François Fillon s'excuse et reste candidat à la présidentielle

Par latribune.fr  |   |  830  mots
François Fillon s'est exprimé au sujet de l'emploi de sa femme et de deux de ses enfants en tant qu'assistants parlementaires.
François Fillon a présenté lundi ses excuses aux Français lors d'une conférence de presse très attendue et a réaffirmé qu'il reste le candidat de la droite et du centre.

>>> Papier du 6 février 2017 à 9h10 mis à jour à 18 heures.

Pas question de renoncer. François Fillon, mis en cause avec son épouse Pénélope et deux de ses enfants dans une affaire d'emplois présumés fictifs, devrait contre-attaquer ce lundi, via une prise de parole solennelle. L'information a été communiquée aux Echos via l'entourage du candidat à la présidentielle.

"Ce sera un moment de gravité devant les Français, de responsabilité, de transparence, d'explication des faits, de la légalité de tout ce qu'il a fait", a expliqué la source au quotidien. "Ce sera aussi un message guerrier sur sa détermination, sur le pourquoi on s'en prend à lui maintenant." Un membre de l'équipe de François Fillon a déclaré à Reuters que l'intervention "pourrait se dérouler à la télévision et être complétée par une expression écrite."

Recoller les morceaux

Cette décision est tout sauf le fruit du hasard. Via un sondage Ifop, le Journal du Dimanche affirmait hier que 68% des Français ne voulaient plus que François Fillon demeure candidat. En outre, seulement 23% le jugent honnête : un véritable désaveu pour celui dont la campagne est axée en partie sur la probité et l'exemplarité.

En plus de l'opinion publique, François Fillon va aussi tenter de recoller les morceaux dans son propre camp. Le député sarkozyste Georges Fenech, via une pétition, exige son remplacement. Philippe Gosselin, proche de Juppé, affirme quant à lui que le maire de Bordeaux peut être un recours. Mais Alain Juppé s'est défendu lundi de toute ambition présidentielle via un tweet, se rangeant derrière François Fillon:

Dernière banderille reçue par François Fillon, celle lancée par Gérard Larcher. Selon l'Obs', le président du Sénat - qui a démenti l'information - aurait affirmé en substance que "François Fillon, c'est fini". L'opération de communication programmée ce lundi a toutes les allures d'une ultime tentative pour redonner du crédit à l'ancien Premier ministre.

Soupçon de trafic d'influence

Mais cela suffira-t-il ? Le Monde apporte ce lundi de nouvelles révélations sur l'enquête en cours, qui fragilisent la défense. Selon le quotidien du soir (lien abonné), les enfants de François Fillon avaient des missions précises...mais qui ne relevaient pas du travail d'attaché parlementaire. Marie Fillon aurait ainsi été salariée pour aider son père à écrire son livre La France peut supporter la vérité. Quand à l'aîné, Charles Fillon, il aurait en fait travaillé pour la campagne présidentielle de Nicolas Sarkozy en 2007, une activité "pénalement répréhensible" souligne le Monde.

Enfin, les enquêteurs s'intéressent à un possible trafic d'influence suite à l'embauche de Pénélope Fillon à la Revue des deux mondes. En décembre 2010, son propriétaire, Marc Ladreit de Lacharrière, avait été élevé grand-croix dans l'ordre de la Légion d'Honneur, suite à un rapport favorable de...François Fillon. Deux ans plus tard, il embauchait la femme du Premier ministre de l'époque.

Lire aussi : Fillon serait éliminé au premier tour de la présidentielle (sondage)

« Rien ne me fera changer d'avis,...
je suis candidat à l'élection présidentielle »

Lors de la conférence de presse (disponible en audio ci-dessous), François Fillon a réaffirmé qu'il "reste le candidat de la droite et du centre". Il a présenté lundi ses excuses aux Français face aux interrogations liées aux travaux présumés fictifs de son épouse et de deux de ses enfants, tout en disant avoir agi en toute légalité et en excluant tout remboursement.

Déterminé à poursuivre sa course vers l'Elysée, la candidat de la droite et du centre à l'élection présidentielle a affirmé qu'une "nouvelle campagne commençait".

"Je comprends les interrogations, le besoin de clarifier les choses et je vais le faire", a-t-il déclaré dans un propos liminaire d'une vingtaine de minutes devant 200 journalistes réunis à son siège de campagne, à Paris.

L'ancien Premier ministre a notamment expliqué le rôle de son épouse Pénélope, "employée durant 15 ans comme collaboratrice pour lui-même et son suppléant pour 3.677 euros nets par mois", un "salaire parfaitement justifié".

François Fillon a reconnu qu'avoir fait travailler son épouse et ses enfants selon l'usage, certes légal, était une erreur.

"C'était une erreur je le regrette profondément et je présente mes excuses aux Français", a-t-il dit.

"S'il faut réformer le système alors réformons-le", a-t-il ajouté.

Dénonçant des "attaques d'une violence inouïe", François Fillon s'est dit déterminé à poursuivre sa campagne.

"Dès ce soir j'annonce que c'est une nouvelle campagne qui commence", a-t-il assuré.

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 (Avec Reuters)