Déplacement de Macron à Las Vegas : une information judiciaire ouverte pour favoritisme

Par latribune.fr  |   |  406  mots
Au centre de l'affaire : une soirée le 6 janvier 2016 à Las Vegas, au CES lors de laquelle Emmanuel Macron avait rencontré des dirigeants de startups françaises.
Des juges d'instruction vont enquêter sur des soupçons de favoritisme concernant l'organisation d'un déplacement d'Emmanuel Macron, en janvier 2016, lorsqu'il était ministre de l'Economie, à Las Vegas.

Le parquet de Paris a ouvert vendredi une information judiciaire pour favoritisme pour l'organisation d'une soirée de promotion de la "French Tech", organisée début 2016 à Las Vegas, en présence d'Emmanuel Macron, alors ministre de l'Economie.

L'enquête préliminaire avait été ouverte le 13 mars dernier après le signalement de l'inspection générale des finances (IGF). L'office central de lutte contre la corruption et les infractions financières et fiscales (OCLCIFF) s'était alors emparée du dossier. Au centre de l'affaire: la soirée le 6 janvier 2016 à Las Vegas, en plein Consumer Electronics Show (CES), salon international de l'innovation technologique, durant lequel Emmanuel Macron avait rencontré des dirigeants de startups françaises.

L'établissement public chargé de promouvoir la France auprès des investisseurs étrangers, Business France, alors dirigée par Muriel Pénicaud, actuelle ministre du Travail, avait demandé à Havas d'organiser cette soirée.

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"La mise en concurrence n'a pas eu lieu concomitamment entre les trois prestataires contactés", Havas, Apco et Publicis, écrit le cabinet E&Y dans un audit rendu en juillet 2016, d'après une source proche du dossier.

Révélé par Libération, cet audit relève aussi le fait qu'il n'y a eu "aucun bon de commande, aucun devis réalisé, aucun contrat signé, aucune facture", une situation susceptible "d'engager la responsabilité pénale des auteurs".

La ministre du Travail, Muriel Pénicaud, citée dans l'enquête

Muriel Pénicaud est soupçonnée d'avoir été informée en amont de dysfonctionnements. Mais aussi, d'avoir tardé à informer son conseil d'administration du rapport rendu par E&Y et d'en avoir présenté une synthèse tronquée.

L'ouverture de cette information judiciaire rend désormais envisageable l'option d'une mise en examen de Muriel Pénicaud sous condition que les juges d'instruction réunissent des "indices graves ou concordants" à son encontre. Le porte-parole du gouvernement, Christophe Castaner a rappelé mardi à Europe 1 que Muriel Pénicaud devrait quitter ses fonctions si elle était mise en examen dans ce dossier.

L'enquête porte aussi sur le rôle qu'auraient pu jouer certains membres du cabinet d'Emmanuel Macron à Bercy. Emmanuel Macron et son cabinet "sont totalement hors de cause", avait assuré le 8 mars le ministre des Finances Michel Sapin après les premières révélations du Canard enchaîné sur la soirée controversée.

(avec agences)