Carburant : rationnement dans le Nord-Ouest, plusieurs raffineries à l'arrêt

Par latribune.fr  |   |  527  mots
Si les camions peuvent circuler et les dépôts débloqués, encore faut-il qu'ils puissent transporter du carburant. Ce qui n'est pas garanti au vue de la situation dans les raffineries.
Si le gouvernement a obtenu le déblocage de six sur huit des dépôts de carburant bloqués en France, la situation s'est crispée dans les raffineries, bloquées par les syndicats qui demandent le retrait de la loi Travail. L'autorisation de circuler accordée aux camions-citernes risque de ne résoudre la pénurie de carburant qui frappe plusieurs stations-service.

Le mouvement de grève contre le projet de loi Travail dans le secteur pétrolier, à l'appel de la CGT et de Force ouvrière, fait tache d'huile et se fait sentir aux pompes dans un grand quart nord-ouest de la France. Les salariés de plusieurs raffineries et dépôts de carburant ont voté une grève reconductible ou illimitée.

"L'objectif est l'arrêt de toutes les raffineries en France. C'est un appel à la grève illimitée", a déclaré à Reuters le délégué central CGT de Total Raffinage Pétrochimie, Thierry Defresne.

"Le but n'est pas de créer la pénurie, c'est d'obtenir le retrait de la loi (Travail)", a-t-il ajouté.

Limitations et restrictions

Les préfectures d'Ille-et-Vilaine, des Côtes-d'Armor, du Finistère, de l'Orne, de Loire-Atlantique, de Vendée, de Mayenne ou encore de l'Eure ont pris vendredi des arrêtés limitant à 20 ou 30 litres le volume maximal de carburant pour les véhicules, et à 40 ou 150 litres pour les poids lourds.

Le stockage de carburant dans des bidons a par ailleurs été interdit dans plusieurs préfectures : Seine-Maritime, dans le Calvados, mais aussi dans le Nord, la Somme ou encore le Pas-de-Calais. Certaines stations-service ont par ailleurs été réquisitionnées pour les services d'urgence.

Les dépôts débloqués...

"Suite à la levée de la quasi-totalité des barrages routiers, le gouvernement a pris des dispositions pour permettre le réapprovisionnement des stations-service, notamment par des arrêtés autorisant les camions de carburant à circuler ce week-end", a déclaré le secrétaire d'État aux Transports Alain Vidalies dans un communiqué diffusé vendredi en fin d'après-midi.

Le matin sur France Info il avait tenu à rassurer, expliquant qu'il n'y avait pas de risque à ce stade de pénurie de carburant, admettant néanmoins que 20% des stations autour du Havre et de Rouen étaient fermées.

Interviewé sur TF1, le ministre de l'Intérieur Bernard Cazeneuve a expliqué que "sur les huit lieux de stockage de pétrole (qui étaient bloqués en France, ndlr), six sites ont été libérés soit par la négociation, soit par l'intervention des forces de l'ordre".

... mais pas les raffineries

Si les camions peuvent circuler et les dépôts débloqués, encore faut-il qu'ils puissent transporter du carburant. Ce qui n'est pas garanti au vue de la situation dans les raffineries.

Les salariés de la raffinerie Total de Normandie, à Gonfreville-l'Orcher (Seine-Maritime) Normandie avaient voté à 56% l'arrêt complet des installations. Selon les syndicats interrogés par l'AFP, ce blocage devrait durer plusieurs jours.

A la raffinerie Total de Grandpuits, en Seine-et-Marne, les salariés ont également voté la reconduction de la grève pour 72h00, selon Thierry Defresne. La raffinerie Total de Donges, près de Nantes, a suivi le mouvement en reconduisant l'arrêt des expéditions pour une semaine supplémentaire, jusqu'au vendredi 27 mai. Même situation pour la raffinerie de Feyzin près de Lyon. Quant à la 3e raffinerie de France, appartenant à Exxon Mobil, à Notre-Dame-de-Gravenchon, elle est également bloquée depuis jeudi et va le rester, selon les syndicats.

(avec Reuters et AFP)