Assurance maladie : le plan de l'exécutif pour économiser 2 milliards d'euros

Par Aurélie Carabin, AFP  |   |  514  mots
La branche maladie a réduit de manière spectaculaire son déficit, passé de 4,9 milliards en 2017 à 700 millions en 2018. (Crédits : Regis Duvignau)
Lutte contre la fraude, moins d'hospitalisations, d'antibiotiques ou encore de frais de transport... L'Assurance maladie estime pouvoir réaliser un peu plus de 2 milliards d'euros d'économies en 2020 pour contribuer à la stabilisation des dépenses de la Sécurité sociale (Ondam), dont la progression ne doit pas dépasser 2,3% au cours des prochaines années, peut-on lire dans un rapport rendu public jeudi 27 juin.

Comme chaque année, en prévision du budget de la Sécurité sociale, attendu à l'automne, l'Assurance maladie a listé dans son rapport "Charges et produits" ses leviers traditionnels pour freiner l'augmentation des dépenses de santé, inexorable en raison du vieillissement de la population et de l'augmentation des maladies chroniques. Selon ce document, consulté par l'AFP, elle vise au total 2,07 milliards d'euros d'économies en 2020, contre 2,01 cette année.

Habituellement désignée comme l'homme malade de la Sécu, la branche maladie a réduit de manière spectaculaire son déficit, passé de 4,9 milliards en 2017 à 700 millions en 2018. Mais une dégradation de 200 millions d'euros est prévue pour 2019, selon la Commission des comptes de la Sécu.

Une campagne nationale pour limiter la surconsommation d'antibiotiques

Les résultats les plus importants sont attendus sur les prescriptions de médicaments et dispositifs médicaux, à hauteur de 887 millions d'euros, par exemple via la promotion des génériques (45 millions).

La surconsommation d'antibiotiques, rendus de ce fait moins efficaces, fera elle l'objet d'un "plan d'actions ambitieux" sur deux ans pour réaliser 150 millions d'euros d'économies, dont 75 millions en 2020.

Lutter contre le gaspillage de produits de santé

Autre sujet d'attention, le "gaspillage" de produits de santé prescrits ou délivrés en trop grande quantité, les professionnels faisant régulièrement état de « stocks de médicaments et de dispositifs médicaux accumulés au domicile des patients », certaines familles assurant leur dédier "une pièce complète".

L'Assurance maladie vise tout particulièrement les pansements qui lui ont coûté près de 680 millions d'euros en 2018. Elle propose donc de limiter les durées de prescriptions de pansements en sortie d'hospitalisation à 7 jours, contre 30 actuellement, les infirmiers libéraux pouvant ensuite prescrire « le matériel adapté à l'évolution de la plaie » du patient. De quoi économiser 75 millions d'euros.

« Au-delà » des pansements, l'Assurance maladie évoque également un gâchis en matière de « stylos et aiguilles à insuline, sets de sondage, sets de perfusion à domicile » et de « nombreux signalements de gaspillages (...) suite à l'intervention des structures d'hospitalisation à domicile ou de prestataires de santé à domicile ».

Elle appelle donc à "travailler" avec tous les acteurs concernés "pour envisager des mesures de régulation".

Développer (toujours plus) la chirurgie ambulatoire

Plus généralement, comme cette année, le développement de la chirurgie ambulatoire (sans nuit à l'hôpital) doit permettre d'épargner 200 millions d'euros, quand 220 millions sont attendus de la lutte contre la fraude et les abus, et 100 millions d'une meilleure régulation des arrêts de travail, un objectif pas encore atteint.

Par ailleurs, la limitation des dépenses de transport, qui ont représenté 4,8 milliards d'euros l'année dernière, est elle évaluée à 160 millions. Elle s'appuiera sur les nouvelles règles tarifaires négociées avec les taxis, mais aussi sur le transport partagé entre patients ou encore un remboursement facilité du recours au véhicule personnel.

En outre, l'Assurance maladie espère réaliser 180 millions d'euros d'économies en cas d'accord avec les biologistes sur un protocole pour maîtriser leurs dépenses.