Attentat de Nice, la chef de la vidéo évoque des pressions de l'Intérieur : Cazeneuve porte plainte

Par latribune.fr  |   |  458  mots
La policière responsable de la vidéosurveillance à Nice (Alpes-Maritimes) affirme dans un entretien au Journal du Dimanche avoir subi des pressions du ministère de l'Intérieur pour spécifier, dans un rapport sur la soirée meurtrière du 14-juillet, la présence de la police nationale à des endroits spécifiques qu'elle dit ne pas avoir vu à l'écran. Le ministre de l'Intérieur, Bernard Cazeneuve porte plainte pour diffamation.

La polémique sur le niveau de sécurité à Nice au moment de l'attentat du 14-juillet, bat son plein. Selon Sandra Bertin, en poste le soir de l'attaque qui a fait 84 morts sur la promenade des Anglais, un représentant de la place Beauvau lui a donné pour instruction de mentionner la présence de policiers nationaux sur les lieux de l'attaque.

"On m'a ordonné de taper des positions spécifiques de la police nationale"

"J'ai (...) eu affaire à une personne pressée qui m'a demandé un compte-rendu signalant les points de présence de la police municipale, les barrières, et de bien préciser que l'on voyait aussi la police nationale sur deux points dans le dispositif de sécurité", déclare-t-elle au JDD.

"Or la police nationale était peut-être là, mais elle ne m'est pas apparue sur les vidéos. Cette personne m'a alors demandé d'envoyer par email une version modifiable du rapport", ajoute la chef du Centre de supervision urbain (CSU) de la municipalité. "J'ai été harcelée pendant une heure, on m'a ordonné de taper des positions spécifiques de la police nationale que je n'ai pas vu à l'écran", précise encore Sandra Bertin, également secrétaire générale du Syndicat autonome de la fonction publique territoriale (SAFPT) de Nice.

Deux versions

La policière dit avoir finalement envoyé deux versions du rapport, l'une modifiable et l'autre non. La question des moyens mis en oeuvre par l'Etat pour assurer la sécurité du public lors du feu d'artifice du 14-juillet fait l'objet d'une polémique, certains à droite et au Front national jugeant que la tuerie aurait pu être évitée. François Hollande a promis vendredi une transparence totale dans l'analyse du dispositif de sécurité déployé ce soir-là.

Le ministre de l'Intérieur, Bernard Cazeneuve, a réagi aussitôt aux propos de Sandra Bertin. Dans un communiqué de presse, il annonce porter plainte pour diffamation. Il explique que l'enquête est placée sous l'autorité du procureur de la République de Paris François Molins.

"Contrairement à ce que Mme Bertin affirme, ce n'est donc en aucun cas le cabinet du ministre de l'Intérieur qui a envoyé un commissaire au CSU ou qui aurait eu des échanges avec elle », explique le communiqué, qui demande que la chef de la vidéosurveillance soit entendue par des enquêteurs pour révéler l'identité des personnes "qu'elle met en cause". Bernard Cazeneuve regrette "ces accusations indignes" et appelle "chacun à reprendre ses esprits".

Sous le feu des critiques, Bernard Cazeneuve avait annoncé jeudi l'ouverture d'une enquête interne, confiée à l'Inspection générale de la police nationale (IGPN), dont les conclusions doivent être dévoilées la semaine prochaine.

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