Ces femmes qui s'attaquent à la question de l'insertion et de l'emploi en France

Par latribune.fr  |   |  1368  mots
(Crédits : DR)
A l'occasion de la journée internationale des droits des femmes, La Tribune publie une série de portraits, parue originellement dans le dossier "Les 100 qui transforment la France". Dans cette deuxième partie, celles qui ont fait de l'insertion professionnelle et du chômage leur champ d'action.

ALEXANDRA ROULET
Economiste et professeur d'économie INSEAD

La prof d'éco qui démystifie le chômage

Alexandra Roulet avait déjà coécrit avec Philippe Aghion « Repenser l'Etat » (Seuil), collaboré au Cercle des économistes, participé au comité éditorial du semestriel Regards croisés sur l'économie (La Découverte) et travaillé pour des professeurs prestigieux tels que Daniel Cohen à l'Ecole d'économie de Paris et David Thesmar à HEC. Cette spécialiste du droit du travail est diplômée de l'Ecole Normale Supérieure, de la Paris School of Economics et de Harvard, où elle a obtenu son doctorat. Elle a écrit dans les revues The American Economic Review et The Journal of Public Economics. Elle est co lauréate du prix 2017 de la dissertation de l'Upjohn Institute.

Dans son livre « Améliorer les appariements sur le marché du travail » (Presses de Sciences Po) sorti en octobre 2018, elle tente d'expliquer pourquoi il y a à la fois 3 millions de demandeurs d'emploi en France et 300 000 postes non pourvus chaque année. Depuis juillet 2017, elle est professeure assistante à l'INSEAD.

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BÉNÉDICTE DE RAPHÉLIS SOISSAN
Fondatrice et PDG Clustree

Des RH plus humaines grâce à l'IA

Utiliser les ressources de l'intelligence artificielle pour « rendre les ressources humaines plus humaines », c'est la volonté de Bénédicte de Raphélis Soissan, fondatrice en 2013 de Clustree.

La diplômée en économie appliquée et mathématiques de l'université Paul-Cézanne de Marseille et en conseil en organisation et management de la Sorbonne a passé neuf mois comme responsable statistiques de la Chambre régionale de l'économie sociale et solidaire de Marseille avant d'intégrer la société d'intelligence économique Intelleco en 2009 comme responsable senior de la stratégie marketing, du développement et de l'innovation.

La mathématicienne crée Clustree après avoir épluché plus de 500 CV ressemblant au sien pour déterminer quel poste pourrait lui convenir. Sa solution en mode SaaS (logiciel en tant que service) exploite les données internes et externes des entreprises avec l'aide de l'intelligence artificielle pour aider les DRH. L'algorithme de Clustree a déjà séduit des groupes comme Sanofi, Orange, SNCF ou Carrefour.

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EMMANUELLE DUEZ
Fondatrice The Boson Project

Elle promeut la génération Y et la mixité

Emmanuelle Duez débute sa carrière professionnelle comme hôtesse de l'air en 2005 chez PAG. Elle est aussi officier de réserve pour la Marine nationale après un séjour sur un porte-hélicoptères. Mais la diplômée de Sciences Po Paris et de l'Essec est surtout connue comme fondatrice en 2012 de la startup The Boson project, un « laboratoire de développement du capital humain ».

Avant de devenir entrepreneure, la jeune femme a été chargée de projet marketing social au Printemps, chargée de mission Gender Management chez Deloitte ou encore chargée de mission communication auprès du secrétaire d'État à l'Emploi Laurent Wauquiez en 2010. Cette année-là, elle intègre SFR et conçoit le « plan de riposte » à l'entrée de Free sur le marché des télécoms. Porte-parole de la génération Y, elle est également cofondatrice et présidente de WoMen'up, association loi 1901 créée en janvier 2011 travaillant sur le triptyque gen Y, mixité et networking, car elle est persuadée que « cette génération a le pouvoir de changer les choses sur un certain nombre de sujets, depuis la mixité jusqu'aux modes de management de demain ».

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AURORE COURTOIS
Cofondatrice Live for Good

Une main tendue aux jeunes entrepreneurs sociaux

Lancée fin 2015, l'association parisienne Live for Good propose chaque année un programme d'encadrement à 50 jeunes de moins de 30 ans pour créer leur startup sociale. Le but ? « Favoriser la diversité dans l'entrepreneuriat pour développer l'innovation sociale », revendique Aurore Courtois, cofondatrice de l'association.Live for Good est avant tout une histoire de famille.

