Statut des fonctionnaires : Hollande recadre Macron

Par latribune.fr  |   |  520  mots
Fin août, Emmanuel Macron avait remis en cause les 35 heures.
Vendredi, le ministre de l’Économie a jugé que le statut de la fonction publique n'est plus "adéquat" car plus "adapté au monde" tel qu'il s'oriente. Une déclaration aussitôt contestée par François Hollande qui a rappelé son attachement à ce statut.

Article publié le 18 septembre à 19:05, réactualisé le 19 septembre à 10h20

Le trublion du gouvernement récidive. Après la remise en cause des 35 heures, une nouvelle bombe a été lâchée par Emmanuel Macron. Invité le matin du vendredi 18 septembre par le think tank "En temps réel", qui travaille notamment sur les nouvelles mutations de la société française, le ministre de l'Economie a estimé que le statut de la fonction publique n'était "plus justifiable".

Ce statut n'est "plus adapté au monde tel qu'il va" et, "surtout, n'est plus justifiable compte tenu des missions", a ainsi déclaré Emmanuel Macron, selon des propos rapportés vendredi par Les Echos.

Hollande à la rescousse des fonctionnaires...

Le nouveau dérapage du ministre a été aussitôt recadré par le chef de l'Etat en déplacement dans son fief corrézien de Tulle. Il a ainsi profité d'une remise de décorations à la préfecture de Corrèze pour se lancer dans l'éloge de ce statut, et éteindre l'incendie :

"être fonctionnaire, ce n'est pas être dans une position figée, ce n'est pas refuser la modernité, être fonctionnaire, c'est, au contraire, être toujours capable d'anticiper, de prévoir et de servir".

"Et c'est la raison pour laquelle le fonctionnaire a des droits, le statut, et a des devoirs et qu'il doit en permanence s'adapter, évoluer et être capable d'être au meilleur pour être au service du public", a ainsi poursuivi le président de la République.

En décorant un fonctionnaire de l'Ordre national du mérite, le chef de l'Etat a loué en lui "un fonctionnaire d'Etat, un fonctionnaire attaché à son département de la Corrèze et, comme je le suis, attaché à son statut". Dont acte.

 ...Et Macron fait marche arrière

En fin de journée, le ministre trublion a tenté de minimiser la portée de ses propos :"à aucun moment je n'ai parlé d'une réforme du statut de la fonction publique que le gouvernement envisagerait", a assuré Emmanuel Macron auprès de l'AFP.

Ce "statut n'est pas remis en cause", a-t-il déclaré en ajoutant: "les propos partiels rapportés donnent une vision déformée de ma pensée".

Ce samedi, en marge des Journées du patrimoine à Bercy, le patron des lieux a prévenu les journalistes qu'il ne tomberait "ni dans la langue de bois ni dans la provocation" en ce qui concerne le débat sur le statut de fonctionnaire.

Interrogation sur les missions de l'État français

Vendredi, à l'occasion de la rencontre organisée par le think tank, Emmanuel Macron a également réagi sur le sujet de la réforme de l'Etat. Selon lui, il serait très difficile de réduire davantage les dépenses publiques sans s'interroger sur les missions de l'Etat français.

Des propos qui suivent ceux formulés cet été en août, lors de l'université d'été du Medef, Emmanuel Macron avait alors estimé que la France serait capable de ramener sa dépense publique à 50% du produit intérieur brut (PIB) en 2022 contre 55,4% prévus pour cette année.