanges interposés ne sont pas anodins, alors quelles négociations européennes autour du "Pacte Vert", appelé aussi "Green deal", se tendent. Ce paquet de textes fixe des objectifs contraignants en matière de lutte contre le réchauffement climatique.  L'essentiel a été adopté, - réforme du marché du carbone, fin des ventes de voitures à moteurs thermiques etc-, mais les discussions portent sur la restauration d'écosystèmes détériorés ou abimés.

Plusieurs Etats, dont la France, s'inquiètent de l'impact éventuel sur la production agricole. En témoignent, les votes consultatifs,de rejet dans les commissions agriculture et pêche du Parlement.

La droite via le groupe PPE, majoritaire au Parlement, va jusqu'à demander le retrait du texte. Le vote final doit intervenir avant la mi-juin.