Colère des gérants d'auto-écoles : ils dénoncent "l'ubérisation" en marche de leur métier

Par AFP  |   |  519  mots
(Crédits : Reuters)
Les auto-écoles se mobilisent ce lundi 11 février pour défendre leur travail de "proximité", gage de la "qualité" de l'enseignement du permis de conduire, alors qu'un rapport parlementaire pourrait menacer, selon elles, leur réseau au profit des plateformes en ligne.

Les patrons d'auto-écoles sont en colère. Ce lundi 11 février, ces derniers ont débuté leurs opérations escargots en région parisienne pour protester contre une "ubération" du permis de conduire, menacé, selon eux, par un rapport parlementaire qui pourrait favoriser les plateformes en ligne. Ces dernières mettent en relation des élèves et des moniteurs exerçant sous le statut d'auto-entrepreneur.

À Paris, "une centaine" de voitures-écoles se sont réunies à partir de 6h30 porte d'Auteuil, selon Patrice Bessone, président du CNPA-Education routière, syndicat majoritaire parmi les 10.000 auto-écoles (40.000 salariés).

D'autres rassemblements sont prévus porte de Vincennes, de Clignancourt et d'Orléans et les différents cortèges doivent s'élancer vers 8h30 pour une opération escargot sur le périphérique parisien, qui ralliera la place d'Italie.

Des manifestations similaires sont également prévues dans d'autres villes (Bordeaux, Marseille, Nice...).

Défendre la "proximité" et la "qualité" du permis

Les trois organisations de la profession (CNPA, Unidec, Unic) sont vent debout contre le rapport de la députée du Gard (LREM) Françoise Dumas, remis au Premier ministre vendredi et qui n'a pas encore été rendu public. Elles s'étaient déjà alarmées en novembre des déclarations d'Emmanuel Macron annonçant une "baisse drastique" du coût du permis.

Les syndicats redoutent une "ubérisation" de leur métier avec un agrément qui deviendrait national et abandonnerait l'obligation d'avoir un local. De quoi favoriser les plateformes en ligne, qui emploient des moniteurs auto-entrepreneurs.

« On veut nous imposer un système hors-sol », a expliqué à l'AFP M. Bessone, qui craint « une baisse de la qualité du permis et un plus grand nombre d'accidentés et de morts sur la route ».

« On ne veut pas que la formation au permis de conduire soit associée à des formations low cost. On n'est pas contre les nouveaux arrivants mais tout le monde doit être soumis aux mêmes règles », abonde le président de l'Unidec, Patrick Mirouse.

Avec cette réforme, « il y aura aussi moins de proximité avec les moniteurs et moins de maillage territorial », ajoute M. Bessone. « Pour les jeunes dans les villages dont le permis est le passeport vers l'emploi, ça va devenir compliqué. »

Pour réduire la facture, l'option "candidat libre" de l'exécutif

Les auto-écoles craignent également une généralisation des inscriptions à l'examen par l'élève lui-même, en candidat libre.

« Ce ne sera pas forcément moins cher », selon M. Bessonne. « Si l'élève s'inscrit quand il le souhaite avec une plateforme en ligne et qu'il rate son examen, il va devoir reprendre des heures. »

Pour financer un "permis à zéro euro", il propose « d'affecter la recette des radars au permis de conduire ».

Les syndicats suggèrent également d'autres pistes pour faire baisser le prix - 1.800 euros en moyenne selon l'UFC-Que Choisir en 2016 -, du papier rose : une baisse de la TVA, le développement de cours collectifs et des simulateurs de conduite, une meilleure orientation vers les dispositifs d'aide (compte personnel de formation, permis à un euro...).