Assurance chômage : le Medef veut "remettre le système à plat"

Par latribune.fr  |   |  567  mots
Geoffroy Roux de Bézieux a succédé à Pierre Gattaz à la tête de l'organisation patronale, le 3 juillet dernier. (Crédits : Reuters)
Le nouveau président du Medef Geoffroy Roux de Bézieux plaide pour changer les règles d'indemnisation du régime d'assurance chômage afin d'inciter au retour à l'emploi. Il propose un régime assis sur une allocation de base, unique et forfaitaire, avec une complémentaire financée par les employeurs.

Alors que s'ouvrent des négociations entre le gouvernement et les partenaires sociaux pour une réforme de l'assurance chômage, Geoffroy Roux de Bézieux, le nouveau patron du Medef, plaide pour une remise à plat complète des règles d'indemnisation du régime pour inciter plus efficacement à la reprise d'emploi. Dans une interview à paraître ce 3 septembre dans Les Echos, il rappelle en outre son opposition à la taxation des contrats courts via un système de "bonus-malus" et souhaite que le budget de Pôle emploi ne soit plus financé en fonction des recettes de l'Unedic, mais séparément.

Répondre aux problèmes de recrutement

Il justifie ce changement de système par trois raisons : les problèmes de recrutement qui sont devenus "la préoccupation numéro un des chefs d'entreprises" ; la mauvaise situation financière de l'Unédic - bien que le gestionnaire de l'assurance chômage a dit s'attendre à voir ses comptes revenir quasiment à l'équilibre l'an prochain, avec une projection à 1,6 milliard d'euros d'excédents en 2020 -, et enfin le fait que, selon lui, il n'y a plus de véritable système d'assurance-chômage.

"L'Unédic finance le service public de l'emploi, l'État garantit la dette et, dernier élément clef : il n'y a plus de cotisations salariales mais un financement universel via la CSG", met-il en avant.

Une allocation de base, avec une complémentaire financée par les employeurs

Dans ce contexte, le nouveau président du Medef envisage la création "d'une allocation universelle forfaitaire financée par la CSG, gérée par l'État, qui intégrerait l'ASS (Allocation de solidarité spécifique, attribuée aux personnes ayant épuisé leurs droits au chômage, ndlr) et potentiellement d'autres minima sociaux".

Deuxième proposition, la mise en oeuvre "d'un régime assurantiel complémentaire obligatoire, géré par les partenaires sociaux, comme c'est le cas pour les retraites complémentaires, financé par les cotisations des entreprises, non garanti par l'État et avec une règle d'or : l'équilibre des comptes".

En outre, Geoffroy Roux de Bézieux propose un régime supplémentaire, pour les indépendants et les chefs d'entreprise "qui ne sont pas assurés aujourd'hui par les cotisations", et plaide pour que le budget de Pôle emploi soit financé séparément.

Le bonus-malus, "une vision punitive de l'économie"

Chez nos confrères de RTL, la ministre du Travail, Muriel Pénicaud, a indiqué que le gouvernement "n'avait aucun tabou" sur la nouvelle réforme de l'assurance chômage, y compris au sujet de la dégressivité des allocations chômage. C'est ce qu'a plébiscité Aurélien Taché, un député de la majorité : il souhaite ouvrir le débat pour les hauts revenus, au nom d'une "meilleure justice sociale".

Interrogé sur cette question, le patron du Medef estime qu'il s'agit "d'un paramètre comme un autre", tout en précisant que "il ne faut pas confondre plafonnement des indemnités, dont on peut discuter aussi, et dégressivité des allocations".

Concernant la mise en place d'un système de bonus-malus pour les contrats courts, une mesure proposée par Emmanuel Macron lors de sa campagne électorale, l'organisation patronale a toujours été contre.

"La conséquence de la taxation, ce sera qu'il n'y aura tout simplement pas d'embauche. C'est une vision punitive de l'économie"

(avec AFP)