Affaire libyenne : Woerth mis en examen pour "complicité de financement illégal de campagne" de Sarkozy

Par latribune.fr  |   |  543  mots
A l'époque des faits, Eric Woerth était le trésorier de la campagne présidentielle de Nicolas Sarkozy. (Crédits : Gonzalo Fuentes)
L'ancien ministre français Eric Woerth a été inculpé ce mardi 29 mai pour "complicité de financement illégal de campagne" dans le cadre de l'enquête sur des soupçons de financement libyen de la campagne de Nicolas Sarkozy en 2007, a annoncé son avocat à l'AFP. Les enquêteurs lui reprocheraient le versement d'environ 11.000 euros aux collaborateurs de la campagne, pendant et après l'élection.

Après Nicolas Sarkozy en mars, Éric Woerth vient à son tour d'être mis en examen ce mardi 29 mai dans le cadre de l'affaire du financement libyen de la campagne de l'ancien président français, en 2007. Selon son avocat Me Jean-Yves Leborgne, il a été inculpé pour "complicité de financement illégal de campagne".

Cette inculpation de l'ancien trésorier de la campagne et actuel président (LR, droite) de la commission des finances de l'Assemblée nationale découle d'investigations de la police anti-corruption qui avait souligné, dans un rapport de septembre 2017, "l'ampleur de la circulation d'espèces" dans l'entourage du candidat de la droite, lui-même inculpé en mars dans ce dossier. Une première depuis qu'une information judiciaire avait été ouverte en avril 2013.

La mise en examen de Sarkozy, une première depuis avril 2013

Dans cette affaire, complexe, révélée par Mediapart et Le Monde, les magistrats étudient la piste d'un possible financement de la campagne électorale de Nicolas Sarkozy, il y a plus de dix ans, par la Libye de Mouammar Kadhafi.

L'ex-président français, qui a quitté le pouvoir en mai 2012, a néanmoins toujours formellement démenti les faits allégués notamment par un autre homme de réseaux, le franco-libanais Ziad Takieddine. Ce dernier avait affirmé, en novembre 2016, avoir remis entre fin 2006 et début 2007 cinq millions d'euros à Nicolas Sarkozy, alors ministre de l'Intérieur, et à Claude Guéant, son directeur de cabinet à l'époque, lui aussi inculpé dans cette affaire.

Le versement de 11.000 euros aux collaborateurs, avant et après l'élection, interpellent

À l'époque des faits, Éric Woerth était le trésorier de campagne de l'ancien chef de l'État. Selon son avocat, les enquêteurs lui reprochent le versement d'environ 11.000 euros aux collaborateurs de la campagne, pendant et après l'élection. Lui-même "a estimé de mémoire, 10 ans après les faits, à une trentaine de milliers d'euros les gratifications en espèces opérées après la campagne", ajoute Me Jean-Yves Leborgne, en référence aux déclarations de son client devant les policiers en mai 2017.

Eric Woerth et son trésorier adjoint, Vincent Talvas, avaient alors assuré qu'il s'agissait de récompenser les membres de l'équipe, via des enveloppes contenant de 200 à 2.000 euros. Sur l'origine des fonds, ils ont soutenu qu'ils provenaient de dons anonymes par courrier, une explication jugée "captieuse" par les enquêteurs et démentie par d'autres témoignages.

Cette mise en cause signifie donc que les juges estiment avoir fait le rapprochement avec les sommes qui, selon d'anciens dignitaires libyens et le sulfureux intermédiaire Ziad Takieddine, auraient été remises à Nicolas Sarkozy et à son entourage au nom du colonel Kadhafi.

La défense de Nicolas Sarkozy récemment affectée par un témoin à charge

Plus récemment, le 22 mai dernier, le magazine d'information Cash Investigation a relancé l'affaire en obtenant des aveux surprenants de Bachir Saleh, l'ancien directeur de cabinet de Mouammar Kadhafi. Lui qui a toujours démenti les financements libyens a finalement confirmé à un journaliste de l'émission les versements opérés par l'ex-chef du renseignement Abdallah Senoussi. Il évalue à 350 millions d'euros la caisse noire des financements politiques libyens, tous pays confondus.

(avec AFP)