En Nouvelle Calédonie, Macron face au dossier brûlant de l'indépendance

Par latribune.fr  |   |  577  mots
Emmanuel Macron lors d'un déplacement en Nouvelle Calédonie en 2018. (Crédits : Reuters)
Le chef de l'Etat doit effectuer un déplacement de plusieurs jours dans l'Océan Pacifique avant la trêve estivale du mois d'août. Lors de sa première étape en Nouvelle Calédonie, Emmanuel Macron devrait rencontrer indépendantistes et non indépendantistes pour tenter de trouver un terrain d'entente sur ce territoire déchiré par des inégalités persistantes et le fléau de la pauvreté.

Après l'interminable remaniement, Emmanuel Macron est attendu lundi soir en Nouvelle-Calédonie où il va tenter de convaincre indépendantistes et non-indépendantistes de surmonter les "fractures" institutionnelles pour se "rassembler" autour des "défis du XXIe siècle" comme l'environnement ou le développement économique.

Il passera 48 heures dans l'archipel d'outremer au début d'une tournée qui verra pour la première fois un président de la République visiter des îles non françaises du Pacifique, au Vanuatu et en Papouasie-Nouvelle-Guinée. Ce voyage au bout du monde va ponctuer une séquence très politique dans l'Hexagone, abordée par le chef de l'Etat comme à contre-coeur et qui a débouché sur une remaniement ministériel à minima. Emmanuel Macron s'en expliquera encore depuis Nouméa lundi, en donnant une interview aux JT de 13H de TF1 et France 2.

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Impasse institutionnelle

La question, qui déchire partisans et opposants à l'indépendance, sera au cœur de la visite d'Emmanuel Macron en Nouvelle-Calédonie, de lundi à mercredi. Programmés par l'accord de Nouméa sur l'autonomie signé en 1998, trois référendums successifs ont rejeté l'indépendance du territoire français du Pacifique.

Mais la dernière de ces consultations organisée en décembre 2021 au sortir de la pandémie de Covid, est vivement contestée par les indépendantistes du Front de libération nationale kanak et socialiste (FLNKS), qui l'avaient boycottée faute d'avoir obtenu son report.

Le gouvernement a depuis réussi à relancer le dialogue sur l'avenir institutionnel de l'archipel mais n'a pas encore réussi à asseoir à la même table loyalistes et indépendantistes.

Un modèle économique à bout de souffle

Outre ces questions politiques, la parole présidentielle sera également scrutée sur le front économique. En juin dernier, Louis Mapou, le président de la Nouvelle-Calédonie (un des responsables du Palika, parti membre du FLNKS), s'est inquiété du modèle économique "à bout de souffle" de la Nouvelle-Calédonie, dans un contexte de finances publiques extrêmement contraintes, de fortes inégalités et de progression de la pauvreté.

Avec un taux d'endettement dépassant les 200%, le territoire est "sur la voie d'une cessation de paiements", a insisté récemment auprès de l'AFP Yannick Slamet, le membre du gouvernement en charge du budget, le 3 juillet.

"L'enjeu, dans cette vision de la Nouvelle-Calédonie française dans le Pacifique, est de savoir comment l'Etat nous accompagne dans une relance économique pour rendre la Nouvelle-Calédonie plus attirante et pour sortir de la noyade dans laquelle on est aujourd'hui", abonde le loyaliste Gil Brial. La visite du chef de l'Etat, qui se rendra également au Vanuatu et en Papouasie-Nouvelle-Guinée voisines, prendra également une dimension géopolitique, dans une vaste zone dite "Indopacifique" allant des côtes est-africaines aux côtes ouest-américaines, où Emmanuel Macron entend faire de la France une "puissance d'équilibre" entre Chine et Etats-Unis. "L'axe Indopacifique, c'est un concept qui n'a pas concrètement été décliné", estime Gil Brial.

"Nous avons le discours du Théâtre de l'Ile (lors de la première visite du président en mai 2018) mais cela ne va pas beaucoup plus loin", poursuit le loyaliste. "Comment sommes-nous intégrés dans ce développement ? Comment la Nouvelle-Calédonie peut devenir le porte-avion de la politique française dans le Pacifique ?"

(Avec AFP)