Carburant : la CGT appelle à la mobilisation générale, Macron l'exhorte à permettre à la France de fonctionner

Par latribune.fr  |   |  1054  mots
« Je suis pour le dialogue social, je suis pour la négociation (...) Jamais pour le blocage », a dit le chef de l'Etat ». « Si le dialogue social n'aboutit pas dans les prochaines heures, nous réquisitionnerons. » (Crédits : LEONHARD FOEGER)
Le président Emmanuel Macron a dit que la situation allait « revenir à la normale » dans la distribution de carburants « dans le courant de la semaine qui vient », lors d'un entretien sur France 2 mercredi soir. Le chef de l'Etat a de nouveau appelé « à la responsabilité" la direction de TotalEnergies et la CGT, en souhaitant que le syndicat « permette au pays de fonctionner ».

Le retour à la normale sur le front de la crise des carburants interviendra dans la semaine qui vient, a déclaré mercredi Emmanuel Macron, qui a appelé chacun à la « responsabilité » dans le conflit qui provoque des pénuries dans certaines régions.

Interviewé sur France 2, le président français a défendu les réquisitions de salariés ordonnées par la Première ministre Elisabeth Borne. Le chef de l'Etat a de nouveau appelé « à la responsabilité » la direction de TotalEnergies et la CGT, en exhortant le syndicat de « permettre au pays de fonctionner ».

Réquisitions en vue

« Je suis pour le dialogue social, je suis pour la négociation (...) Jamais pour le blocage », a dit le chef de l'Etat ». « Si le dialogue social n'aboutit pas dans les prochaines heures, nous réquisitionnerons. »

Le bras de fer entre le gouvernement et les grévistes dans le secteur pétrolier s'est durci mercredi, l'exécutif lançant les premières réquisitions de personnel pour tenter d'approvisionner les stations-service face à l'aggravation de la pénurie d'essence tandis que la CGT s'efforçait d'élargir la contestation. Le gouvernement a lancé une première réquisition de quatre salariés grévistes chez Esso-ExxonMobil pour débloquer des stocks de carburants et ravitailler les stations-services franciliennes à sec mais la grève se poursuivait, y compris chez TotalEnergies, faute d'avancées sur les négociations salariales.

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Le secrétaire général de la CGT Philippe Martinez, venu soutenir mercredi les salariés grévistes d'ExxonMobil à Notre-Dame-de-Gravenchon (Seine-Maritime), a annoncé le dépôt jeudi d'un recours en référé contre les réquisitions de quatre d'entre eux.

« C'est une décision scandaleuse, nous sommes au côté des salariés. Je peux vous annoncer que demain nous irons en référé pour soutenir tous les salariés qui sont réquisitionnés » pour permettre la livraison de carburants mercredi soir et jeudi depuis le dépôt normand d'ExxonMobil, a déclaré à la presse Philippe Martinez. Philippe Martinez a par ailleurs appelé les salariés d'autres secteurs à rejoindre cette mobilisation en faveur des hausses de salaires.

« Il y a beaucoup de conflits dans ce pays (...), nous appelons les salariés des autres professions, ceux qui sont déjà en grève à continuer sur les augmentations de salaires, et ceux qui n'y sont pas encore (...) à se mettre en grève et à amplifier les mobilisations dans les prochains jours », a-t-il dit. « Il faut régler la question des salaires dans ce pays et non pas, comme le propose le gouvernement dans sa loi pouvoir d'achat, donner des petites primes qui sont largement insuffisantes », a-t-il ajouté.

Philippe Martinez a évoqué la grève en cours des salariés chargés de la maintenance dans les centrales nucléaires et affirmé que les cheminots étaient « en train de discuter de modalités ».

Selon Céline Verzeletti, secrétaire confédérale de la CGT, une journée de grève nationale interprofessionnelle pourrait être annoncée jeudi et avoir lieu « dès la semaine prochaine ». Une réunion des responsables de fédérations s'est tenue au siège de la CGT mercredi après-midi. Ils ont « insisté sur la nécessité d'avoir une réaction rapide » aux annonces du gouvernement concernant les réquisitions « en appelant les salariés à une journée de grève de 24 heures sur les salaires, les retraites et les libertés syndicales », a-t-elle déclaré à l'AFP.

« Une réunion demain matin avec toutes les unions départementales nous permettra de finaliser l'appel à la grève », a-t-elle ajouté.

La tension monte dans les Bouches-du-Rhône

Dans le Sud, la CGT s'apprête à en découdre. La CGT des Bouches-du-Rhône appelle en effet à la mobilisation générale dans tous les secteurs pour « défendre le droit de grève ». « Nous lançons un appel à tous les travailleurs de France à défendre le droit de grève y compris par la grève face à une décision dictatoriale. On peut pas courber l'échine », a déclaré le secrétaire départemental de la CGT, Olivier Mateu, lors d'une conférence de presse au bord de l'Etang de Berre, au coeur du secteur pétrochimique.

Un peu plus tôt il avait prévenu que « dès qu'une réquisition sera mise en œuvre dans le pays, partout la CGT des Bouches-du-Rhône appellera à rentrer dans l'action, partout où c'est possible », soulignant que 30% des produits pétroliers qui transitent en France passent par ce département. Le gouvernement a procédé mercredi à une première réquisition de quatre salariés sur un site d'ExxonMobil à Notre-Dame-de-Gravenchon (Seine-Maritime), mais à ce stade il n'y a pas de réquisition dans les Bouches-du-Rhône.

« L'activité des dépôts pétroliers se fait normalement et il n'y a donc pas besoin de réquisitionner », a indiqué mercredi soir sur France Bleu Provence le préfet Christophe Mirmand, appelant à la « raison » les automobilistes qui se ruent pour faire leur plein sans en avoir immédiatement besoin.

Désormais, les représentants CGT doivent réunir les salariés dans chaque structure pour décider d'un éventuel mouvement. Les représentants CGT du grand port maritime de Marseille-Fos et de la seule raffinerie en France qui n'est pas en grève, la raffinerie de Lavera, se sont également dits prêts à relayer cet appel à la mobilisation.

« Si un de nos camarades est réquisitionné, on ne restera pas la seule raffinerie à fonctionner », a confirmé Sébastien Varagnol, représentant CGT sur la raffinerie du groupe Petroineos.

« S'ils s'amusent à réquisitionner un seul salarié, on entrera dans l'action », a également insisté Benoît Facchetti, secrétaire général CGT du port et de Fluxel, l'entreprise chargée au terminal pétrolier de Lavera de l'interconnexion entre les navires chargés de pétrole ou de carburant et leurs clients sur le port de Marseille-Fos ou ailleurs.

Une réunion de toutes les unions départementales de la CGT est prévue jeudi à 9h30, selon Monsieur Mateu, qui a par ailleurs appelé à un rassemblement mardi à 12h00 à Martigues.

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