« J'ai perdu mon frère Gabriel en 2015. Avec mes parents et ma soeur, nous avons lancé Live for Good pour honorer sa mémoire », explique Aurore Courtois.

En français, « live for good » signifie à la fois « vivre pour toujours » et « vivre pour le bien ». « J'ai grandi aux Etats-Unis, où la culture philanthropique est beaucoup plus présente qu'en France, donc je suis attachée à cette philosophie. » Diplômée d'HEC en 2016, s'occupe bénévolement « de la communication, de la création de l'identité et de la conception de la plateforme » de Live for Good. En parallèle, elle travaille depuis 2017 pour 24Sèvres, le site e-commerce de LVMH.

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FATIMA BELLAREDJ
Déléguée générale Confédération générale des Scop

Au cœur de l'économie sociale

Depuis octobre 2018, elle se partage entre Montpellier, où elle vit, et Paris où elle a pris les fonctions de déléguée générale de la Confédération générale des Scop. Fatima Bellaredj carbure aux valeurs humanistes : soutien scolaire dans les quartiers défavorisés, bénévole au Planning familial, elle est de celles qui défendent la parité et l'éducation populaire. Son « dada », c'est l'innovation sociale. Diplômée en sciences économiques et sociales, elle fait ses armes dans un laboratoire de recherche puis dans un bureau d'études en évaluation des politiques publiques.

Arrivée du Nord à Montpellier en 1999, elle est, en 2007, la cheville ouvrière de l'incubateur d'entreprises en innovation sociale, Alter'Incub, dispositif alors inédit en France, et qui, depuis, a fait des petits sur l'Hexagone. Celle dont la devise est « ensemble, c'est mieux » prend la direction de l'Union régionale des sociétés coopératives et participatives (URSCOP) Languedoc-Roussillon en janvier 2014. En octobre 2018, elle passe le relais pour grimper à l'échelon national.

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MISOO YOON
Directrice générale adjointe Pôle Emploi

Elle promeut le digital pour le retour à l'emploi

Misoo Yoon est diplômée de l'Institut national des études territoriales (INET) et de l'Institut d'études politiques d'Aix-en-Provence. De 2005 à 2009, elle a exercé les fonctions de directrice des finances et du développement économique de la ville de Montreuil. Puis elle a été nommée en 2009 inspectrice des finances.

En juin 2012, elle rejoint Pôle Emploi en qualité de directrice de la stratégie puis directrice du pilotage et de la performance avant d'être nommée directrice générale adjointe en charge de l'offre de services. En juillet 2015, elle participe activement au lancement de la plateforme numérique de services Emploi Store. La directrice générale adjointe de Pôle Emploi a la conviction qu'il faut « investir aussi bien sur le champ du service par un conseiller que via des services digitaux » tout en ajoutant que « l'innovation numérique pourrait favoriser le retour à l'emploi ».

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SALWA TOKO
Présidente Conseil national du numérique (CNNum)

Elle promeut le numérique pour le retour à l'emploi

Inconnue propulsée sur le devant de la scène par le secrétaire d'État au Numérique, Mounir Mahjoubi, Salwa Toko est le nouveau visage du Conseil national du numérique (CNNum), dont elle a pris la présidence en juin 2018. La mission de cet organe consultatif, créé par Nicolas Sarkozy en 2011, est de réfléchir sur les enjeux technologiques et d'aiguiller la politique du gouvernement. Âgée de 43 ans, Salwa Toko a des origines marocaines et béninoises, a grandi au Mali jusqu'au collège avant de finir sa scolarité en France. Elle s'est faite connaître pour son engagement en faveur de l'inclusion des femmes dans le milieu très masculin de la tech. En 2014, elle fonde Wifilles, un programme piloté par la fondation Agir contre l'exclusion (FACE) de Seine-Saint-Denis, où Salwa Toko est alors salariée. Au rythme d'une promotion par an, la structure a permis à plus d'une centaine de collégiennes et de lycéennes de Seine-Saint-Denis de bénéficier d'une formation gratuite aux outils numériques. Encouragée par ce succès, Salwa Toko a fondé en 2018 Becomtech, une autre edTech (startup dans l'éducation) pour étendre l'action de WiFilles et élargir son public aux étudiantes post-Bac. L'objectif : sensibiliser les filles au code pour lever les freins, y compris psychologiques, à l'entrepreneuriat féminin.

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