Dégradation du déficit public : il faudra « compléter » l'effort budgétaire, prévient Emmanuel Macron

Par latribune.fr  |   |  735  mots
« Il faudra qualifier la magnitude de l'ajustement qu'il faut faire et il faudra ensuite le compléter dans toutes les actions utiles de la dépense publique », a déclaré Emmanuel Macron ce vendredi. (Crédits : Reuters)
Que faire face au dérapage annoncé du déficit public, qui grimpera selon le gouvernement « significativement » au-dessus des 4,9% du PIB (Produit intérieur brut) initialement attendus en 2023 ? Pour le chef de l'Etat, il faudra aller chercher dans toutes les dépenses, y compris sociales ou encore celles des collectivités.

Serait-ce le temps de la rigueur ? Si le ministre de l'Economie a fermé la porte au serrage de ceinture en pleine période d'inflation, dans le même temps, Bruno Le Maire a aussi exclu le « laisser-aller » sur la dépense publique.

« La responsabilité, ce n'est ni l'austérité, ni le laisser-aller », a insisté le locataire de Bercy sur BFM TV. « C'est tenir nos objectifs de finances publiques dans des circonstances qui sont plus difficiles », a-t-il poursuivi, réaffirmant l'ambition du gouvernement de ramener le déficit sous les 3% du PIB d'ici 2027, comme le demande la règle européenne.

Mais pour l'heure c'est bel et bien une dégradation de ce dernier qui a été annoncée. La veille, le ministre délégué chargé des Comptes publics Thomas Cazenave a, en effet, admis que le déficit public serait « supérieur à 5% » du PIB en 2023, un niveau « plus élevé » que l'objectif de 4,9% qui avait été fixé par le gouvernement. Pour rappel, le chiffre officiel du déficit de la France en 2023, publié par l'Insee, doit être dévoilé mardi matin. Dans la foulée des propos du ministre, un contrôle sénatorial au ministère des Finances a, ensuite, révélé que le gouvernement tablait sur une envolée du déficit public à 5,6% du PIB en 2023, 5,7% en 2024 et 5,9% en 2025. Des chiffres à prendre néanmoins avec « précaution » car calculés avant l'annonce d'un plan d'économies de 10 milliards d'euros en 2024 dans les dépenses de l'Etat.

Le gouvernement aura à « compléter » l'effort budgétaire

Car si Bruno Le Maire assure ne pas envisager d'« austérité », le gouvernement aura à « compléter » l'effort budgétaire face à la « dégradation des finances publiques », a indiqué Emmanuel Macron ce vendredi qui s'exprimait à l'issue d'un sommet européen à Bruxelles.

« Le Premier ministre est totalement conscient, avec son gouvernement, de la situation et l'a prise à bras le corps dès le début avec de premiers choix pour réduire les dépenses » de dix milliards d'euros cette année, a dit le chef de l'État.

Il fait ainsi référence à l'annonce, le 18 février dernier, de Bruno Le Maire, d'un plan d'économie de 10 milliards d'euros en 2024 sur les dépenses de l'Etat. Il ne portera donc « pas sur les Français », mais sur bien les « dépenses de l'Etat » : 5 milliards sur les dépenses de fonctionnement de tous les ministères et 5 milliards sur d'autres secteurs comme l'aide publique au développement (un peu moins d'un milliard), MaPrimeRénov' (1 milliard), des opérateurs de l'Etat comme Business France ou France Compétences (1 milliard). « Ce n'est pas la Sécurité sociale qu'on va toucher, ce n'est pas les collectivités locales qu'on va toucher », avait ainsi insisté Bruno Le Maire.

20 milliards d'économies supplémentaires en 2025

« Il faudra qualifier la magnitude de l'ajustement qu'il faut faire et il faudra ensuite le compléter dans toutes les actions utiles de la dépense publique », a complété Emmanuel Macron ce vendredi. Et d'ajouter qu'« il faut voir la magnitude, la raison de ce dérapage et voir derrière d'où il vient et donc qui y contribue ».

« La dépense publique n'est pas faite que la dépense d'État », a-t-il ajouté, visant sans les nommer les collectivités locales et les dépenses sociales comme l'assurance-chômage, dont il a déjà dit devant ses troupes qu'elles devraient contribuer à l'effort.

En effet, au-delà du plan de 10 milliards d'euros qui concerne donc les dépenses de l'Etat, un autre est prévu cette fois pour 2025 afin de dégager 20 milliards d'économies supplémentaires en 2025. Cette fois, en faisant cette fois contribuer à l'effort les collectivités locales et les administrations de sécurité sociale.

« Compte tenu des résultats 2023 et de la révision de nos prévisions de croissance pour 2024, je dois vous le dire en transparence : pour construire le budget de l'an prochain et pour tenir notre objectif de ramener le déficit sous 3% d'ici 2027 [...] nous devons porter notre effort de 12 à 20 milliards d'euros d'économies supplémentaires pour l'année 2025 », a ainsi expliqué Thomas Cazenave.

Enfin, Emmanuel Macron a assuré ce vendredi vouloir garder notre bonne dépense en faveur des investissements d'avenir, tout en confirmant les objectifs d'un début de réduction de la dette publique en 2026 et d'un déficit public sous la barre des 3% du PIB en 2027.

(Avec AFP)