Environnement : « pas de pause dans l'ambition climatique », assure Elisabeth Borne

En déplacement sur l'île de la Réunion, la Première ministre a réaffirmé l'objectif d'atteindre la neutralité carbone en 2050, ambition du Pacte vert de l'Union européenne. Elle a ainsi répondu aux propos du chef de l'Etat, qui a estimé qu'il ne fallait plus ajouter de normes environnementales, plaidant pour de la stabilité en la matière.
Elisabeth Borne a assuré qu'« il n'y a pas du tout de pause dans l'ambition climatique » de la France, ce samedi 13 mai, à l'occasion d'un déplacement sur l'île de la Réunion (Photo d'illustration).
Elisabeth Borne a assuré qu'« il n'y a pas du tout de pause dans l'ambition climatique » de la France, ce samedi 13 mai, à l'occasion d'un déplacement sur l'île de la Réunion (Photo d'illustration). (Crédits : STEPHANIE LECOCQ)

La Première ministre Elisabeth Borne a assuré qu'« il n'y a pas du tout de pause dans l'ambition climatique » de la France, ce samedi 13 mai, à l'occasion d'un déplacement sur l'île de la Réunion.

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 « Vous savez qu'on a porté ces dernières années, sous l'impulsion de la France et du président de la République, des politiques très ambitieuses à l'échelle européenne. C'est le Green deal (Pacte vert) notamment, c'est l'objectif d'atteindre la neutralité carbone en 2050 », a déclaré Elisabeth Borne à Saint-Paul.

Macron plaide pour de la « stabilité »

« Cette législation, elle est ambitieuse, elle nous permet de tenir nos objectifs, maintenant, il faut qu'on s'emploie à la mettre en œuvre et c'est déjà une tâche très importante », a-t-elle ajouté, estimant qu'il n'était pas utile de « rajouter des normes aux normes ».

Pour rappel, le chef de l'Etat s'est exprimé à deux reprises sur le sujet jeudi et vendredi alors qu'il présentait des projets de réindustrialisation de la France. Il a ainsi estimé qu'il ne fallait plus « ajouter » de normes environnementales, après l'application du Pacte vert de l'Union européenne, plaidant pour de « la stabilité » en la matière. Les propos d'Emmanuel Macron ont suscité la colère de responsables et militants écologistes et des interrogations à Bruxelles.

« On est devant, en termes réglementaires, les Américains, les Chinois ou toute autre puissance au monde », a d'abord déclaré le chef de l'Etat jeudi 11 mai à l'Elysée. « Maintenant il faut qu'on exécute. Il ne faut pas qu'on fasse de nouveaux changements de règles, parce qu'on va perdre tous les acteurs ».

Des propos qui divisent

Face à la controverse, Emmanuel Macron a persisté vendredi 12 mai : « je préfère des usines qui respectent nos normes européennes qui sont les meilleures, plutôt que ceux qui veulent encore ajouter des normes et prendre le risque de n'avoir plus d'usine », a-t-il déclaré à Dunkerque, où plusieurs usines de batteries électriques sont prévues.

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Le propos du président, alors que ces projets d'usines sont eux-mêmes nés de la future interdiction européenne des voitures thermiques, reste imprécis. Il constitue toutefois a minima un signal politique pour les industriels et les ouvriers de leurs usines, demandeurs de « stabilité » pour sécuriser sur le long terme les investissements.

Tout juste le président a-t-il clarifié que cette pause devrait se faire après l'adoption du Pacte vert, dont une partie fait encore l'objet de difficiles négociations. La précision vise à rassurer les observateurs et élus européens, inquiets d'un éventuel rapprochement de la France avec les positions du groupe PPE (droite), principale formation du Parlement européen.

Bataille en vue au Parlement européen

Le PPE réclame « un moratoire » sur certains projets législatifs liés aux pesticides et à la restauration de la nature, s'alarmant d'un impact trop lourd pour les agriculteurs et de « menaces » pour la sécurité alimentaire. D'autres lois (emballages, émissions polluantes des élevages...) font l'objet d'âpres pourparlers. Mais Renew (libéraux), groupe auquel appartiennent les élus macronistes, affiche plutôt sa volonté de trouver des compromis pour tenter de finaliser ces textes d'ici les prochaines élections européennes en 2024.

« La France ne défend en aucun cas un moratoire (...) Il n'y a aucun changement de cap, simplement une attention à ce que les règles soient praticables par l'ensemble des acteurs économiques », avait réagi jeudi soir Pascal Canfin, l'eurodéputé Renaissance qui préside la commission Environnement au Parlement européen.

Mais le président « a eu une phrase malheureuse qui ne traduit pas ce que la France fait », a-t-il fini par concéder vendredi dans Le Monde. « L'expression de "pause" est une bombe rhétorique, clairement maladroite », analyse Thomas Pellerin-Carlin, directeur du Programme Europe à l'Institut de l'économie pour le climat (I4CE).

« Une erreur de communication » ?

« Quand j'ai entendu ça, ma mâchoire s'est décrochée, j'ai arrêté de prendre des notes », raconte à l'AFP l'expert, qui était présent à l'Elysée jeudi. « Mais il faut voir la phrase dans le contexte : si Macron avait voulu dire, comme Sarkozy à l'époque, "l'Environnement, ça commence a bien faire", il aurait poursuivi son propos ».

En l'occurrence, « Emmanuel Macron cherchait à souligner que l'UE est la mieux-disante réglementaire mais la moins-disante sur le financement ». Le Pacte vert « a fait le job réglementaire et la priorité, ensuite, n'est pas de repartir dans un nouveau paquet de textes mais de les mettre en œuvre », avec des fonds, résume-t-il.

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 Simone Tagliapietra, de l'institut Bruegel, déplore aussi une « erreur de communication », qui risque de « donner implicitement un message erroné selon lequel les objectifs écologiques vont à l'encontre des objectifs industriels ». « Il faut être très prudent, car il existe des forces, notamment des partis populistes, qui pensent de la sorte », s'inquiète l'économiste.

Le « Pacte vert » est le paquet de textes-clés de l'Union européenne sur le climat, dont l'essentiel (réforme du marché carbone, fin des ventes de voitures à moteur thermique...) a été adopté, mais dont une partie fait encore l'objet de difficiles négociations.

(Avec AFP)

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Commentaires 5
à écrit le 14/05/2023 à 9:09
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Je remercie la première ministre pour sa modestie car comme bonne politicienne bien française elle vante que notre pays est à l'initiative du projet européen. Le bilan français qu'il soit économique, écologique etc est inversement proportionnel aux r...

à écrit le 13/05/2023 à 14:00
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Pas de pause dans la com., les promesses, les chèques et l'endettement ! ;-)

à écrit le 13/05/2023 à 13:33
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Le blabla continue, on a vraiment l' impression que ces clones interchangeables sont devenus les porte-paroles de davos ; si y allait à l' économie, on devrait faire voter les français et les zeuropéens pour davos, non? Z...

à écrit le 13/05/2023 à 13:19
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Et ne portez pas de masque ça sert à rien ! Comme le vaccin d'ailleurs... enfin si ça permet de gaver l'industrie pharmaceutique anglo-saxonne ! Ca ose tout !

à écrit le 13/05/2023 à 13:04
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"La neutralité carbone en 2050" : Cet objectif est inatteignable, et tout le monde le sait. "A l'impossible, nul n'est tenu". Combien de temps cette hypocrisie climatique va-t-elle durer ? Combien de temps les "militants écologistes" vont-ils continu...

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